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Mardi, 23 avril 2013

 

 

Monsieur le Fondateur de Marianne,


C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai suivi vos interventions, lors du Grand Débat d’Europe 1 Soir du 18.04.2013, animé par Nicolas POINCARE, avec

vous-même,
Alexandre KARA, chef du service politique d’Europe 1,
Catherine NAY, d’Europe 1.

Le thème était : "Ce soir, on refait le premier tour de la présidentielle"
(suite à un sondage donnant 22% à Marine Le Pen et François Hollande et 30% à Nicolas Sarkozy, dans le cas d'une élection refaite).

De ce que vous avez dit, j'ai retenu :

la nécessité de sortir du choix entre les deux faillites que sont, pour vous, Nicolas Sarkozy et François Hollande :

JFK : Il y a un moment, où il va falloir sortir dans ce choix incroyable entre deux faillites, entre deux désastres, si la France continue à n’avoir le choix qu’entre une première faillite, une deuxième faillite, un premier désastre, un deuxième désastre, échanger un désastre contre un désastre, une faillite contre une faillite, et peut-être après on aura Sarko, puis, peut-être, pourquoi  pas Hollande après Sarko, mais la France va en crever, mais la France va en mourir…

avec une mise en question de la bipolarité droite - gauche :

JFK : Votre discours, qui consiste que vous ne voulez pas entendre, vous ne voulez pas écouter, vous diabolisez tous ceux qui veulent en sortir, vous refusez qu’on imagine autre chose, vous voulez rester toujours dans la même bipolarité, c’est ça qui fait le salut du Front National. (...) C'est insupportable.

en soulignant qu'il ne suffit pas de changer de pratiques politiques, la crise n'étant pas qu'économique, mais aussi sociale et civilisationnelle :

JFK : Ce n’est pas que deux pratiques politiques (…), ça va plus loin (si ce n’était que deux pratiques politiques, on ne serait pas en crise, entre nous. On serait en petite crise.) (…) Nous avons une crise de civilisation, nous avons une crise sociale, nous avons une crise économique (…) Tout le monde le sent bien, et qu’on a besoin, qu’on soit d’accord ou pas, d’ailleurs, que ça corresponde à ce qu’on pense ou pas, on a besoin qu’on nous propose vraiment quelque chose pour l’avenir...

sans, pour autant, chercher, nécessairement, du hors-système, mais d'autres gens (sans exclure, non plus, ce hors système) :

AK : Je l’entends, mais ces propositions peuvent venir de la droite traditionnelle et de la gauche traditionnelle. JFK : Mais je n’ai pas dit le contraire… AK : C’est juste ce que je veux dire. On n’est pas forcés d’aller chercher du hors-système... JFK : mais d’autres gens. On n’est pas obligés, non plus de diaboliser leur système, mais vous avez raison, on n’est pas obligés de chercher du hors-système.

quant à nous, les Français, vous commencez par nous rendre responsables du désastre :

JFK : Il y a un moment où il faut inventer autre chose, il faut imaginer autre chose, il faut sortir de tout cela. CN : Mais alors avec qui ? JFK : Eh bien alors là, tous les Français sont responsables. Alors là, entre nous, que les Français ne se plaignent pas. D’accord, ils ont foutu Hollande, ils vont mettre Sarkozy, et Hollande, alors qu’ils la ferment, après, qu’ils ne nous disent plus (…) : « Ca va mal, c’est terrible ! » C’est eux qui choisissent les mecs du deuxième tour et c’est des désastres. Donc ils sont responsables… (Rire).

en reconnaissant, toutefois, la nécessité de nous proposer autre chose :

JFK : si le choix doit rester entre des Sarkozy ou des Sarkozy bis, des Hollande et des Hollande bis, si on ne leur propose pas quelque chose d’autre, quelque chose qui les porte, quelque chose qui ouvre un horizon, alors vous avez totalement raison : ça explique Marine Le Pen à 22 %, et à 24, et à 25 et à 30… Voilà ! Donc il faut s’en sortir.).

pour finalement nous lancer ce que je nommerai votre "appel du 18 avril" :

JFK : « les Français, vous devez participer, vous êtes patriotes, il faut ressusciter le patriotisme, la patrie est en danger, qu’est-ce que vous pouvez faire ? » Faute de pouvoir faire cela, il n’y aura que des gens qui se plaignent...

En résumé, vous attendez de nous, qu'on propose "quelque chose qui mobilise et enthousiasme", qui "transforme, pas ce système, ce modèle", qui "l'humanise", quelque chose qui "porte", qui "ouvre un horizon", sans qu'on sorte nécessairement du système, ou plutôt du modèle, que vous soyez d'accord ou pas :

JFK : Nous avons une crise de civilisation, nous avons une crise sociale, nous avons une crise économique (…) Tout le monde le sent bien, et qu’on a besoin, qu’on soit d’accord ou pas, d’ailleurs, que ça corresponde à ce qu’on pense ou pas, on a besoin qu’on nous propose vraiment quelque chose pour l’avenir.

C'est pourquoi, je me permets de prendre le clavier, pour répondre, pour ma modeste part, à ce que vous demandez, en vous présentant un point de vue, qui, je l'espère pourra être une pierre dans l'édifice de la reconstruction...

Quand je regarde notre pays, je vois un "descenseur" à la descente de moins en moins maîtrisée, avec une opposition droite - gauche, que les protagonistes, gaspillant leur énergie, ne parviennent pas à dépasser, car le système n'est pas prévu pour cela. Si ça l'était, tout commencerait à s'améliorer. C'est donc un problème à résoudre.

Remarquons, tout d'abord, que, politiquement, les trois couleurs de notre drapeau ont généralement la signification suivante : le bleu est la couleur de la droite conservatrice, le blanc celle de la monarchie, et le rouge, adouci en rose pour le PS depuis François Mitterrand, celle de la gauche.

Curieusement, à la tripolarité du drapeau correspond une bipolarité de la politique, comme si notre système républicain, qui n'assume pas les trois couleurs de son drapeau, n'était pas allé au bout de sa Révolution. Or, il est tout à fait possible, de mener le système au bout de sa logique tricolore. Prenons les évènements à la source :

Il y eut l'apogée de la monarchie avec l'absolutisme de Louis XIV,
une pensée unique censée diriger et coiffer la vie politique et sociale.

A la Révolution, dépassant d'une tête le roi décapité, droite et gauche engloutirent le pouvoir royal affaibli.

Ce fut la naissance de notre actuelle bipolarité politique : le blanc royal ne resta que sur le drapeau entre bleu conservateur et rouge révolutionnaire.
Et depuis : Rien ! ou plutôt : deux échecs fort intéressants :
le tripartisme gaullien à la Libération
et l'ouverture sarkozyenne.

Louis XVI est un sujet tabou pour la République, qui l'a laissé en plan, depuis son exécution, ne gardant, comme en suspens, que le blanc de son drapeau.

Personnellement, je me suis beaucoup intéressé à la possibilité d'existence du personnage que Nostradamus nomme Chyren, et qui serait le descendant d'un Louis XVII, fils de Louis XVI, non mort au Temple (deux pistes sérieuses sont à l'étude actuellement). Mais il n'y a pas que la possibilité de cette hypothétique descendance biologique, il y a aussi celle d'une descendance spirituelle, qui a pu hériter de l'esprit de ce roi, souhaitant réunir les Français par-delà leurs divisions.

La question devient alors de donner un sens au blanc de notre drapeau, un sens qui permette au bleu et au rouge de dépasser leur opposition pour s'ouvrir en s'élevant, et d'inverser la pyramide à l'endroit fermée de l'absolutisme monarchique. Une pyramide inversée, fille de cette pyramide à l'endroit dont notre actuelle Vème République ne parvient pas à se libérer après plus de deux siècles, qui ne serait pas une sortie, mais un aboutissement, du système.

C'est ce que j'ai fait avec Scriptoral où le roi, plus haut personnage de la société, en devient le coordinateur à la position la plus basse.

>>>

Ce que je nomme Scriptoral, c'est donc un système de coordination (le blanc) des formes d'esprit opposées :

de composition-interprétation (le bleu), fonctionnant en élévation,
de destruction-transformation improvisatrice (le rouge), fonctionnant en ouverture, où il ne faut pas s'inquiéter pour la destruction, car elle s'applique à des copies et non aux originaux.

Né de la pyramide à l'endroit, qui se ferme en s'élevant, Scriptoral débouche sur une pyramide inversée qui, elle, présente l'immense avantage de s'ouvrir en s'élevant.

Sa date de naissance : vers 1990, à une époque où j'eus la surprise de retrouver une pyramide inversée dans le plafond de la cathédrale Saint Corbinien d'Evry et sous la pyramide du Louvre.

Sa particularité par rapport aux deux pyramides inversées précédentes : il donne le chemin du passage de la pyramide à l'endroit (la composition, le pouvoir monarchique absolu fermé) à la pyramide inversée (le pouvoir de l'avenir ?)

Sa genèse : il est né de l'exposition Chromophonie scriptorale, sorte de psychanalyse musico-picturo-poétique, en soixante tableau, du rapport des formes d'esprit de composition-interprétation / destruction-transformation improvisatrice, réalisée en collaboration avec le compositeur-improvisateur-peintre-sculpteur Yochk'o Seffer. Ce dernier me donna le premier cycle de quatre pyramides, sans penser à aller plus loin, je n'eus plus qu'à continuer pour aboutir à Scriptoral.

Ses prolongements : des formes d'esprit se retrouvant dans :

la trimourti indoue : Brahma le Compositeur - Vishnu le Parfait Interprète / Shiva le Destructeur - Transformateur ;
l'enchaînement judéo-christiano/islamique (Cf. "Lettre ouverte à Frédéric Lenoir et à Marie Drucker sur Dieu") ;
la relation droite-centre / gauche plus ou moins révolutionnaire.

cela permet d'établir une liaison entre les univers artistique, laïque et religieux ;

Son mode de fonctionnement : je l'ai expérimenté artistiquement, entre autre avec des danseurs du CRR de Rennes, dans le ballet Impermanence et dans le DVD Les Dix-sept Saisons. Il suppose d'ajouter un troisième acteur qui permet de dépasser l'opposition, de l'ouvrir en l'élevant : le coordinateur (le blanc du drapeau). ce coordinateur présente l'originalité d'être en dessous des opposants, au point de départ de la pyramide inversée et non au-dessus. Ceci explique que les tentatives d'ouverture dominées de Charles de Gaulle et de Nicolas Sarkozy n'aient pu qu'être vouées à l'échec, alors qu'ils étaient des hommes de droite, c'est-à-dire d'élévation. L'ouverture ne peut pas être dominée.

Je n'ai donc une expérience de l'usage de Scriptoral que sur le plan artistique et aucune sur le plan politique. Mais comme il s'agit d'un rapport de formes d'esprit qui se retrouve en politique comme dans les arts, je ne vois pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas. Néanmoins, tout ce que je peux dire de l'application de Scriptoral à la politique est théorique et aussi éloigné de ce qu'il peut devenir à l'épreuve des faits que les avions inventés par Jules Verne de nos appareils actuels. L'idée de base était toutefois bonne.

Mais, puisque vous parlez d'imagination ("Il y a un moment où il faut inventer autre chose, il faut imaginer autre chose, il faut sortir de tout cela"), voici comment j'imagine le fonctionnement d'un gouvernement scriptoral. Ce serait, en fait, un gouvernement triple, comprenant :

un gouvernement d'Elévation (le bleu du drapeau), avec un nombre de ministres réduit (15 ?) et un Premier (ou Dernier ?) Ministre d'Elévation ;
une coordination (le blanc du drapeau) avec 15 (?) coordinateurs et un Premier (ou Dernier ?) Coordinateur ;
un gouvernement d'Ouverture (le rouge du drapeau), avec un nombre de ministres réduit (15 ?) et un Premier (ou Dernier ?) Ministre d'Ouverture.

Chacun des 15 (?) ministères aurait pour responsables un ministre d'élévation, un coordinateur et un ministre d'ouverture. Voilà ce que cela donnerait schématiquement :

Monsieur le Fondateur de Marianne, vous pouvez maintenant pleinement mesurer le risque que vous avez pris en nous demandant : « les Français, vous devez participer, vous êtes patriotes, il faut ressusciter le patriotisme, la patrie est en danger, qu’est-ce que vous pouvez faire ? »

En tous cas, merci pour cet appel.

Bien cordialement.

Alain BOUHEY.

P.S. : si je trouve leur contact, j'envoie cette page, en pièce jointe à Madame Catherine Nay et à Messieurs Nicolas Poincaré et Alexandre Kara. Elle sera en ligne sur mon site, à l'adresse : http://abouhey1.free.fr/l_o_jfk.htm#menu

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