Il point
dans "La Cantatrice chauve" avec la fiancée du pompier que, déjà, celui-ci
commence à oublier (cf. ionesco_cantatrice.htm#nec).
Il réapparaît
avec la Vieille des "Chaises",
et déjà, sous la forme de l'épouse-mère
(cf. ionesco_chaises.htm#ave à mettre en parallèle avec ionesco_valises.htm#cou de "L'Homme aux valises),
épouse-mère qui partage les illusions de son Vieux
d'époux, croyant ainsi l'aider à se réaliser,
ce qui les mènera tous deux au fiasco de la noyade finale
(cf. ionesco_chaises.htm#con).
Dans "Amédée
ou Comment s'en débarrasser", l'épouse, Madeleine,
échaudée par l'expérience précédente
? violemment agressive, refuse toute approche d'Amédée
et de ses rêves comme un viol (cf. ionesco_amedee.htm#tenebres).
Elle se replie sur elle-même et sur le cadavre de leur amour
qui ne cesse de s'accroître entre eux, attendant qu'il l'en
débarrasse (cf. ionesco_amedee.htm#att).
Amédée s'en tire par une pirouette et Madeleine lui
fait vertement savoir qu'il ne s'en sortira pas ainsi (cf. ionesco_amedee.htm#ler).
Dans "Victimes
du devoir", l'épouse-mère, une autre Madeleine,
cherche, sous la contrainte de la loi, et en obligeant Choubert
(son époux) à s'enfoncer dans ses souvenirs, à
le faire adhérer à la réalité (cf. ionesco_victimes.htm#adh, ionesco_victimes.htm#aut...).
Elle joue même le rôle de la mère de Choubert-Ionesco
pour lui rappeler qu'il doit pardonner au policier-père,
le père de l'auteur ayant été inspecteur de
la sûreté en Roumanie (cf. ionesco_victimes.htm#rev).
Nouvel échec.
Dans "Le
Nouveau Locataire", "Tueur
sans gages", "Rhinocéros" (ordre chronologique), l'épouse disparaît. Toutefois
Dany dans "Tueur sans gages" et Daisy dans "Rhinocéros" suscitent des sentiments amoureux chez Bérenger. Toutes deux
succomberont, la première à l'assassin et la seconde
à la rhinocérite (cf. ionesco_rhinoceros.htm#dai).
Aucune d'elle n'aura la force de tempérament et la permanence
de l'épouse-mère, qui lui font traverser l'oeuvre
du dramaturge. Faut-il voir en Dany et Daisy des compagnes de moments
sacrilèges de son mariage, dont il parle dans "Journal
en miettes" ?
"[...]
ma femme aquiesça, joua ce jeu sacré, et, obéissant à une
volonté, à une puissance qui les transcendaient, me lia à
elle, se lia à moi pour l'éternité. Elle n'a jamais essayé
de se démettre, n'a jamais connu un autre homme. Il m'est
arrivé de me démettre pour un moment ou pour plusieurs, mais
mes fuites étaient ressenties comme des sacrilèges."
(Journal en Miettes, Ionesco, Editions
Mercure de france, 1967, p. 181).
|
L'épouse
réapparaît en la personne de Joséphine, dans "Le
Piéton de l'air", elle est désespérée,
perdue, abandonnée au fond des ténèbres (cf. ionesco_pieton.htm#pen), mais
cette fois elle n'est plus seule, elle est mère et c'est par
Marthe, la fille que lui a donné Bérenger, que l'amour
va commencer d'éclairer l'oeuvre de Ionesco (cf. ionesco_pieton.htm#lam),
de 1962 à 1964...70.
Eugène
Ionesco épousa Rodica Burileanu le 8 juillet 1936, leur fille,
Marie-France, naîtra le 26 août 1944, elle aura 18 ans
en 1962.
L'amour de
l'épouse-mère revient avec Marie, dans "le
Roi se meurt", (cf. ionesco_roi.htm#inc),
mais ce n'est que la seconde épouse, à laquelle le roi
préfèrera, Marguerite, sa première femme, bien
qu'il la haïsse, parce qu'il la comprend.
A partir
de là, l'amour attentif et attendant, va s'épanouir,
s'enfler comme une vague, réunissant pour la première
fois, dans une même splendeur, Marie-Madeleine et Marthe, l'épouse-mère
et la fille, dans "La Soif et
la Faim", (cf. ionesco_soif.htm#lie),
avec toutefois cet avertissement annonciateur de "L'Homme
aux valises" (cf. ionesco_valises.htm#lamour)
en ionesco_soif.htm#con :
"- Marie-Madeleine
: Viens.
- Jean : Dans quelques instants ! Je ne peux pas tout de
suite. Je dois payer la nourriture. Je dois rembourser.
Ce ne sera pas long.
- Marie-Madeleine : Dépêche-toi. Les printemps
sont courts. Tu le sais bien. Ils reviennent, ils reviennent.
C'est certain. Mais c'est triste de les attendre."
(La Soif et la Faim, Ionesco,
Ed. Gallimard, Théâtre IV, 1966, p.168).
|
mais aussi cette certitude
:
"- Marie-Madeleine
: Nous attendrons, nous attendrons. Je t'attendrai tout
le temps qu'il faudra, je t'attendrai infiniment.
Le choeur continue : un, sept, trois, six,
neuf, huit, un, sept, trois, six, neuf, huit. La prononciation
des derniers chiffres est accompagnée d'une ou de
plusieurs cloches qui se mettent à sonner les heures.
Rythme accru, rapide, saccadé du service de Jean."
(Id., p. 173).
|
Cette "vague
d'amour" va venir se résoudre, s'étaler, dans "Jeux
de massacre", réunissant le Vieux à la Vieille,
mais seulement au moment de la mort de celle-ci, pour une seule et
unique fois dans toute cette oeuvre, puisqu'après, Agnès
sera violemment rejetée dans "Ce
formidable bordel !" (cf. ionesco_bordel.htm#lep)
- l'illumination Zen étant perçue, par la même
occasion, comme une mystification, une farce, une blague, un "formidable
bordel !" (cf. ionesco_bordel.htm#lepers)
-. Quant à l'épouse-mère, la Femme, de "L'Homme
aux valises", dénudée et sale, elle aura beau
le faire pleurer de remords, elle ne l'empêchera pas de continuer
son rêve (cf. ionesco_valises.htm#lamour).
|
Comme on le voit, l'amour
n'est incarné, chez Ionesco, que par une catégorie de
femmes : Celles qui jouent le rôle d'épouse-mère
et de fille du personnage central, l'épouse-mère correspondant,
comme on le découvre au fil de l'oeuvre à partir de "Victimes du devoir",
à Rodica, épouse de l'auteur, investie de ce pouvoir
par Thérèse Ipcar, mère de Ionesco. Le personnage
principal de chaque pièce correspond, lui, à ce dernier,
qui eut également, comme, notamment, Bérenger dans "Le
Piéton de l'air" et Jean dans "La
Soif et la Faim"... une fille, Marie-France.
Dans "Ce formidable bordel
!", Agnès a espéré pouvoir jouer le
rôle d'épouse-mère avec le Personnage, mais en
vain.
|