Le problème de cette définition,
c'est que le choix de société d'une pédagogie
affaire d'Etat tend à entraîner le choix d'une conception
de l'éducation : l'acquisition pure et simple de connaissances,
"la tête bien pleine", au détriment de l'autre,
visant à développer le jugement et la réflexion
personnelle, "la tête bien faite", et tend à
s'opposer au but même de la pédagogie : "le développement
harmonieux d'une personnalité et son adaptation à la
société."
Ainsi, nous assistons, en musique, à une spécialisation
à outrance, enfermant de plus en plus les étudiants
et futurs musiciens dans la connaissance de la diversité musicale,
et les coupant du rapport de cette dernière à la vie
sociale. Le résultat de cette pratique, c'est la place immuablement
dérisoire de notre discipline dans l'enseignement général,
et son manque flagrant de débouchés professionnels,
alors, qu'entre littérature et philosophie, d'un côté,
et mathématiques, de l'autre, elle peut apporter des réponses
fortes à de graves problèmes de société
où la parole ne voit que contradictions, car la musique passe
quand le verbe casse (cf. #exe).
En effet, celle-ci met de mieux en mieux en évidence la complémentarité,
par delà l'opposition, de la composition-interprétation
et de l'improvisation dans sa forme la plus radicale, qui est destruction-transformation.
Car, si l'improvisation peut aller dans le sens de l'écriture,
peut inventer du Bach, du Mozart... ce qui n'est pas vraiment novateur,
elle peut aussi prendre un thème, le détruire en passant
par un trou noir et le transformer - cf. pyramide.htm,
une_interpretation.htm -. C'est
pourquoi, chercher à intègrer dans les conservatoires,
lieux d'évolution et de conservation de la tradition, cette
forme d'improvisation qui implique une rupture avec celle-ci est fort
discutable, puisqu'elle mériterait au contraire de se développer
dans des... transformatoires ? lieux de transformation de cette tradition.
Le grand intérêt de cette capacité musicale réside
dans le fait, que les quatre temps d'action, composition-interprétation
/ destruction-transformation, de ces trois formes d'esprit que sont
composition-interprétation / improvisation se retrouvent à
tous les niveaux de la société, du plus spirituel au
plus politique, où ils s'opposent massivement, de la façon
parfois la plus problèmatique et la plus sanglante, sans avoir
encore trouvé la complémentarité qui permette
de faire tourner ce moteur à quatre temps, une complémentarite
que la musique, suprême pédagogue, peut parfaitement
apprendre à mettre en oeuvre... en oeuvres... jubilatoires
! (Cf. 5eme_republique.htm et ses
fichiers, 384.htm, 384_suite.htm
etc...)
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Dans les circonstance actuelles, où l'islam, seconde
religion de france, affirme sa vérité face
au judaïsme et au christianisme, il est fondamental
pour les membres de ces deux dernières religions
de savoir comment cette vérité islamique
peut, non seulement co-exister avec les leurs, mais, bien
plus, les enrichir.
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Or, verbalement,
la vérité islamique est, de prime abord,
incompréhensible pour les judéo-chrétiens,
autant en raison de sa contradiction interne par rapport
au judaïsme et au christianisme, qu'en raison de
la contradiction qu'elle apporte à leurs deux points
clés : les deux Pâques.
En effet, d'une part, le Coran reconnaît la vérité
des livres sacrés juifs et chrétiens qui
l'ont précédé : |
« Dis aux hommes des Écritures
: "Vous ne vous appuierez sur rien de solide tant
que vous n'observerez pas le Pentateuque, l'Évangile
et ce que Dieu a fait descendre d'en haut. Le
Livre que tu as reçu du ciel, ô Muhammad !" (...)
»
(Coran, V, 72, Éditions
Flammarion).
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et, d'autre part, il détruit et transforme leurs
deux Pâques, libératices de l'esclavage (pour
les hébreux) et de la mort (pour les chrétiens).
Ainsi, selon Muhammad, Moïse n'a pas amené
les hébreux en Terre Promise, il les a remmenés
en Egype en raison de leur mauvaise conduite : |
« Lorsque
vous avez dit : "O Moïse ! nous ne pouvons
supporter une seule et même nourriture ; prie
ton Seigneur qu'il fasse pousser pour nous ces
produits de la terre, des légumes, des concombres,
des lentilles, de l'ail et des oignons; " Moïse
vous répondit : "Voulez-vous échanger ce qui est
bon contre ce qui est mauvais ? Eh bien rentrez
en Égypte, vous y trouverez ce que vous demandez."
Et l'avilissement et la pauvreté s'étendirent
sur eux, et ils s'attirèrent la colère de Dieu,
parce qu'ils ne croyaient pas à ses signes et
tuaient injustement leurs prophètes. Voilà quelle
fut la rétribution de leur révolte et de leurs
méchancetés. » (Coran, II, 58, Éditions
Flammarion).
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Quant à
Jésus, le Verbe divin que, selon Muhammad, Dieu
jeta en Marie (cf. Coran, IV, 169), il n'a pas pu ressusciter,
puisqu'il n'a pas été crucifié, et
qu'un autre l'a remplacé sur la croix : |
«
Ils disent : "Nous avons mis à mort le Messie,
Jésus fils de Marie, l'apôtre de Dieu." Non, ils
ne l'ont point tué, ils ne l'ont point crucifié,
un autre individu qui lui ressemblait lui fut
substitué, et ceux qui disputaient à son sujet
ont été eux-mêmes dans le doute (...) » (Coran,
IV, 156, Éditions
Flammarion).
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Le Coran
reconnaît donc comme "solides", c'est
à dire vrais, les
livres sacrés du judaïsme et du christianisme
qui l'ont précédé. Mais, ce faisant,
il détruit et transforme l'essentiel de leur
contenu, en le déclarant faux
et en modifiant ses aboutissements : c'est de prime
abord incompréhensible sur
le plan verbal, une telle attitude laissant
à penser que, pour Muhammad, Yahweh, Dieu et
Allah ne font qu'Un, à la condition
de mettre entre parenthèses des faits aussi capitaux
que la divinité de Jésus, c'est à
dire de renier le christianisme.
C'est pourquoi, il n'est pas étonnant que, dans
le Coran des Éditions Flammarion traduit par Kasimirski,
Mohammed Arkoun préfère ne s'apesantir
ni sur l'épisode du retour en Égypte des Hébreux, ni
sur ceux qui lui ressemblent :
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« On voit par cette version sur le retour des
israélites en Égypte que Muhammad refait à son
gré l'histoire du peuple de Dieu. Nous nous dispenserons,
à l'avenir, de relever les discordances du Coran
avec les Livres des Écritures. » (Coran, Éditions
Flammarion).
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Par contre,
ce qui est au premier abord incompréhensible sur
le plan verbal devient parfaitement
compréhensible sur le plan musical,
ce dernier étant de plus capable de montrer au
verbe comment il peut accepter l'inacceptable.
En effet, la musique reconnaît en son sein la valeur
de deux formes d'esprit opposées et complémentaires
(cf. pyramide.htm) : |
L'une est prioritairement axée sur l'élévation
par mise en question et filtration de l'inspiration
première et des contradictions qui lui sont
inhérentes, c'est la composition-interprétation
de ce que certains appellent encore "la grande
musique".
L'autre est prioritairement axée sur l'ouverture
par descente remontée (cf. pyramide.htm#sol)
: c'est l'improvisation destructrice-transformatrice,
qui libère de nouveaux champs d'action pour
la composition-interprétation (cf.
pyramide.htm#destruction),
et qui, en Scriptoral, débouche sur la pyramide
inversée (cf.
pyramide.htm#scriptoral),
s'ouvrant en s'élevant au lieu de se fermer.
|
Or, la mise en question de l'inspiration première,
c'est à dire du verbe prophétique saisi
dans son jaillissement spontané, c'est précisément
ce qu'Allah reproche aux juifs, par la bouche de Muhammad : |
« Nous avons accepté le pacte des enfants d'Israël
et leur avons envoyé des prophètes ; toutes les
fois que les prophètes leur annonçaient les vérités
que rejetaient leurs penchants, ils accusaient
les uns d'imposture et assassinaient les autres.
» (Coran, V, 74, Éditions
Flammarion).
|
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Et la Bible est un livre composé,
dont les Evangiles se présentent comme le parachèvement,
l'interprétation
suprême, alors que le Coran fixe dans son intégralité
la parole du prophète, sans rien en changer, comme
le CD fixe l'improvisation
de l'improvisateur.
De même, les deux Pâques juive et chrétienne
sont liées à l'élévation typique
de la composition-interprétation
: élévation de l'esclave libéré
qui relève la tête, élévation
sur le bois de Jésus crucifié, son Ascension,
l'assomption de sa mère chez les catholiques...
Alors que la prière islamique met en évidence
le retour au sol, touché du front à chaque
prière, et donc la descente, une descente que souligne
Muhammad lui-même à propos du Coran, le livre
que Dieu a fait descendre
pour lui d'en haut (cf. #dis), une
descente typique de la première partie de l'improvisation
: la destruction passant par un trou noir (cf. improvisation_5.htm).
D'ailleurs, Muhammad reproche à juifs et chrétiens
de s'élever à partir des Ecritures, au lieu
de rester à leur niveau premier, ce qui, là
aussi, est typique de l'élévation née
de la résolution des contradictions dans la composition-interprétation
: |
« O vous qui avez reçu les Écritures ne dépassez
pas les limites dans votre religion, ne dites
de Dieu que ce qui est vrai. Le Messie, Jésus
fils de Marie, est l'apôtre de Dieu et son Verbe
qu'il jeta dans Marie; il est un esprit venant
de Dieu. Croyez donc en Dieu et en ses apôtres,
et ne dites point : il y a Trinité. (...) Car
Dieu est unique. Loin de sa gloire qu'Il ait eu
un fils (...). » (Coran, IV, 169, Ed. Flammarion).
|
|
A
partir de là, le musicien peut parfaitement comprendre
l'attitude et la logique de Muhammad, s'il se réfère
à celles de l'improvisateur : celui-ci ne détruit
et transforme que les thèmes qui
l'inspirent, dont il reconnaît la valeur, comme
chacun de nous se développe en détruisant
et transformant de la bonne nourriture et non des produits
avariés.
Par conséquent, le fait que Muhammad improvise
sur les thèmes de la libération d'Egypte,
et de la crucifixion de Jésus, prouve qu'il en
reconnaît la valeur, et la vérité,
c'est bien ce qu'il dit en #dis,
mais, par le fait-même que l'improvisation détruit
son thème de départ pour ouvrir par transformation
la source d'inspiration (cf. pyramide.htm#scriptoral),
le prophète est néssairement amené
à anéantir les thèmes des deux
Pâques juive et chrétienne. Par conséquent,
le fait pour Muhammad de dire que les hébreux
ont été ramenés en Egypte et que
Jésus a été remplacé sur
la croix, est, paradoxalement, une reconnaissance de
la valeur des thèmes initiaux, selon lesquels
Moïse a amené les hébreux en Terre
Promise, et Jésus a été crucifié.
Les détruire, c'est
à dire les déclarer faux,
est, de la part d'un improvisateur
un label de valeur
et de vérité !...
Mais cela, seul un musicien
peut le comprendre, à une époque où
tout le monde va devoir
le comprendre et où il va falloir absolument
résoudre le problème, car les formes d'esprit
de la composition-interprétation et de l'improvisation
sont entrées en conflit ouvert.
Cela prouve donc que la
musique doit se situer, dans l'enseignement
général, au moins au niveau de la
littérature pour lui apprendre à
cerner le problème
de cette relation non évidente et pour apprendre
à l'humanité à la vivre,
en la "musiquant".
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Hier, 31
Octobre 2004, fut inaugurée la Mosquée
de Saint-Etienne, associant deux lieux, l'un, cultuel,
et l'autre, culturel également ouvert à
juifs et chrétiens. Une ouverture à double
tranchant, en effet :
|
celle-ci
peut être une excellente occasion pour permettre
aux judéo-chrétiens ayant conscience
de la valeur de leur propre forme d'esprit, de découvrir
en quoi celle de l'islam lui est complémentaire
bien qu'opposée, et en quoi elles peuvent toutes
deux mutuellement s'enrichir ;
mais cela
risque fort, par contre, d'être une occasion
extrêmement perturbatrice pour des judéo-chrétiens
méconnaissant la "vérité"
de leur propre culture et la façon dont elle
s'oppose complémentairement à celle
de l'islam ; car ils prendront pour vérité
absolue, la vérité islamique d'ouverture
par respect de l'inspiration première, sans
savoir, qu'eux aussi, détiennent une vérité,
vérité d'élévation par
filtration de cette inspiration première :
celle précisément à laquelle
s'oppose le prophète Muhammad tout en la reconnaissant,
et qu'il détruit et transforme, ce qui ouvre
la source d'inspiration et mène à Scriptoral
présentée Y
à
comme la Jérusalem Céleste (cf. pyramide.htm#scriptoral).
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Le problème est que la relation des formes d'esprit
de composition-interprétation et d'improvisation
destructrice-transformatrice est une donne nouvelle
dans le monde judéo-chrétien, pas encore
prise en compte par l'enseignement général,
alors que l'humanité y est confrontée
en général.
Seule, la musique a eu l'occasion d'approfondir ce problème,
à partir de la révolution jazzistique,
qui lui vint des esclaves noirs américains, et
qui opposa compositeurs-interprètes et improvisateurs,
jusqu'à ce que les uns et les autres découvrent
comment la connaissance de la pratique de l'autre pouvait
enrichir la leur.
C'est pourquoi, en cette terre de laïcité
qu'est la France, il serait extrêmement intéressant
de partir de la relation laïque des formes d'esprit
de composition-interprétation et de destruction-transformation
improvisatrice, en des lieux culturels
qui seraient des "conservatoires/\transformatoires",
conservatoires pour la composition-interprétation,
et transformatoires pour la destruction-transformation,
avec un "/\" fondamental les reliant, indiquant
que l'évolution créatrice passe de l'un
à l'autre et de l'autre à l'un, l'un étant
sur l'autre et l'autre étant sous l'un mais à
un étage supérieur, cf. paroles_d_ange.htm#lap,
ce qui supprime entre eux toute idée de relation
de supériorité/infériorité.
Puis de relier ces lieux culturels
à des lieux cultuels :
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judéo-christiano /\ islamiques d'abord ;
mais aussi, par delà, indouistes, par le canal
de la trimourti indoue : brahma-Vishnu /\ Shiva >
Créateur-Parfait Interprète /\ Destructeur-Transformateur
;
bouddhistes, Scriptoral,
en son carré au sortir de la sphère correspondant
aussi au mandala bouddhiste (portes, artères, 4 carrés
de bases pyramidales, diagonales,
cf. pyramide.htm#scriptoral)
;
sans
oublier le Mer-ka-bah
égyptien, char
d'énergie-lumière relié au Merkavah hébraïque.
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Ne
serait-ce pas là une bonne amorce pour fonder la
spiritualité de ce IIIème millénaire,
qui nous dit-on, sera spirituel ou ne sera pas ?
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