1. - L'APPORT SEFFERIEN
TRADITION ORALE
(TEMPS 0 DE L'ECRITURE)
A l'origine de l'évolution créatrice :
la tradition orale,
elle exprime la parole, le chant de la terre,
symbolisé, ici, par un pré carré à la surface de la sphère.
C'est le temps 0, car 0 de l'écriture, début de l'ascension verticale
de la communauté apprenante, des élites, des sachants, de la superstructure.

TRADITION ORALE (0)
|
|
COMPOSITION
(TEMPS I)
La composition se fonde sur son pré carré.
Elle crée une forme
au moyen de l'écriture et du "script",
en filtrant le premier jet de l'inspiration
et en organisant les éléments qu'elle apporte,
avec résolution des incohérences et des contradictions.
C'est le temps I de l'écriture et du "script", suite de l'ascension verticale
de la communauté apprenante, des élites, des sachants, de la superstructure.

COMPOSITION (I)
|
|
INTERPRETATION
(TEMPS II)
L'interprétation
part du sommet de la pyramide compositionnelle
pour ressusciter, ce que l'écriture et le "script" ont fixé,
et en donner une représentation complète, à travers la multiplicité de ses interprètes.
Je la représente en pyramide inversée, dans la continuité verticale de la pyramide compositionnelle.
C'est le temps II de l'écriture et du "script", suite et fin de l'ascension verticale
de la communauté apprenante, des élites, des sachants, de la superstructure.
"L'ancien" des conservateurs est créé.

INTERPRETATION (II)
|
|
DESTRUCTION
(TEMPS III)
L'improvisateur destructeur
se nourrit du corps de la belle sirène (le sublime ancien),
passe par un trou noir et descend au centre de lumière, à la source d'énergie créatrice,
C'est le temps III, commençant par détruire l'ancien (écriture ou "script") avec une première rupture, une rupture de sens :
il inverse sa verticalité, commence par la pratique, fait sa propre pédagogie inversée, redescend dans le temps 0 de l'ancien, qu'il prend à contre-sens.

DESTRUCTION (III)
|
|
TRANSFORMATION
(TEMPS IV)
La transformation,
l'improvisateur transformateur
se projette dans une autre direction,
où son carnage devient beau :
C'est le temps IV, où, après destruction de l'ancien (écriture ou "script"), se produit une seconde rupture, une rupture de direction dans la remontée,
amenant un nouveau pré-carré à la surface de la sphère, une innovation de rupture, une destruction créatrice achevée,
où la destruction précède bien la création, et qui est
bien née à côté de l'ancien, en double rupture avec lui, et donc pas née de lui.
Elle est en ouverture horizontale par rapport à lui, et est au départ le fruit d'un bricolage musical,
ce qui, Madame et Messieurs, me parait correspondre en tous points à vos données.
Là, s'arrête l'apport sefférien et commence Scriptoral, la pyramide inversée.

TRANSFORMATION (IV)
|
|
Le temps 0 de l'écriture, temps de la tradition orale, est celui de la
FORMATION,
à partir de lui, nous avons 4 temps liés 2 à 2 : I-II / III-IV,
COMPOSITION-INTERPRETATION / DESTRUCTION-TRANSFORMATION
dépendant généralement de 3 personnes :
COMPOSITEUR-INTERPRETE / IMPROVISATEUR.
Deux remarques :
1) La destruction-transformation (ou destruction créatrice) progressiste, est parfaitement respectueuse de la composition-interprétation, de "l'ancien" conservateur, car elle ne s'attaque pas à l'original, mais à une copie, à l'idée que l'improvisateur s'en fait, à lui-même, à la limite. Si "musclé" que soit l'échange - et je peux vous en faire entendre sans problème -, ce n'est pas parce que l'improvisateur détruit et transforme BACH, qu'il le supprime. Au contraire, son improvisation peut faire voir l'original sous un autre jour, le mettre en valeur. De même, si un peintre est obnubilé par la Joconde, s'il veut s'en débarrasser, il n'est pas obligé de lancer un pavé sur l'original, il peut en faire une copie, la réduire en bouillie, et en faire du Picasso, ou mieux... du lui-même ! Et la Joconde s'en portera au mieux.
2) Il est tout à fait possible de construire, de s'éléver verticalement, sur l'innovation de rupture, la destruction créatrice des bricoleurs de progrès. Car le mot conservateur, tel qu'il est compris dans les conservatoires, ne désigne pas un monde incapable d'évolution, mais, au contraire, "évolutionnaire", relié à la tradition, et non "révolutionnaire", en rupture, avec cette tradition. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder la distance séparant des compositeurs du XIIIème siècle, de ceux d'aujourd'hui.
2. - L'INNOVATION DE RUPTURE
DANS LA CONTINUITE
(rupture de sens, de direction, de localisation,
mais pas d'attaches)
Je nommai donc l'enchaînement I-II / III-IV
"cycle créateur",
et le multipliai 4 fois,
ce qui me donna :
soit
INTERPRETATION |
II |
VI |
X |
XIV |
COMPOSITION |
I |
V |
IX |
XIII |
FORMATION/DESTRUCTION-TRANSFORMATION |
0 / III- |
-IV VII- |
-VIII XI- |
-XII XV |
|
problème sur le quatrième cycle (XIII-XIV / XV-XVI) :
il lui manquait la place de la quatrième transformation, le n° XVI,
occupée par le temps 0 de la tradition orale. Une seule place pouvait équilibrer l'ensemble :
celle qui situait ce seizième temps en pyramide chutante, à l'endroit, tout en inversant le mouvement général.
Et je remarquai que, curieusement, le pivot de notre histoire était la chute de la tête d'un pouvoir pyramidal au nombre XVI :
UNE REVOLUTION !
Ce, qui, précisément, selon Marx, doit remettre en accord infrastructure et superstructure, n'est-ce pas, Monsieur BOUZOU ?
C'est cette projection, en opposition totale, d’une pyramide à l’endroit parfaitement centrée,
qui me permit
de faire apparaître SCRIPTORAL,
pyramide inversée de synthèse
s’ouvrant en
s’élevant
:

1, V, 9, 4, 8, 3, 7, 2, 6 est l'ordre initié par les pyramides de la composition,
et aboutissant à Scriptoral : I, V, IX, XIII, XVII
(13 = 4 par 1 + 3 et 17 : 8 par 1 + 7)
|
|
d'où :
INTERPRETATION |
|
|
|
|
XVII |
COMPOSITION |
|
|
|
|
FORMATION/DESTRUCTION-TRANSFORMATION |
0 / III- |
-IV VII- |
-VIII XI- |
-XII XV |
XVI |
Comme vous le disiez, Monsieur BOUZOU :
"Si vous voulez comprendre ce qui va se passer dans le secteur de la santé, regardez un secteur qui est toujours en avance sur les autres : c’est le secteur de la musique. Dans le secteur de la musique, il y a 15 ans, vous avez eu tout un tas d’innovations technologiques qui ont tué les business models existants, qui ont entraîné une réduction de moitié de la taille des maisons de disques, et aujourd’hui seulement, on commence à trouver de nouveaux business models rentables, qui permettent de relancer le secteur (téléchargement légal, plates-formes, streaming, gratuit ou payant, le gratuit étant financé par la publicité.)"
Mais, la musique n'est pas seulement en avance dans le domaine commercial, elle l'est, aussi, dans le domaine artistique de la créativité, mieux, de l'évolution créatrice. Elle, en particulier, et les autres arts, en général, peuvent être un guide pour la société, pour peu qu'on les envisage, aussi, en plus de leurs attributions habituelles, comme un terrain d'expérimentation du rapport des formes d'esprit, et non comme des activités stériles, ce qui est encore bien trop souvent le cas.
En
effet, dans le monde conservateur par définition, puisqu'enseigné dans les conservatoires, qu'est celui de la musique savante, conservateur évolutionnaire, dans cette "communauté d'apprenants", de Maîtres, cet univers de "sachants", d'abord théorique (le solfège en premier), "hiérarchisé", "vertical", "élitiste", "superstructurel"... l'"innovation de rupture", la "destruction créatrice" révolutionnaire est survenue au début du XXème siècle : c'est la révolution jazzistique, qui triompha avec des "manants", descendants des esclaves noirs d'Amérique, "bricoleurs" de génie, pleins d'"empathie", "inversant" la rythmique, plaçant la pratique avant la théorie, "ouvrant horizontalement" la musique aux modes inconnus. Je pense, Madame et Messieurs, que vous n'êtes pas dépaysés ! Or, dans cette
révolution jazzistique, les saxophonistes furent au coeur du problème, car une partie était adulée par le public (les saxophonistes de jazz) et l'autre, la mienne, celle qui s'initiait dans les conservatoires à la musique savante et voulait donner au saxophone "ses lettres de noblesse", était regardée comme anormale, anachronique. Dans les années 50 (je suis de 49), la guerre faisait encore rage entre les interprètes, et les improvisateurs de jazz. Pour ces derniers, les précédents étaient des "pingouins", en raison de leur habit, et ces "pingouins" traitaient les musiciens de jazz, de "clochards, tapeurs de semelle". Notez que Schumpeter, né en 1883, est précisément mort en 1950. C'est à dire, qu'il vivait au temps où, en musique, l'opposition était encore radicale entre infrastructure et superstructure, horizontalité et verticalité, un temps où l'on n'imaginait pas qu'on pourrait les conjuguer un jour, artistiquement dans l'intérêt général. Pourquoi pas dans la société extra-artistique ?
"TOUT CHANGER"
"Tout changer" politiquement, c'est ce qui ressort, majoritairement, de vos interventions. C'est ce qui ressort aussi de Scriptoral, mais par une révolution pacifique.
Cela suppose, pour l'infrastructure, de respecter les originaux produits par la superstructure, et de n'en détruire que la copie qu'elle s'en fait.
0-I-II/III, IV-V-VI/VII, VIII-IX-X/XI, XII-XIII-XIV/XV deviennent les arbres de vie de cette pyramide inversée, les déplacements IV, VIII, XII des prés-carrés de la sphère qu'ils traversent paraissant effectivement (comme le dit Schumpeter) sans lien avec la superstructure, alors que ce lien, destructeur créateur, est souterrain, c'est la face cachée de l'iceberg : III-IV, VII-VIII, XI-XII.
Cela suppose, aussi, une action beaucoup plus délicate. Avec la chute du roi, en 1793, la France, me semble-t-il a initié une politique et une pensée bipolaire, penchant alternativement vers le conservatisme et le progressisme. Le résultat, comme le dit Monsieur Babinet, c'est un "régime néo-monarchiste" (de droite ou de gauche) "qui nous enserre et nous tue" (les cohabitations, qui tentent d'équilibrer les deux tendances, n'étant pas plus heureuses ; pas davantage, d'ailleurs, que les ouvertures dominatrices - Charles de Gaulle, Nicolas Sarkozy -). Autrement dit, 220 ans après, nous n'avons toujours pas digéré la chute de Louis XVI. Or, notre drapeau est tricolore, et dans la symbolique de ses couleurs, il y a le bleu conservateur et le rouge progressiste. Reste le blanc, symbole d'un régime monarchique dépassé. Mais, ce que dit Scriptoral, c'est que, comme on a inversé la pyramide du pouvoir créateur (entre autres politique), il ne suffit pas d'avoir renversé ce roi qui était au plus haut de notre société, il faut l'inverser en un anti-monarque coordinateur, qui est au plus bas, très exactement, au point de départ de la pyramide inversée, un coordinateur qui laisse l'évolution créatrice s'élever en s'ouvrant et s'ouvrir en s'élevant.
Le rôle du coordinateur, c'est de permettre le dépassement de l'opposition des progressistes et des conservateurs, de cette vieille querelle, toujours actuelle, des Anciens et des Modernes, pour faire, à partir du moderne (IV), un nouvel ancien (V-VI), qui donnera un nouveau moderne (VIII), source d'un nouveau nouvel ancien (IX, X)... quatre fois de suite. Le coordinateur, arrivé au moment de la quatrième transformation (XVI), aura, pour rôle ultime, d'en donner le sens, dans sa direction, en fonction des 4 formations/transformations précédentes (0-IV-VIII-XII).
J'ai personnellement testé ce processus au Conservatoire à Rayonnement Régional de Rennes, dans le ballet Impermanence en ligne sur ce site.
Par ailleurs, un film sur DVD, avec vidéocréation, intitulé Les Dix-sept Saisons, transpose en saisons les temps du cycle créateur dans un conte scriptoral sur ce processus d'évolution créatrice, en voici la bande annonce :
Les Dix-sept Saisons, bande annonce sur YouTube
|