SOMMAIRE MUSIQUE LETTRES OUVERTES
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LETTRE OUVERTE A EMMANUEL MACRON
"EN MARCHE !"

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(Résolution optimale : 1920 x 1080, photo d'arrière- plan :
mosquée-cathédrale de Cordoue en Espagne)



Alain BOUHEY

Saint-Germain-en-Laye, le 07/09/2016

 

Bonjour Monsieur MACRON,
(nota : les liens sont masqués)

Saxophoniste de lettres et vidéaste, à qui vous demandez de suivre votre marche, je me permets, afin de savoir si nos deux démarches sont compatibles, de vous présenter d’abord la mienne. Elle est « scriptorale », c’est-à-dire fondée, à partir de la tradition orale, sur la découverte d’un rapport des formes d’esprit de composition, d’interprétation et d’improvisation, allant dans le sens de l’évolution créatrice.

 




I.- ENTENDUES ET VUES :
TROIS FORMES D'ESPRIT



Une collaboration avec l’improvisateur-compositeur Yochk’o SEFFER, également peintre et sculpteur, me permit (à moi qui étais un saxophoniste essentiellement interprète, jouant des œuvres composées), de voir, ce que jusqu’alors j’entendais : l’opposition complémentaire existant entre les formes d’esprit de composition-interprétation et d’improvisation, cette dernière dans son expression la plus radicale, qui est destructrice-transformatrice respectueuse. Destructrice-transformatrice, parce qu’elle peut s’opposer le plus violemment du monde à la composition dont elle part, mais respectueuse, car l’improvisateur ne touche pas à un iota de l’oeuvre originale, il s’attaque à une copie, à l’idée qu’il s’en fait… à la limite, à lui-même. La composition continue d’exister à côté des improvisations qu’elle suscite, ces dernières enrichissant la création et l’ouvrant.

Toute cette découverte se fit à partir d’un disque-manifeste, résumé en 60 phrases, origines de 60 tableaux, sources d’autant d’interprétations littéraires et d’une interprétation générale, le tout sur le thème de la création. Cela constitua l’Exposition « Chromophonie Scriptorale » (Saxophonies d’Angers – 1990 -, Discothèque des Halles à Paris - 1991 -, etc…), et conduisit à une inversion de la pyramide du pouvoir créateur, à travers quatre enchaînements des formes d’esprit de composition-interprétation / destruction-transformation respectueuse, pyramide inversée que j’appelle « Scriptoral ». La lumière s’y ouvre en s’élevant, alors qu’elle se ferme jusqu’à disparaître dans la pyramide à l’endroit traditionnelle.

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II.- VERS UNE SOCIETE TERNAIRE



Le plus intéressant, c’est que, hors du domaine artistique, ces formes d’esprit se retrouvent partout dans la société, qui, tantôt plus compositrice, tantôt plus improvisatrice va de l’une à l’autre, sans voir le fantastique avantage qu’il y a à les coordonner, les faire tourner ensemble, en mettant en évidence leur complémentarité, par-delà leur opposition.

On les trouve :

  • Dans les religions :
    • hindouisme avec sa trimurti : Brahma, le Compositeur – Vishnu, le Parfait Interprète / Shiva, le Destructeur-Transformateur ;
    •  judéo-christianisme / islam : avec sa Bible composée - son Christ, qui s’en présente comme le Parfait Interprète / et l’islam qui en détruit et transforme les deux Pâques, tout en demandant d’en respecter les livres sacrés à l’égal du coran (cf. « LETTRE OUVERTE A FREDERIC LENOIR ET MARIE DRUCKER SUR "DIEU" »)
  • Dans le domaine entrepreneurial : avec l’innovation de rupture et la destruction créatrice de Schumpeter opposées aux créations existantes (cf . « LETTRE OUVERTE A A. LALOU, E. COMBE, G. BABINET, N. BOUZOU, D. REYNIE »).
  • Dans le domaine politique : avec une droite conservatrice et une gauche progressiste qui s’affrontent stérilement, sans jamais accéder à la complémentarité de leur opposition, même dans les gouvernements d’ouverture de droite, ce qui, selon Scriptoral, n’a rien d’étonnant, leurs présidents cherchant à être au-dessus des partis, quand il eût fallu qu’ils soient en-dessous : au point de départ de la pyramide inversée, point à partir duquel la lumière commence de s’ouvrir en s’élevant (cf. « LETTRES OUVERTES AU PRESIDENT SARKOZY », « A LA FRANCE »).

En fait, le problème vient de ce que la société se pense et se vit de façon binaire, soit dans l’élévation de la composition-interprétation, soit dans l’ouverture par descente-remontée de la destruction-transformation improvisatrice. Et cela, même dans un pays comme la France dont le drapeau républicain est tricolore : le bleu conservateur et le rouge qui fut révolutionnaire autour d’un blanc encore monarchique, qui n’a toujours pas trouvé la signification de sa place, d’où le paradoxe de notre monarchie républicaine : en décapitant le roi, elle n’a fait que chercher à être au-dessus de lui, à s’élever, dominer, le remplacer… Réflexe d’Ancien Régime !... Ce qu’il faut maintenant, c’est montrer tout l’intérêt qu’il y a à descendre à l’origine de ce pouvoir monarchique, non pas renversé, mais inversé. Il nous faut achever, pacifiquement, la révolution, faire une vraie république anti - monarchique où, dans le blanc, le roi soit remplacé par un coordonnateur d’une droite évolutionnaire d’élévation, compositrice-interprète et d’une  gauche révolutionnaire d’ouverture, destructrice-transformatrice, mutuellement respectueuses l’une de l’autre, dans un triple gouvernement, à l’image (enfin !) de notre drapeau.

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III.- DECLARER A DAESH
UNE GUERRE D'ABORD INTELLECTUELLO-SPIRITUELLE

 

 

Venons en maintenant à un problème très grave : cette guerre que nous a déclaré Daesh :
La création de « Chromophonie Scriptorale » (1990) a été pour moi l’occasion d’une expérience très particulière : celle du rejet (qui dure encore !) d’un mot par toute une partie de la société. Ce mot, c’est celui de « destruction », lorsqu’il est appliqué à la création artistique. En effet, lorsque Yochk’o SEFFER peignit ses tableaux sur mes phrases, il en réalisa de particulièrement violents : ceux, notamment, où le monstre improvisateur déchiquète, en le dévorant, le corps d’une magnifique sirène. Il a voulu signifier, par là, la destruction-transformation d’une magnifique composition-interprétation par l’improvisation. C’est à ce moment que je découvris ce que j’appelai mon premier cycle créateur :

Composition-interprétation / destruction-transformation.

Lorsque Yochk’o SEFFER vit l’effet que produisait ce mot de « destruction » sur ses interlocuteurs, il me demanda de le remplacer par celui beaucoup plus doux de « déconstruction ». Or, le contraire de « construction » est « destruction », et non « déconstruction », qui évoque plutôt une sorte de démontage n’ayant rien à voir avec le terrible tableau en question. C’est pourquoi, voyant cette modification totalement injustifiée, je la refusai, et maintins jusqu’à aujourd’hui le terme de « destruction », tandis que j’entendais et entends encore, autour de moi, le monde politiquement correct se retrancher derrière son piteux Ersatz. J'ai toutefois, depuis, modifié la formulation du cycle créateur en :

Composition-interprétation / destruction-transformation respectueuse.

Pourquoi ces considérations sémantiques à propos de Daesh, me direz-vous ? Mais, tout simplement, parce que Daesh met à nos portes la destruction de l’humanité et parce que ce que personne ne voulait plus entendre présenter comme bénéfique dans le domaine artistique est, maintenant, une épée de Damocles sur nos têtes et sur celles de nos enfants, dans la vie quotidienne, comme si ce mot se vengeait pour ne pas avoir été reconnu à sa juste valeur, car il y a deux sortes de destructions :

  • La bonne, la destruction respectueuse : celle, dans le domaine laïque, de l’improvisateur respectueux de l’original dont il part, et qui le met en valeur ; à laquelle correspond, dans le domaine spirituel, celle du véritable islam, qui détruit et transforme les deux Pâques juive et chrétienne, tout en disant de respecter les livres sacrés originaux qui en parlent, à l’égal du coran. Le coran dit, pourtant, le contraire, mais, par là, apporte une ouverture, une respiration indispensables à l’évolution créatrice, comme le montre « Scriptoral ». Il y a, là, une subtilité loin d’être évidente, mais qu’il faut apprendre à gérer (cf. « Impermanence »).
  • A côté de cette, non seulement bonne, mais indispensable destruction-transformation respectueuse, source de lumière, non reconnue de nos jours par le monde judéo-chrétien, il y a l’autre, la destruction-transformation irrespectueuse, qui est, plus que mauvaise, détestable et source de ténèbres, à proscrire absolument : celle qui détruit les originaux : celle de Daesh, à laquelle il faut déclarer une guerre, qui ne soit pas d’abord uniquement matérielle et militaire, comme elle l’est actuellement, mais d’abord intellectuelle et spirituelle, ce qui  renforcera puissamment la détermination militaire. Il importe que les  civilisations judéo-chrétienne et islamique s’intéressent l’une à l’autre, pour découvrir en quoi elles sont complémentaires et ont besoin l’une de l’autre, dans le domaine religieux, comme il importe que, dans le domaine laïque, gauche et droite politiques, destructeurs-créateurs et conservateurs entrepreneuriaux fassent de même, point sur lequel le domaine artistique est en avance, c’est pourquoi il peut servir de terrain d’expérimentation du rapport de ces formes d’esprit.

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Comme vous le voyez, Monsieur Macron, ma démarche, loin de s’enfermer dans les spécialisations, s’attache aux correspondances, aux passerelles entre les spécialités, qui ne sont plus fermées mais ouvertes, la fermeture étant la pire des choses. A ce sujet, je voudrais revenir sur la façon dont on utilise le principe de laïcité, avec ce récit d’un instituteur, racontant les réponses que lui firent ses élèves, à la veille des vacances de Pâques :

  • « L’instituteur : Qu’est-ce que c’est : Pâques, pour vous ?
  • Premier élève : C’est la fête des cloches.
  • L’instituteur : Oui, autre réponse ?
  • Deuxième élève : C’est la fête des œufs en chocolat.
  • L’instituteur : Oui. Et pour toi ?
  • Troisième élève : C’est la fête de la résurrection de Jésus.
  • L’instituteur : Ah ! cela, tu peux le dire chez toi, mais pas à l’école » !

Voici un remarquable exemple de fermeture d’esprit, dans un principe éminemment républicain. Notre république s’y interdit de savoir, de comprendre ce qui se passe dans le domaine religieux, de pouvoir lui trouver, sinon une explication rationnelle, du moins, une correspondance dynamisante : la résurrection du verbe, ne la pratique-t-on pas tous les jours, en faisant revivre des textes parfois vieux de plusieurs millénaires ? Non ! Il vaut mieux parler d’œufs en chocolat… Quelle nourriture spirituelle, quelles fadaises, pour les quinze jours de vacances de ces enfants, à opposer aux soixante-dix ou soixante-douze vierges et aux multiples slips des soi-disant martyrs d’Allah ! Tout cela n'est-il pas du même niveau ?...

Monsieur Macron, je pourrais continuer longtemps comme cela, mais je vous en ai dit assez sur ma démarche pour que vous sachiez si elle est compatible avec la vôtre : il s’agit pour moi de brancher la société sur le moteur « scriptoral », autrement dit sur un rapport des formes d’esprit de composition-interprétation / improvisation radicale, où tout se correspond (le monde des croyants et celui des incroyants y compris) et où les opposés se respectent et se recherchent, car ils savent qu’ils ne sont rien sans ce respect et tout, avec. Cela vous intéresse-t-il ?

Cordialement, dans l'attente intéressée de votre réponse.

Alain BOUHEY

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