(Avant toute chose,
il doit être bien entendu que cette lettre ne se prétend
pas Parole de Vérité,
mais base sincère de réflexion permettant de se situer
par rapport à elle
et étape dans une recherche "Scriptorale" qui trouva
son nom à Dakar, en 1976,
et qui ne demande qu'à s'approfondir par l'amélioration
de la connaissance d'autrui.)
Une des étapes de cet approfondissement fut, par exemple,
DOUALA A PARIS,
créé à Paris, salle Cortot, le 18.12.1997,
qui peut être écouté en guise de préambule :
DOUALA A PARIS
Conte musical scriptoral, racontant l'histoire d'un jeune camerounais nommé Douala,
qui quitte Sibongo, son village natal, pour "l'estomac parisien de la grande pieuvre blanche" : Paris.
Les blocs de celle-ci le repoussent jusqu'à ce qu'il trouve un chemin parmi eux...
Il associe les trois traditions :
tradition orale des griots africains, avec un trio de balafongs camerounais, des mandjans, dirigés par Bienvenu Nyounay ;
tradition écrite de composition-interprétation, Alain Bouhey et Bienvenu Nyounay, sont les co-auteurs du texte,
Jean-François Alexandre est le compositeur et le conducteur de la partition, jouée par l'Ensemble de Saxophones Français ;
tradition improvisée avec des sculptures sonores créées par Yochk'o Seffer, qui en dirige un trio.
Aussi écoutable sur YouTube
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Monsieur l'Artiste, Monsieur le Ministre,
Dénonçant personnellement la volonté d'intégration
comme une forme d'intégrisme depuis au moins 1991 (*),
je suis heureux de lire (TGV Magazine de septembre 2006, Monsieur
l'Artiste) et d'entendre (émission Europe I de début
octobre, Monsieur le Ministre), que des français issus
de l'immigration refusent enfin d'être considérés
par la France comme des êtres intégrables,
la rencontre des cultures et des civilisations étant une
rencontre de richesses dont aucune n'est réductible à
l'autre.
Notre pays est effectivement devenu la France des couleurs, comme
vous le dites, Monsieur l'Artiste, des couleurs qui constituent
son fabuleux trésor, mais aussi des couleurs parmi lesquelles
il a la sienne propre, qui se doit de montrer aux autres ce qu'elle
peut leur apporter d'unique, que nul ne connaît mieux qu'elle.
Dans la grande rencontre des civilisations judéo-chrétienne
et islamique que nous vivons actuellement, il importe que chacun
apprenne à gérer laïquement son héritage
spirituel (cf. ci-dessous), dans toute sa différence,
voire toute son opposition, pour trouver, par-delà cette
dernière, la complémentarité de l'une et
de l'autre, une complémentarité qui fera de leur
interaction le germe d'un monde nouveau, essence-même de
la Cité de Lumière.
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Pour ma part, je consacre ma vie à cette recherche et ma contribution
est le présent site. J'ai découvert que la différence
fondamentale entre nos livres sacrés (Bible-Evangiles / Coran)
correspondait à celle qui se trouve en musique (ma spécialité)
entre les formes d'esprit de composition-interprétation
et d'improvisation dans sa forme la plus radicale : la destruction-transformation
respectueuse. Cette différence se situe au niveau du rapport
à l'écrit : |
pour les premiers (Bible et Evangiles), l'inspiration jaillissante,
la source prophétique, doit être filtrée,
mise en question et l'écriture est le moyen de fixation
permettant comparaison et filtration. Le résultat est une
élévation qui rétrécit
le champ des possibles à la manière de la pyramide
à l'endroit ;
pour le second (Coran), le verbe prophétique doit être
intégralement respecté, l'écriture n'a qu'un
rôle de fixation de la totalité de la source jaillissante.
Le résultat est une ouverture totale du champ des
possibles, restant au niveau de l'expression première.
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La musique montre
la complémentarité de ces formes d'esprit opposées
et le très grand intérêt qu'il y a à les
relier, la destruction-transformation respectueuse métamorphosant
la composition-interprétation et offrant une nouvelle base
de construction pour une autre composition-interprétation,
laquelle devient l'objet d'une nouvelle destruction-transformation
respectueuse, sur laquelle la composition-interprétation reconstruira,
et ainsi de suite... Le résultat, au bout de quatre cycles
de composition-interprétation / destruction-transformation
respectueuse, c'est une pyramide inversée, où la lumière
s'ouvre en s'élevant ou s'élève
en s'ouvrant (cf. pyramide.htm),
à l'inverse de ce qui se passe dans la pyramide compositionnelle
de base, qui, elle, est à l'endroit.
Voilà pourquoi, Monsieur l'Artiste, voilà pourquoi,
Monsieur le Ministre, du point de vue de l'évolution créatrice,
je considère l'intégration de votre forme d'esprit à
la nôtre comme une aberration stérilisante, où,
nous comme vous, avons tout à perdre, quand, nous avons tout
à gagner, vous comme nous, dans la coopération
de nos forces spirituelles vives (coopérant à
l'Institut National des Arts de Dakar de 1972 à 1978, j'y disais
déjà que notre coopération française en
Afrique devait être équilibrée par une coopération
africaine en France). |
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Monsieur l'Artiste, Monsieur
le Ministre, confirmant ce que je viens d'écrire, vous trouverez
dans le présent site, notamment : |
la
page "Chromophonie
Scriptorale", préfacée
par le Président Léopold Sédar Senghor,
et les 60 tableaux dépendants avec leur interprétation
poétique, par lesquels Yochk'o Seffer, improvisateur-compositeur-peintre
d'origine hongroise, m'a permis de voir ce que j'entendais
dans la relation composition-interprétation / destruction-transformation
respectueuse, une interprétation
montre comment cela me permit d'arriver au schéma de la
pyramide inversée, ce qui est repris en pyramide
;
la
page 5eme_republique vous permet
d'entrer dans une autre suite de fichiers, montrant la relation
de ces mêmes formes d'esprit, en politique, dans l'évolution
de la Vème République, avec deux axes majeurs :
l'élévation de la composition-interprétation
gaulliste et l'élargissement de la destruction-transformation
respectueuse mitterrandienne ;
la
page Muhammad caricaturé,
vous donne en muhammad_caricature.htm#pro
mon credo de chrétien et d'interprète, à
deux étages :
|
religieux : la foi dans la grande valeur au moins symbolique
de la Résurrection du Verbe incarné de Dieu crucifié,
la crucifixion étant le mode de fixation adapté
au phénomène de l'incarnation verbale ;
laïque : la foi dans la résurrection élévatrice,
vérifiée quotidiennement, du verbe simplement
humain composé et fixé part l'écriture,
lorsqu'on le lit et qu'on l'interprète, comme vous-même,
Monsieur l'Artiste et Monsieur le Ministre, allez faire vivre
ce texte en le lisant et en l'interprétant ;
|
les
pages introduites par "le Tragique
chez Ionesco", rédigées pour la plupart
en 1971 ; elles furent au départ de ma recherche scriptorale
et montrent comment on peut passer à côté
de la lumière en voulant la posséder... l'in-té-grer
!!!
restent
les pages consacrées aux signes, introduites par De Rennes-le-Château & carré
Sator à "Rennes-Thabor" ; croyez-vous aux signes Monsieur
l'Artiste, croyez-vous aux signes, Monsieur le Ministre ? pour
ma part, je n'ai rien à envier à Jeanne d'Arc sur
ce sujet... Mais, plutôt que, précisément,
de jouer les Jeanne d'Arc, et de me présenter comme le
très probable Chyren annoncé par les prophètes
(encore eux !), j'ai préféré me défaire
de ces signes sur un double de moi-même que j'ai appelé
Y, et regarder ce qui arrivait à
ce dernier : ou les signes se révèlent exacts ou
exactement interprétés, auquel cas il faudra en
tirer les conclusions qui s'imposent, ou c'est le contraire, auquel
cas cela pourra être une excellente matière à
réflexion pour qui en voit partout.
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Voici
donc
pourquoi,
avec vous, Monsieur l'Artiste,
avec vous, Monsieur le Ministre,
je dis
(Vive la France des couleurs)
et j'ajoute :
de toutes les couleurs,
la sienne y compris,
qu'elle doit s'attacher
à trouver et à valoriser,
car, là seulement, se trouvent
notre richesse et notre puissance communes.
Et maintenant
(musique
:
Solo peulh, adaptation : Alain Bouhey)
|
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"Gérer laïquement
son héritage spirituel", c'est trouver la valeur symbolique
de cet héritage, correspondant à une façon
fondamentale de vivre, que ce soit dans la religion ou en dehors.
Ainsi :
|
l'Eglise enseigne que Jésus est le Verbe de Dieu incarné,
mort fixé sur la croix, et ressuscité de cette crucifixion
;
toute personne même athée, chrétienne d'origine
ou non, mais à
la forme d'esprit de composition-interprétation, peut reconnaître
la grande valeur symbolique de cette épreuve, en considérant
que la crucifixion est le mode de fixation adapté au phénomène
de l'incarnation du Verbe de Dieu, mode de fixation correspondant
à l'écriture pour le verbe non incarné de
l'homme. C'est-à-dire que toute personne, même athée,
à la forme d'esprit de composition-interprétation
peut reconnaître que l'écriture a un pouvoir d'épreuve
pour la parole humaine (comme la crucifixion pour le Verbe divin),
épreuve permettant d'en éliminer les contradictions,
ce qui l'élève en la faisant revivre purifiée
(l'Ascension du Corps glorieux du Christ ressuscité).
J'ai d'ailleurs eu la surprise de trouver dans un évangile
apocryphe datant des premiers siècles de notre ère,
l'Evangile de Vérité, parlant du Livre vivant des
Vivants "écrit dans la Pensée et l'Intelligence
du Père" que Jésus en croix avait "revêtu
ce Livre-là" :
|
"C'est
pourquoi est apparu Jésus, il a revêtu ce Livre-là.
Il fut cloué à un bois ; il inscrivit la disposition
du Père sur la Croix. Ô le grand enseignement
! Jusqu'à la mort il s'est humilié, et la vie
(éternelle) le revêt. Après s'être
dépouillé des haillons périssables, il
se revêtit de l'Incorruptibilité, ce que personne
ne peut lui enlever..."
( "Les Evangiles apocryphes",
Ed. Retz, p. 172). |
|
Parallèlement,
les personnes à la forme d'esprit de destruction-transformation
plus ou moins respectueuse n'admettent pas que l'on change un iota
au premier jet de leur production, qu'il soit fixé par l'écriture,
l'enregistrement du son, la photo, le film... sous le prétexte
que cela lui enlèverait du feeling, de la vie. Ceux-là,
même athées, peuvent tout à fait reconnaître
la valeur de l'enseignement de Muhammad, refusant que l'écriture
ait un quelconque pouvoir filtrant élévateur sur le
verbe prophétique inspiré par Allah, et ramenant les
croyants à la terre, qu'il leur fait toucher du front dans
la prière.
Remarquons au passage que l'on n'a pas nécessairement la forme
d'esprit de la civilisation dans laquelle on naît, ce qui explique
les différents courants qui s'y forment. Il n'en reste pas
moins que le rapport que chacun de nous a avec l'écriture et,
plus largement, avec le "script" tel que défini en
Scriptoral : |
("Script":
toute forme ou formulation del'"oral" qu'il fixe ;
"oral" : lumière originelle,
telle que tout mot formulé oralement,
soit-il YHVH, Est déjà un "script" qui la dénature).
|
|
est déterminant
pour révéler le camp auquel chacun de nous appartient
dans l'humanité. Et, ce qui est fabuleux, c'est que la musique
révèle que ces deux "camps" peuvent être
complémentaires par-delà leur opposition. |
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"En effet, alors que
seule, s'avère susceptible d'évolution la liaison entre
les temps II (interprétation), III (destruction), IV (transformation)
et le temps I (composition), on se heurte à la volonté
de chacun d'eux de s'affirmer comme la seule vérité
capable d'intégrer les autres. Ainsi, dans le microcosme musical,
en s'inspirant des traditions orales et improvisées pour écrire,
les compositeurs font disparaître les premières et réduisent
les secondes, ils tendent, par ailleurs, à s'opposer à
la liberté de leurs interprètes ; les improvisateurs,
quant à eux, limitent la composition à une fixation
de jaillissement spontané, cherchent à prendre toute
la place de la tradition orale qu'ils estiment dépasser, et
regrettent que les interprètes ne soient pas des improvisateurs
en les poussant dans leur voie, les interprètes ne sont pas
en reste lorsqu'ils se servent des oeuvres des compositeurs comme
d'un support de leur expression personnelle, et lorsqu'ils écrivent
des improvisations pour les interpréter, avec le secret espoir
de les jouer mieux qu'au moment de leur premier jet. Les conservatoires,
lieux conservateurs par excellence de l'interprétation, pensent
pouvoir intégrer l'enseignement de l'improvisation et du jazz...
Ce qui se passe au niveau musical, a, bien sûr, son correspondant
au niveau socio-culturel, où le terme d'intégration
est officialisé par un ministère, et sur le plan religieux
où la volonté totale d'intégration de la vie
dans une doctrine devient intégrisme. La victime majeure de
toutes ces volontés individualistes de puissance, c'est la
création, c'est à dire précisément la
vie. La solution est d'une simplicité apparemment déconcertante
: on ne parle que d'elle, elle s'appelle écoute et respect
de l'autre, synthèse, coopération... Mais soumise à
l'esprit d'intégration, chacun lui donne les limites de sa
foi, et les élargir n'est pas si simple !" |
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