SOMMAIRE MUSIQUE PAIX & PALESTINE
Résolution optimale : 1920 pixels x 1080 pixels

Lundi, 26 janvier 2015

V.- LAÏCITE - RELIGIONS : COMMENT LES RELIER

Aux victimes de Charlie Hebdo, Montrouge et Vincennes, à leurs familles,
et à la Marche républicaine du 11 janvier 2015

 

Comme le prouvent les évènements du 7 au 11 janvier, il devient urgent de créer un pont reliant la rive de la laïcité à celle des religions, ce qui suppose de trouver des éléments communs entre ces deux univers.

De nombreuses pages, en ce site Scriptoral, présentent trois de ces éléments, reliant la création humaine à la création divine, telle qu'elle apparaît dans la trimurti (triple forme) hindoue et dans nos trois monothéismes. Ce sont les formes d'esprit de :

composition-interprétation / improvisation radicale,

agissant en quatre temps :

composition-interprétation / destruction-transformation respectueuse
(voir les liens ci-dessus).

Ces trois formes d'esprit sont complémentaires. Cela va de soi pour les deux premières, puisque l'on interprète des oeuvres de compositeurs, d'auteurs, d'auteurs-compositeurs, d'inventeurs... Mais c'est aussi valable pour la troisième, bien qu'elle fonctionne en opposition avec les précédentes (quand elle est destructrice-transformatrice), à la condition de dépasser son opposition, de se laisser transporter, par elle, ailleurs, et de se servir de cet "ailleurs" comme de base de départ pour une nouvelle composition-interprétation / destruction-transformation respectueuse. On peut ainsi, apès quatre de ces enchaînements, inverser la pyramide du pouvoir créateur, si bien que l'énergie-lumière de l'inspiration s'ouvre en s'élevant au lieu de se fermer, ce qui l'épanouit au lieu de la tuer.

Comment réaliser ce pont laïcité - religions ?

- sur le plan laïque : il faut tout d'abord savoir que ces trois formes d'esprit sont présentes en chacun de nous, mais de façons inégales. L'une d'elles est prépondérante :

  • il y a ceux qui fixent de multiples façons leur inspiration première, la remettant en question jusqu'à arriver à une unité ou une perfection qui les satisfait : ce sont les compositeurs, les auteurs, les innovateurs de toutes sortes ;
  • il y a ceux qui font revivre les fixations des précédents, remettant, eux aussi, vingt fois leur ouvrage sur le métier, le polissant et repolissant sans cesse : ce sont les interprètes ;
  • il y a ceux qui détruisent et transforment les créations des précédents, qui nous transportent ailleurs, disant tout dans un premier jet et refusant qu'on y touche : ce sont les improvisateurs radicaux, à l'origine d'innovations de rupture ;
  • il y a enfin ceux qui ont une forme d'esprit panoramique, et qui s'attachent à faire fonctionner ensemble les trois formes d'esprit précédentes : ce sont les coordinateurs.

Il suffit donc d'initier à la création artistique, littéraire ou autre, des groupes de quatre personnes (ou groupes de personnes), comprenant :

  1. un compositeur, auteur, innovateur perfectionniste ;
  2. un (ou des) interprète(s) ;
  3. un (ou des) improvisateur(s) radical (radicaux) ;
  4. un coordinateur ;

et, dans cette création, de les sensibiliser sur leur mode de fonctionnement, pour, ensuite, leur faire remarquer, que,

- sur le plan religieux, on retrouve :

    • dans la Trimurti hindoue : Brahma le Compositeur - Vishnu le Parfait Interprète / Shiva le Destructeur-Transformateur ;
    • dans notre triple monothéisme : le judaïsme, où la Bible est un livre composé, qui met en question le verbe des prophètes ; le christianisme, où les Evangiles s'en présentent comme la parfaite interprétation et l'islam, dont le Coran (qui refuse la mise en question du Verbe prophétique) détruit et transforme l'apport des Livres précédents, tout en disant qu'il les respecte autant que lui-même et qu'il ne fait aucune différence entre les trois Livres. C'est pourquoi, il faut comprendre, que ce qu'il détruit et transforme dans ces Livres ce ne sont pas les originaux eux-mêmes, mais l'idée qu'il s'en fait, la copie qu'il en a prise, exactement comme l'improvisateur qui improvise sur une oeuvre de Bach (voir page précédente), ne supprime pas l'existence de cette oeuvre, mais existe à côté d'elle, co-existe avec elle.

J'appelle "scriptoral", ce mode de création fondé sur la relation de l'oral, de l'écrit et de l'improvisé, considéré comme un nouvel oral, mais un oral naissant de l'écriture qu'il suit, quand le premier la précède. Il permet de comprendre la relation très forte qui existe entre les mondes laïque et religieux. Il permet même de donner un sens à des mystères, jusque là incompréhensibles, comme le mystère de la Sainte Trinité chrétienne, composée du Père, du Fils et de l'Esprit. En effet, dans le monde laïque, les interprètes n'existeraient pas sans les compositeurs et les auteurs, qui les engendrent. Ils en sont, en quelque sorte les fils, et, par rapport à ces duos père-fils, les improvisateurs représentent les esprits d'ouverture. Le monde laïque a donc, lui aussi sa trinité père-fils / esprit, unifiée par un coordinateur, ce qui correspond au Dieu unique en trois personnes.

Quoiqu'il en soit, développer ce mode de création scriptorale, dans le monde laïque ne peut qu'amener à beaucoup plus de tolérance, vis à vis des oppositions civilisationnelles et religieuses : il montre qu'elles vont dans le sens de l'évolution créatrice en ouvrant la lumière (on peut en voir, en ces pages, une expérience complète réalisée au CRR de Rennes sous le titre "Impermanence"). Bien plus, cette conception, prévalant encore actuellement, d'un pouvoir créateur réservé à des génies solitaires, n'est-elle pas le fait d'une république post monarchique, qui doit se défaire de ses royaux oripeaux, pour entrer de plein pied dans le troisième millénaire, un troisième millénaire initié par les 7 à 11 janvier 2015 ?

 

 
^
 
   
 
> suivant