L'originalité de la présente version
de la Partita éditée chez Lemoine a donné lieu
à d'intéressantes réflexions de la part de certains
saxophonistes, parmi lesquels Jean-Denis, alias "Bon vent !"
de la région Rhône Alpes. Elles sont exprimées
à l'adresse http://saxera.forumactif.com/ftopic93.Urtext-ou-pas.htm,
et votre serviteur les ayant trouvées par hasard leur a répondu.
Les voici avec leurs réponses :
jean-denis
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Posté le: Sam 17 Déc à 0:03
Tant qu'il s'agit d'une pièce pour laquelle
il n'y a pas d'arrangement réel à faire mais d'une simple
transposition (avec éventuellement quelques octavations)...je
préconise l'urtext.
La partita de Bach est un bon exemple. Beaucoup travaillent
sur la version éditée d'Alain Bouhey, elle est tout à fait
respectable...mais c'est la sienne, son interprétation, son
phrasé, ses articulations. A nous de chercher les notres.
Il est tjs interressant d'écouter l'auteur d'ailleurs.
http://abouhey1.free.fr/bach_allemande.htm
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Bon vent!
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Alain
Bouhey
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Posté le: Sam 17 Déc à 0:03
Plus que jouer sur l'urtext, je pense qu'il
faut écouter les interprétations baroques les plus avancées
dans la recherche, ma version éditée chez Lemoine donne le texte
dans la tonalité originale, telle qu'elle a évolué et le contenu
de l'original (encadrés), mon enregistrement prouve la nécessaire
évolution liée à l'écoute précitée. Transcription et enregistrement
se complètent donc. Les articulations indiquées ne sont pas
personnelles, elles sont le fruit d'une collaboration avec le
flûtiste Luc Urbain, et correspondent à un moment de l'évolution
des flûtistes par rapport à cette oeuvre.
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Scriptoralement vôtre.
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jean-denis
Rang: Administrateur

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Posté
le: Sam 17 Déc à 8:14
Pour la tonalité j'ai un avis différent.
Si l'on souhaite travailler dans l'absolu, le 415 inciterait
plutôt à transposer 1 demi ton audessus et non 1 ton. On sait
cela dit que le diapason a peu d'importance puisqu'il n'est
pas fixé à cette époque.
Par contre, le caractère de la tonalité est intimement lié à
la technique instrumentale requise. Dans le cas présent je trouve
que le la mineur du traverso est musicalement plus proche du
la mineur du soprano que du si mineur. La difficulté à jouer
le dernier contre-si de l'allemande est révélateur.
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Bon vent!
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Alain
Bouhey
Nouveau

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Posté
le: Dim 18 Déc à 20:34
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jean-denis a écrit:
Pour la tonalité j'ai un avis différent.
Si l'on souhaite travailler dans l'absolu, le 415
inciterait plutôt à transposer 1 demi ton audessus
et non 1 ton. On sait cela dit que le diapason a peu
d'importance puisqu'il n'est pas fixé à cette époque.
Par contre, le caractère de la tonalité est intimement
lié à la technique instrumentale requise. Dans le
cas présent je trouve que le la mineur du traverso
est musicalement plus proche du la mineur du soprano
que du si mineur. La difficulté à jouer le dernier
contre-si de l'allemande est révélateur.
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Le problème n’est pas de « travailler dans l’absolu
», puisque, comme vous le remarquez justement,
le diapason n’était pas fixé à cette époque et dépendait
des villes : 415 à Paris (effectivement environ un demi-ton
plus bas que notre diapason à 440-442), 392 à la Cour
de Versailles (environ un ton plus bas), mais, par contre,
un la plus proche de notre sib que de notre la à l’orgue
de Weimar où Bach fut violoniste en 1704 (c’est donc
une erreur de penser que le diapason du XVIIIème siècle
était systématiquement plus bas que le nôtre). Par ailleurs,
j’ai deux enregistrements de la Partita au traverso,
l’un par Marc Hantaï avoisinant notre actuel sol mineur,
et le second par Barthold Kuijken encore plus bas, à
peu près notre sol b mineur !
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Entre sol b et la mineur, pour ne pas dire si b
mineur, tout est donc possible, et en fait, ce qui pour
vous me paraît justifier le choix de la tonalité, c’est
uniquement la facilité technique propice à libérer la
musicalité : or, en dehors du si final de l’Allemande
(une seule note !) qui sonne très bien à la quinzième
inférieure, tout est jouable en si mineur au saxophone
soprano (la mineur réel), il n’y a pas d’obstacle technique
à la musicalité, seuls les fa # aigus sont délicats, mais
c’est une excellente occasion pour les travailler et les
améliorer (Je serais fort étonné qu'avec
toutes les prouesses réalisées par la jeune génération
de saxophonistes, elle ne soit même pas capable de maîtriser
le saxophone soprano dans sa tessiture normale : ré grave
- fa # aigu et ait peur de la jouer !) Je vous
signale par ailleurs qu’à la mesure 50 de la bourrée anglaise,
il y a un do monté d’une octave, car il n’existait pas
en général sur le traverso de l’époque, qui se joue maintenant
dans le grave sur la flûte traversière : Bach n’a pas
pour autant élevé sa Partita d’un ton, et, en ce qui nous
concerne, peut-être aurons nous un jour des saxophones
soprani émettant sans problème le contre-si.
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Un autre critère entre pour moi en ligne de compte
: A la différence du traverso, le saxophone soprano et
la flûte sont des instruments modernes, or cette dernière
joue la partition en la (sons réels), c’est pourquoi je
pense que la modernité de notre instrument nous amène
à jouer, dans cette même tonalité, car le diapason de
notre temps s’est sans doute en général élevé (avec des
exceptions comme l’orgue de Weimar) avec l’accélération
du rythme de la vie, si bien qu’il est possible qu’un
la à 442 hz sonne pour le mélomane du XXIème siècle, comme
un la à 392 ou 415 pour celui du XVIIIème. |
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Ce qui doit donc être recherché n’est pas de l’ordre
de l’absolu mais du compromis. Il s’agit de jouer une
musique baroque avec des instruments qui ne le sont pas,
une musique du XVIIIème siècle avec des instruments du
XXIème, et donc de s’inspirer de ce qui ne pose pas de
problème d’exécution dans la musique baroque : les articulations,
le phrasé parfois très surprenant avec notre conception
de la hauteur du son. |
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Permettez-moi de vous signaler que, une fois
acceptée mon option sur la tonalité, la Partita éditée
chez Lemoine est aussi un urtext, elle est en la mineur
réel, tel qu'il a évolué à travers les siècles, comme
tous les urtexts, ce qui évite la transposition à vue.
Et, les encadrés indiquant ce qui revient à Bach dans
les appogiatures et les articulations, tout ce qui n’y
figure pas est susceptible d’être modifié comme je l’ai
fait sur internet à l’adresse http://abouhey1.free.fr/concert.htm, où j’ai
enregistré une version inspirée de l’interprétation baroque.
En résumé : Cette
version permet trois possibilités :
- La jouer avec les articulations ajoutées à la manière
des flûtistes classiques
des années 1990,
- la considérer comme un urtext en ne gardant des articulations
et des appogiatures que celles de Bach (les encadrés),
et lui apporter ses propres articulations en s'inspirant des recherches
des flûtistes baroques. Ce qui est réalisé
en :
+ http://abouhey1.free.fr/bach_allemande.htm,
+ http://abouhey1.free.fr/bach_courante.htm,
+ http://abouhey1.free.fr/bach_sarabande.htm,
+ http://abouhey1.free.fr/bach_bourree_angloise.htm.
- on peut aussi y mettre ses propres articulations , indépendamment de toute autre
écoute si l'on dispose d'un "paracritiques" à toutes
épreuves ! |
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Il va sans dire que le jeu de transcriptions doit s’accompagner
d’une réflexion sur la raison de ce jeu. A ce propos je
vous signale le concert
«
SCRIPTORAL »
du
jeudi 26 janvier 2006, qui se déroulera au CNR
de Boulogne-Billancourt, salle d’Art lyrique, à 20h 30
dans le cadre des Ateliers-Rencontres organisés par
Jean-Michel Goury.
Yochk’o Seffer
y improvisera
sur une version DVD de la
Cantate BWV 78 de Bach
(programmation : Thierry Maillart, scénographie : moi-même).
Cette improvisation met en évidence une forme d’esprit
de l’improvisation la plus radicale : la destruction-transformation
respectueuse (cf. http://abouhey1.free.fr/integration.htm et
http://abouhey1.free.fr/utopie.htm), un terrain
sur lequel la musique, considérée sous l’angle du
rapport des formes d’esprit complémentaires et opposées
de composition-interprétation et de destruction-transformation,
est en avance sur la parole, qui casse quand elle passe,
et où, à mon sens, elle pourrait rendre de grands services
dans la situation politique actuelle du monde, si l’enseignement
général finit par lui donner la place qu’elle mérite
à côté de littérature et mathématiques, ce qui ouvrirait
bien des portes aux musiciens-étudiants, au lieu de
continuer à la confiner dans le rôle de "cinquième roue
du char". Voilà aussi pourquoi il me paraît intéressant
d’avoir un diapason moderne dans les transcriptions,
plutôt que d’enfermer notre encore jeune saxophone dans
une écoute ancienne et dépassée de la tonalité, ayant
cours sur les instruments d'époque.
En tout cas, merci pour cet échange fort positif. Je
pense d’ailleurs le faire figurer dans les cinq pages
de mon site consacrées à la Partita.
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Scriptoralement vôtre.
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