SOMMAIRE MUSIQUE LETTRES OUVERTES
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LETTRE OUVERTE A
A. LALOU, E. COMBE,
G. BABINET, N. BOUZOU,
D. REYNIE
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Objet :
Réponse aux interventions de Madame Anne LALOU
et de Messieurs Emmanuel COMBE, Gilles BABINET
et Nicolas BOUZOU
aux "24 heures non stop"
organisées le samedi, 16 novembre 2013
à la Maison de la Mutualité
par la FONDAPOL
(Fondation pour l'innovation politique)
dirigée par Monsieur Dominique REYNIE





1.- LES QUATRE INTERVENTIONS

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Mardi, 17 décembre 2013

 

Madame, Messieurs,

 

Présent, de 13 h à 18 h, aux très intéressantes "24 heures non stop" du 16 novembre, à la Mutualité, je remercie Monsieur Dominique REYNIE pour cette remarquable initiative, et vous-mêmes, pour la contribution que vous lui avez apportée.

Saxophoniste-auteur-vidéaste, je suis à l'origine d'une recherche/création que j'appelle "scriptorale", sur la relation des formes d'esprit opposées de composition-interprétation et de destruction transformation improvisatrice.
Cette recherche-création éclaire d'un jour original "l'innovation de rupture" et la "destruction créatrice", selon Schumpeter, dont vous parlez. Elle lui donne même un prolongement inattendu, en inversant la pyramide du pouvoir créateur, car j'ai la chance de la réaliser, depuis plus d'une trentaine d'années, avec un improvisateur-compositeur-peintre-sculpteur, qui me permet de visualiser le processus créateur : Yochk'o SEFFER.
C'est pourquoi, je me permets de vous adresser cette lettre ouverte, dont pourront profiter les internautes. Je vous propose de pratiquer de la façon suivante :

  • Dans un premier temps, je vous résume ce qui m'a le plus concerné dans vos interventions, que j'ai intégralement transcrites pour essayer de bien les comprendre ;
  • ensuite je ferai une comparaison des mots et idées clefs, que j'ai retenus, dans vos quatre interventions, dont l'ordre convient à mon propos ;
  • après quoi, j'aborderai Scriptoral.

Je commencerai donc par vous, Madame Anne LALOU :


Le progrès, c'est nous ! Anne LALOU par fondapol


Votre Web School Factory a pour objectif, de former les futurs managers de l’innovation numérique avec 3 axes pédagogiques :

  • La multidisciplinarité, autour des 3 disciplines clés de notre économie : le design (créativité), l’e-business (commerce), et les technologies numériques (technicité), avec un jeu de majeur et de mineur choisi dès la deuxième année ;
  • Le collaboratif, que vous enseignez ;
  • Le mode projet, qui met en place le dialogue et la confrontation entre les deux mondes du théorique et du pratique, et qui les inverse, en situant d'abord les étudiants dans la créativité du faire, pour qu'ensuite, ils prennent conscience de leurs lacunes et veuillent apprendre. Vous appelez cette pédagogie « inductive » ou « inversée », et elle développe des nouvelles formes, qui vont, en permanence, permettre ce dialogue, où vos étudiants « s’éclatent », à travers douze modules, parmi lesquels :
    • Le week-end challenge, qui met la communauté apprenante et la communauté des étudiants en un défi créatif, où la seconde va rêver ses sujets, puis commencer à les mettre en forme, pour déboucher sur le constat d’innovations de rupture intégrables ;
    • L’anti master-class, où un dirigeant vient pour se faire déchirer sur son projet, afin que plein de nouvelles idées naissent de cet échange, qui est souvent assez musclé ;
    • L’espace où l’on apprend la valeur de l’échec, comme moyen de rebondir…

 

Pour vous, Monsieur Emmanuel COMBE...


Le progrès, c'est nous ! Emmanuel COMBE par fondapol


...si les ingrédients de la croissance sont toujours les mêmes – travail, capital, investissement, progrès technique, entreprises, état -, la recette a radicalement changé : il ne s’agit plus d’imiter des technologies existantes, il s’agit d’innover, dans un monde économique beaucoup plus ouvert qu’il y a 30 ans, car on assiste depuis cette époque, à une formidable accélération du progrès technique, de l’innovation, qui peut surgir de toutes parts, y compris de là où on ne l’attend pas.
Pour transformer ce mouvement permanent, cette turbulence (Schumpeter aurait parlé de destruction créatrice) en opportunité de croissance, il faut changer radicalement de logiciel, en passant d’une approche verticale, hiérarchique, quantitative, élitiste, de l’économie, à une approche beaucoup plus horizontale, qualitative et inclusive.
La France industrielle doit marcher sur ses deux jambes : celle de la technologie, mais aussi celle de la créativité.
Elle doit repenser la place de l’état dans l’économie. L’état qui fait tout, qui joue à la place des entreprises, doit être remplacé par un état qui fixe les règles du jeu sans les changer tous les petits matins, un état qui incite à créer de la richesse, qui récompense l’effort plutôt que la rente, un état qui protège les salariés de manière efficace, en  préparant chaque individu aux transitions.

 

Vous estimez, Monsieur Gilles BABINET, que...


Le progrès, c'est nous ! Gilles BABINET par fondapol


...depuis 1980, on est entré dans une 3ème Révolution industrielle où la connaissance est essentielle, et où, à nouveau, les bricoleurs, les innovateurs, sont au cœur du processus d’innovation, ce qui a bien fonctionné au cours du XXème siècle, un pouvoir très jacobin, colbertiste, très centralisé, n’est plus approprié pour l’émergence de cette nouvelle dimension de l’innovation. Il y a tout un tas d’éléments qu’il faut favoriser pour que ces innovateurs fonctionnent. L’un d’entre eux, c’est l’acceptation de l’échec.
En France, on a un problème avec la notion d’échec. On est dans un régime néo-monarchiste, avec volonté à travers notre système éducatif, de mettre sur un pied d’estal  les « sachants ». Le pouvoir est sacralisé et cela fait qu’on a peur de faillir, et on organise la société pour qu’il y ait d’un côté les « sachants », et de l’autre, les « manants ». On fait tout pour que les citoyens n’aient pas voix au chapître et soient des mineurs perpétuels. Seuls les corps constitués ont une valeur dans l’expression de la société et l’objectif de notre organisation sociale consiste à neutraliser les initiatives individuelles, ou venant de la société civile.
Donc, pour vous, 3 choses sont importantes :

  • La capacité à créer de l’empathie (ouverture à l’autre).
  • Dans une société où l’innovation de rupture va devenir la norme : le bricolage, qui fait intrinsèquement partie du processus innovant.
  • La réforme institutionnelle forte, qui redonne du pouvoir à la  société civile. C’est fondamental. Il faut quitter ce modèle qui nous enserre et nous tue, il faut que l’ensemble des parties prenantes, des manants, parvienne à montrer toutes les dimensions de l’innovation et à les exprimer dans le futur.

 

Vous référant à Marx, Monsieur Nicolas BOUZOU...


Le progrès, c'est nous ! Nicolas BOUZOU par fondapol

 

...vous distinguez actuellement une infrastructure (facteurs et rapports de production) extraordinairement innovante  (notamment dans le secteur de la santé), en hiatus total avec une superstructure (droit, politique, arts et organisations) particulièrement conservatrice et rigide, le rôle de la révolution étant de les remettre en accord.
Vous considérez, avec Schumpeter, que les données incroyablement nouvelles apportées par la génétique et la biologie moléculaire, sont des phénomènes de destruction créatrice, qui vont permettre de vivre plus longtemps, en générant activité et croissance économique. Mais cela, dans un second temps, parce que la destruction précède la création, l’innovation ne naissant pas de l’ancien, mais naissant à côté de lui et lui faisant concurrence, jusqu’à le tuer. Vous prenez comme exemple le secteur de la musique, que vous dites « toujours en avance sur les autres », parce que les innovations technologiques y ont tué les business models existants.
Vous concluez en considérant que le hiatus entre innovations de l’infrastructure et rigidité de la superstructure est tel, que pour éviter la révolution qui les remette d’accord, il faut réfléchir,  dès maintenant, à la façon dont on va pouvoir changer les choses, « tout changer », pour rester une société de progrès.

 






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2.- MOTS ET IDEES CLEFS

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Mots et idées clefs qui m'ont le plus marqué :
Madame LALOU Monsieur COMBE Monsieur BABINET Monsieur BOUZOU
jeu de majeur et de mineur
(liberté de choix)


valeur de l’échec
acceptation de l’échec
innovations de rupture
défi créatif

destruction créatrice
ne plus imiter, innover

innovation de rupture
bricoleurs innovateurs

destruction créatrice
la destruction précède la création
l’innovation nait à côté de l’ancien
dialogue entre deux mondes
(confrontation)
dialogue pratique – théorie
communauté apprenante –
communauté des étudiants
pédagogie inversée
technologie et créativité

quitter verticalité
aller vers horizontalité

monde ouvert
« sachants » et « manants »




empathie (ouverture à l’autre)
hiatus entre infrastructure
et superstructure
innovations de l’infrastructure
rigidité de la superstructure

accord par la révolution

anti-master class
déchirement du Maître ;


fin de l'état qui fait tout
repenser la place de l’état


régime néo-monarchiste
réforme institutionnelle forte
nécessaire
 musique toujours en avance
tout changer dans la superstructure
pour une société de progrès

La présentation de ces mots et idées clefs sous forme de tableau, me paraît montrer, à la fois, la proximité de vos constats, et l'originalité des réponses que vous leur apportez :

  • Madame Lalou souligne l'importance de la liberté dans le choix de la discipline majeure (design, e-business ou technologies numériques) ;
  • Madame Lalou et Monsieur Babinet insistent sur la valeur de l'échec pour le progrès ;
  • Vous vous retrouvez tous sur la nécessité de l'innovation de rupture ou de la destruction créatrice, conçue comme un défi (Mme LALOU), avec reconnaissance de la valeur du bricolage (Mr BABINET), Mr BOUZOU situant (avec SCHUMPETER) de façon très intéressante cette destruction créatrice dans le temps et l'espace, par rapport à "l'ancien" ;
  • viennent ensuite la confrontation des deux mondes, avec
    • d'un côté le monde de la théorie, la communauté des apprenants, le monde du vertical, des "sachants", de la superstructure ;
    • et, de l'autre, celui de la pratique, la communauté étudiante, le monde de l'horizontalité et le monde ouvert, les "manants" en quête d'empathie, ce qui est une forme d'horizontalité, par ouverture à l'autre, et l'infrastructure ;
    par rapport à cette opposition, Mme LALOU, vous êtes la seule, avec Mr BOUZOU, qui la conserve, proposant, en elle, un dialogue, allant jusqu'à une confrontation musclée, qui "déchire" le Maître, et inverse la prépondérance des deux mondes, par une "pédagogie inversée".
    Mr BOUZOU, vous conservez superstructure et infrastructure, mais il faut les remettre en accord : si possible, par une réflexion, qui réussit à "tout changer", sinon, par une révolution.
    Pour vous, Mr COMBE, "il faut changer radicalement de logiciel", tout changer aussi, donc, mais en changeant d'approche, de mode de pensée, d'état, en passant d'une approche verticale, hiérarchisée, quantative, élitiste de l'économie, à une approche horizontale, qualitative, ce que vous dites de l'économie me paraissant tout à fait pouvoir s'appliquer à l'état, dont vous demandez de repenser la place.
    Et pour vous, Mr BABINET, "il faut quitter ce modèle (néo-monarchiste) qui nous enserre et nous tue", "il faut que l’ensemble des parties prenantes, des manants, parvienne à montrer toutes les dimensions de l’innovation et à les exprimer dans le futur", dites-vous, et quand vous parlez de "l'ensemble des parties prenantes, des manants", il semble que les "sachants" en soient exclus.

    En fait, le problème est de savoir si, pour innover horizontalement, il faut exclure le monde rigide du vertical, la superstructure, ou le conserver et comment ?
    Existe-t-il une manière de conjuguer horizontal et vertical, qui soit satisfaisante, voire enthousiasmante, pour chacune des deux parties, sans que l'une soit maltraitée, humiliée, ce qui finit toujours par se payer, un jour ou l'autre ?
    En d'autres termes, la destruction créatrice de Schumpeter, tout en étant à côté de l'ancien, en étant en rupture avec lui, en le déchirant, le tuant, peut-elle le respecter, le mettre en valeur, le faire... vivre mieux ? Peut-il y avoir une destruction créatrice respectueuse ?

    C'est, précisément, ce à quoi répond Scriptoral.





 

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3.- SCRIPTORAL

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Le mot "Scriptoral" est né, pour moi, en tous cas, au Sénégal, en 1976, au cours de sept années de coopération (1971 - 1978), dont six avec les griots de l'Institut National des Arts, à Dakar. Ayant trouvé le moyen de faire jouer ensemble leur tradition orale avec ma tradition écrite, je baptisai cette musique "scriptorale". Mais, très vite, le sens du mot se développa, à travers celui de ses deux composants : de simple relation entre l'oral et l'écrit, il devint relation entre le "Script" (entendu comme toute forme ou formulation de 1'"Oral" qu'il fixe) et "l'Oral" (entendu comme énergie-lumière originelle de l'inspiration, telle que tout mot formulé oralement est déjà un "script", au même titre qu'écriture, dessin, peinture, sculpture, photo, film, enregistrements de toute sortes, technologies, productions industrielles, etc... etc...).

Si la tradition orale africaine vient avant la tradition écrite des musiciens interprètes, je découvris, vers 1984, en rencontrant le musicien de jazz, Yochk'o SEFFER, improvisateur-compositeur, peintre et sculpteur, que la tradition improvisée vient après cette même écriture, puisqu'elle part d'un thème écrit, qu'elle transforme.

Yochk'o SEFFER me montra alors que l'improvisation pouvait aller dans le sens de l'écriture (on peut improviser du Mozart, c'est à dire que cela sonne comme du Mozart, bien que cela n'ait jamais été écrit par ce compositeur), mais l'improvisation peut aller plus loin, être beaucoup plus innovante, en rupture, avec son origine, qu'elle détruit et transforme : "innovation de rupture", "destruction créatrice", donc.

Je réalisai un disque-manifeste, intitulé "La Voie Scriptorale", où le Manifeste traitait de l'intérêt de la relation entre les traditions écrite et improvisée :

Yochk'o SEFFER me demanda, alors, de résumer ce Manifeste en soixante phrases très simples, réparties en dix cycles de six sur lesquelles il peindrait soixante tableaux. J'acceptai, en ajoutant, que je donnerais de ces soixante tableaux, soixante interprétations littéraires, à partir des indications, qu'il me communiquerait. Le résultat fut l'exposition Chromophonie Scriptorale (Saxophonies d'Angers - 1990 -, Discothèque des Halles à Paris - 1991 -, théâtre Sorano à Sannois - 1992 -...).

Parmi toutes ses indications, j'en retiens quatre, intéressant directement notre sujet, en vous signalant qu'en cliquant sur ces tableaux, vous les trouverez dans cette exposition, avec, sous eux, leur interprétation littéraire :

ORAL - = TENEBRES, AMOUR-PROPRE, MORT : Pour ce tableau, Yochk'o SEFFER m'expliqua que, au fond de la bouche de cette terre/guerrier/volcan, il y avait de la lumière, et que les traits représentaient les marches pour descendre vers elle, car, si nous, les compositeurs-interprètes de la musique savante cherchions la lumière vers le haut, eux, les improvisateurs, instinctifs, au feeling animal, la trouvaient en bas (verticalité donc, dans les deux cas, mais avec inversion de sens) :

ORAL, VIE PLEINE DE MORT : Ici, le monstre improvisateur imparfait, à peine sorti de l'oeuf (la pratique avant la théorie), déchire le corps d'une belle sirène (son thème de départ, produit de la composition savante, qu'il a besoin de détruire pour innover)






TROU NOIR ! : L'improvisateur passe par un trou noir et descend au centre d'énergie-lumière, à la source commune de création (c'est le moment de la rupture avec l'ancien) :









IMPROVISATEUR CONTRER SCRIPT : Par rapport au carnage qu'il a représenté précédemment, l'improvisateur transformateur se projette dans une autre direction, où son carnage devient beau (changement de direction après inversion de sens, pour innover après rupture - destruction créatrice -) :







Ayant terminé l'interprétation des 60 tableaux de Chromophonie Scriptorale, je décidai d'en faire une interprétation générale, précisée par une interprétation schématique, en prenant comme symbole de la composition, la pyramide, puisque c'était celui qu'utilisait Yochk'o SEFFER. Je lui donnai comme support, la sphère, symbole, pour le peintre-musicien, de l'âme et de la terre, dont l'improvisateur exprime le chant. Et je m'aperçus, que l'apport sefférien pouvait être dépassé, multiplié par quatre plus un, pour aboutir à la pyramide inversée, qui est en fond d'écran. Or, l'apport sefférien me parait correspondre, très exactement, au stade Schumpeterien où vous vous situez, voilà pourquoi je me permets d'écrire cette lettre ouverte.


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4.- REPRESENTATION SCHEMATIQUE DE
L'EVOLUTION CREATRICE

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1. - L'APPORT SEFFERIEN

TRADITION ORALE
(TEMPS 0 DE L'ECRITURE)

A l'origine de l'évolution créatrice :
la tradition orale,
elle exprime la parole, le chant de la terre,
symbolisé, ici, par un pré carré à la surface de la sphère.
C'est le temps 0, car 0 de l'écriture, début de l'ascension verticale
de la communauté apprenante, des élites, des sachants, de la superstructure.




TRADITION ORALE (0)


COMPOSITION
(TEMPS I)

La composition se fonde sur son pré carré.
Elle crée une forme
au moyen de l'écriture et du "script",
en filtrant le premier jet de l'inspiration
et en organisant les éléments qu'elle apporte,
avec résolution des incohérences et des contradictions.
C'est le temps I de l'écriture et du "script", suite de l'ascension verticale
de la communauté apprenante, des élites, des sachants, de la superstructure.




COMPOSITION (I)

INTERPRETATION
(TEMPS II)

L'interprétation
part du sommet de la pyramide compositionnelle
pour ressusciter, ce que l'écriture et le "script" ont fixé,
et en donner une représentation complète, à travers la multiplicité de ses interprètes.
Je la représente en pyramide inversée, dans la continuité verticale de la pyramide compositionnelle.
C'est le temps II de l'écriture et du "script", suite et fin de l'ascension verticale
de la communauté apprenante, des élites, des sachants, de la superstructure.
"L'ancien" des conservateurs est créé.




INTERPRETATION (II)

DESTRUCTION
(TEMPS III)

L'improvisateur destructeur
se nourrit du corps de la belle sirène (le sublime ancien),
passe par un trou noir et descend au centre de lumière, à la source d'énergie créatrice,
C'est le temps III, commençant par détruire l'ancien (écriture ou "script") avec une première rupture, une rupture de sens :
il inverse sa verticalité, commence par la pratique, fait sa propre pédagogie inversée, redescend dans le temps 0 de l'ancien, qu'il prend à contre-sens.




DESTRUCTION (III)

TRANSFORMATION
(TEMPS IV)

La transformation,
l'improvisateur transformateur
se projette dans une autre direction, où son carnage devient beau :
C'est le temps IV, où, après destruction de l'ancien (écriture ou "script"), se produit une seconde rupture, une rupture de direction dans la remontée,
amenant un nouveau pré-carré à la surface de la sphère, une innovation de rupture, une destruction créatrice achevée,
où la destruction précède bien la création, et qui est bien née à côté de l'ancien, en double rupture avec lui, et donc pas née de lui.
Elle est en ouverture horizontale par rapport à lui
, et est au départ le fruit d'un bricolage musical,
ce qui, Madame et Messieurs, me parait correspondre en tous points à vos données.
Là, s'arrête l'apport sefférien et commence Scriptoral, la pyramide inversée.



TRANSFORMATION (IV)

Le temps 0 de l'écriture, temps de la tradition orale, est celui de la
FORMATION,
à partir de lui, nous avons 4 temps liés 2 à 2 : I-II / III-IV,
COMPOSITION-INTERPRETATION / DESTRUCTION-TRANSFORMATION
dépendant généralement de 3 personnes :
COMPOSITEUR-INTERPRETE / IMPROVISATEUR.

Deux remarques :

1) La destruction-transformation (ou destruction créatrice) progressiste, est parfaitement respectueuse de la composition-interprétation, de "l'ancien" conservateur, car elle ne s'attaque pas à l'original, mais à une copie, à l'idée que l'improvisateur s'en fait, à lui-même, à la limite. Si "musclé" que soit l'échange - et je peux vous en faire entendre sans problème -, ce n'est pas parce que l'improvisateur détruit et transforme BACH, qu'il le supprime. Au contraire, son improvisation peut faire voir l'original sous un autre jour, le mettre en valeur. De même, si un peintre est obnubilé par la Joconde, s'il veut s'en débarrasser, il n'est pas obligé de lancer un pavé sur l'original, il peut en faire une copie, la réduire en bouillie, et en faire du Picasso, ou mieux... du lui-même ! Et la Joconde s'en portera au mieux.
2) Il est tout à fait possible de construire, de s'éléver verticalement, sur l'innovation de rupture, la destruction créatrice des bricoleurs de progrès. Car le mot conservateur, tel qu'il est compris dans les conservatoires, ne désigne pas un monde incapable d'évolution, mais, au contraire, "évolutionnaire", relié à la tradition, et non "révolutionnaire", en rupture, avec cette tradition. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder la distance séparant des compositeurs du XIIIème siècle, de ceux d'aujourd'hui.

 

2. - L'INNOVATION DE RUPTURE DANS LA CONTINUITE
(rupture de sens, de direction, de localisation,
mais pas d'attaches)

Je nommai donc l'enchaînement I-II / III-IV
"cycle créateur",
et le multipliai 4 fois,
ce qui me donna :




soit

INTERPRETATION
II
VI
X
XIV
COMPOSITION
I
V
IX
XIII
FORMATION/DESTRUCTION-TRANSFORMATION 0 / III- -IV VII- -VIII XI- -XII XV

problème sur le quatrième cycle (XIII-XIV / XV-XVI) :
il lui manquait la place de la quatrième transformation, le n° XVI,
occupée par le temps 0 de la tradition orale. Une seule place pouvait équilibrer l'ensemble :
celle qui situait ce seizième temps en pyramide chutante, à l'endroit, tout en inversant le mouvement général.
Et je remarquai que, curieusement, le pivot de notre histoire était la chute de la tête d'un pouvoir pyramidal au nombre XVI :

UNE REVOLUTION !

Ce, qui, précisément, selon Marx, doit remettre en accord infrastructure et superstructure, n'est-ce pas, Monsieur BOUZOU ?





C'est cette projection, en opposition totale, d’une pyramide à l’endroit parfaitement centrée,
qui me permit de faire apparaître SCRIPTORAL,
pyramide inversée de synthèse
s’ouvrant en s’élevant
 :



1, V, 9, 4, 8, 3, 7, 2, 6 est l'ordre initié par les pyramides de la composition,
et aboutissant à Scriptoral : I, V, IX, XIII, XVII
(13 = 4 par 1 + 3 et 17 : 8 par 1 + 7
)


d'où :

INTERPRETATION
II
VI
X
XIV
XVII
COMPOSITION
I
V
IX
XIII
FORMATION/DESTRUCTION-TRANSFORMATION 0 / III- -IV VII- -VIII XI- -XII XV XVI

Comme vous le disiez, Monsieur BOUZOU :

"Si vous voulez comprendre ce qui va se passer dans le secteur de la santé, regardez un secteur qui est toujours en avance sur les autres : c’est le secteur de la musique. Dans le secteur de la musique, il y a 15 ans, vous avez eu tout un tas d’innovations technologiques qui ont tué les business models existants, qui ont entraîné une réduction de moitié de la taille des maisons de disques, et aujourd’hui seulement, on commence à trouver de nouveaux business models rentables, qui permettent de relancer le secteur (téléchargement légal, plates-formes, streaming, gratuit ou payant, le gratuit étant financé par la publicité.)"

Mais, la musique n'est pas seulement en avance dans le domaine commercial, elle l'est, aussi, dans le domaine artistique de la créativité, mieux, de l'évolution créatrice. Elle, en particulier, et les autres arts, en général, peuvent être un guide pour la société, pour peu qu'on les envisage, aussi, en plus de leurs attributions habituelles, comme un terrain d'expérimentation du rapport des formes d'esprit, et non comme des activités stériles, ce qui est encore bien trop souvent le cas.

En effet, dans le monde conservateur par définition, puisqu'enseigné dans les conservatoires, qu'est celui de la musique savante, conservateur évolutionnaire, dans cette "communauté d'apprenants", de Maîtres, cet univers de "sachants", d'abord théorique (le solfège en premier), "hiérarchisé", "vertical", "élitiste", "superstructurel"... l'"innovation de rupture", la "destruction créatrice" révolutionnaire est survenue au début du XXème siècle : c'est la révolution jazzistique, qui triompha avec des "manants", descendants des esclaves noirs d'Amérique, "bricoleurs" de génie, pleins d'"empathie", "inversant" la rythmique, plaçant la pratique avant la théorie, "ouvrant horizontalement" la musique aux modes inconnus. Je pense, Madame et Messieurs, que vous n'êtes pas dépaysés ! Or, dans cette révolution jazzistique, les saxophonistes furent au coeur du problème, car une partie était adulée par le public (les saxophonistes de jazz) et l'autre, la mienne, celle qui s'initiait dans les conservatoires à la musique savante et voulait donner au saxophone "ses lettres de noblesse", était regardée comme anormale, anachronique. Dans les années 50 (je suis de 49), la guerre faisait encore rage entre les interprètes, et les improvisateurs de jazz. Pour ces derniers, les précédents étaient des "pingouins", en raison de leur habit, et ces "pingouins" traitaient les musiciens de jazz, de "clochards, tapeurs de semelle". Notez que Schumpeter, né en 1883, est précisément mort en 1950. C'est à dire, qu'il vivait au temps où, en musique, l'opposition était encore radicale entre infrastructure et superstructure, horizontalité et verticalité, un temps où l'on n'imaginait pas qu'on pourrait les conjuguer un jour, artistiquement dans l'intérêt général. Pourquoi pas dans la société extra-artistique ?

"TOUT CHANGER"

"Tout changer" politiquement, c'est ce qui ressort, majoritairement, de vos interventions. C'est ce qui ressort aussi de Scriptoral, mais par une révolution pacifique.

Cela suppose, pour l'infrastructure, de respecter les originaux produits par la superstructure, et de n'en détruire que la copie qu'elle s'en fait.
0-I-II/III, IV-V-VI/VII, VIII-IX-X/XI, XII-XIII-XIV/XV deviennent les arbres de vie de cette pyramide inversée, les déplacements IV, VIII, XII des prés-carrés de la sphère qu'ils traversent paraissant effectivement (comme le dit Schumpeter) sans lien avec la superstructure, alors que ce lien, destructeur créateur, est souterrain, c'est la face cachée de l'iceberg : III-IV, VII-VIII, XI-XII.

Cela suppose, aussi, une action beaucoup plus délicate. Avec la chute du roi, en 1793, la France, me semble-t-il a initié une politique et une pensée bipolaire, penchant alternativement vers le conservatisme et le progressisme. Le résultat, comme le dit Monsieur Babinet, c'est un "régime néo-monarchiste" (de droite ou de gauche) "qui nous enserre et nous tue" (les cohabitations, qui tentent d'équilibrer les deux tendances, n'étant pas plus heureuses ; pas davantage, d'ailleurs, que les ouvertures dominatrices - Charles de Gaulle, Nicolas Sarkozy -). Autrement dit, 220 ans après, nous n'avons toujours pas digéré la chute de Louis XVI. Or, notre drapeau est tricolore, et dans la symbolique de ses couleurs, il y a le bleu conservateur et le rouge progressiste. Reste le blanc, symbole d'un régime monarchique dépassé. Mais, ce que dit Scriptoral, c'est que, comme on a inversé la pyramide du pouvoir créateur (entre autres politique), il ne suffit pas d'avoir renversé ce roi qui était au plus haut de notre société, il faut l'inverser en un anti-monarque coordinateur, qui est au plus bas, très exactement, au point de départ de la pyramide inversée, un coordinateur qui laisse l'évolution créatrice s'élever en s'ouvrant et s'ouvrir en s'élevant.

Le rôle du coordinateur, c'est de permettre le dépassement de l'opposition des progressistes et des conservateurs, de cette vieille querelle, toujours actuelle, des Anciens et des Modernes, pour faire, à partir du moderne (IV), un nouvel ancien (V-VI), qui donnera un nouveau moderne (VIII), source d'un nouveau nouvel ancien (IX, X)... quatre fois de suite. Le coordinateur, arrivé au moment de la quatrième transformation (XVI), aura, pour rôle ultime, d'en donner le sens, dans sa direction, en fonction des 4 formations/transformations précédentes (0-IV-VIII-XII).

J'ai personnellement testé ce processus au Conservatoire à Rayonnement Régional de Rennes, dans le ballet Impermanence en ligne sur ce site.

Par ailleurs, un film sur DVD, avec vidéocréation, intitulé Les Dix-sept Saisons, transpose en saisons les temps du cycle créateur dans un conte scriptoral sur ce processus d'évolution créatrice, en voici la bande annonce :


Les Dix-sept Saisons, bande annonce sur YouTube


Madame, Messieurs, je crois effectivement avec vous, qu'il faut tout changer, mais que cela commence par nous changer nous-mêmes, en faisant voler en éclats les murailles des tours d'ivoire de nos spécialités respectives, d'où nous ne pouvons, tant qu'elles sont intactes, que nous regarder en "chiens de faïences". C'est ce que je viens d'essayer de faire. Et je me tiens à votre disposition, pour toutes les précisions ou expérimentations, que vous pourriez juger utiles.

Bien cordialement.

Alain BOUHEY

 







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