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Position
d'Israël :
Parmi les éléments, scriptoralement intéressants,
de l'émission du 12 janvier, il y a d'abord le fait, souligné
par le ministre Bernard KOUCHNER, qu'Israël,
né d'une décision des Nations-Unies,
après "l'holocauste",
a une position très particulière, dans un monde arabe,
qui lui est très hostile. Cette position est dûe au fait
que, là, était le foyer national juif, qui a toute une
histoire.
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Bernard
KOUCHNER :
Il est évident que l'installation de l'état d'Israël
- je vous rappelle qu'Israël est né après
l'holocauste
d'une décision des Nations-Unies
- n'est plus un savoir répandu. (...) C'est une position
très particulière dans un monde qui lui était
très hostile. (...) C'est vrai que cette histoire a 60
ans, et c'est vrai que le monde arabe n'était pas responsable.
(...) On l'a installé là, parce que c'était
le foyer
national juif, et qu'il y a eu toute une histoire, là
aussi.
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retour
à "propos..."
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Le
pouvoir en Palestine et en Israël :
Il y a l'absence de pouvoir légitime et véritable,
signalée par Jean-Paul CHAGNOLLAUD, du fait :
en Palestine,
de contradictions très fortes
entre l'autorité
palestinienne et le Hamas ;
en Israël,
d'un manque de gouvernance dû à la campagne électorale,
et au fait, qu'il n'y a pas
véritablement de leader, (...) capable d'indiquer une vision
politique.
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Jean-Paul
CHAGNOLLAUD :
Ce qui est grave, aujourd'hui, c'est qu'il n'y a plus de pouvoir
légitime et véritable. En Palestine,
(...) il y a des contradictions très fortes. Mais en
Israël,
vous avez un problème majeur : Vous êtes dans une
situation où il n'y a plus vraiment de gouvernance. (...)
Nous sommes dans une campagne électorale, aujourd'hui,
en Israël, c'est à dire qu'il n'y a pas véritablement
un leader, (...) qui puisse indiquer une vision politique.
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Sécurité
d'Israël
fondée sur l'insécurité de ses voisins :
La
vision politique israélienne se limite encore, pour l'instant,
ajoute Jean-Paul
CHAGNOLLAUD, à estimer que sa sécurité
passe par l'insécurité des autres, d'où, non seulement,
la guerre à Gaza,
mais aussi la complète fragmentation de la Cisjordanie,
alors que, si on veut vraiment assurer la sécurité des
uns et des autres, il faut que cette sécurité soit égale
pour tous.
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Jean-Paul
CHAGNOLLAUD : "Pour l'instant, nous sommes encore
dans un épisode au Proche-Orient,
où Israël
estime que sa sécurité passe par l'insécurité
des autres. Si vraiment, on veut avoir de la sécurité
pour l'état d'Israël,
il faut, impérativement, que chacun contribue à
la sécurité des Palestiniens.
(...) Je pense que l'Egypte
est très bien placée pour faire cette médiation,
mais à condition qu'on débouche sur quelque chose
de fort, (...) une négociation politique globale. (...)
On se focalise sur Gaza,
mais, en Cisjordanie
, le territoire
est complètement fragmenté. (...) Aujourd'hui,
si on veut vraiment assurer la sécurité des uns
et des autres,
il faut que la sécurité soit égale pour
tous."
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Main
de fer, foi en la force militaire :
Leïla
SHAHID ne dit pas autre chose, en précisant que les Israéliens,
soutenus par les Américains pratiquent une "politique de
l'autruche" leur fermant les yeux sur les vrais problèmes,
pour "uniquement croire à la force militaire".
Le confirment :
les propos du Premier Ministre israélien, rapportés, en
début d'émission, par Yves Calvi : "Israël frappera d'une main de fer à Gaza,
tant que les tirs de
roquettes se poursuivront" :
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Yves
CALVI : Le Premier Ministre l'a dit lui-même, en fin
d'après-midi : "Israël
frappera d'une main de fer à Gaza,
tant que les tirs de roquettes
se poursuivront.
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l'usage de bombes
au phosphore, illégal
"dans les espaces où les populations civiles peuvent être
exposées" (précision de Bernard KOUCHNER) ;
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Bernard
KOUCHNER :
Les
bombes au phosphore, hélas ! c'est légal,
mais ce n'est pas la façon de les utiliser qui est recommandée.
Dans les espaces où les populations civiles peuvent être
exposées, on ne devrait pas le faire.
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les experts, parlant d'une opération militaire maîtrisée,
quand le monde entier, ainsi que le dit Yves Calvi s'émeut devant
les images concernant notamment les enfants palestiniens.
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Yves
CALVI : J'entendais,
alors que je crois que le monde entier est ému par les
images que l'on voit notamment concernant les enfants palestiniens,
encore des experts, aujourd'hui, dire que, finalement, cette
opération militaire était maîtrisée.
Alors, ça peut choquer, mais, si c'est ce que
pensent les experts militaires en ce moment, c'est le moment
de nous le dire.
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"Trop
c'est trop" :
Le résultat de tout cela, c'est un sentiment général
de dépassement de la mesure, donné par l'expression
"trop c'est trop" du ministre Bernard KOUCHNER, côté
français, du ministre des Affaires Etrangères Tzipi
LIVNI et de l'ambassadeur Daniel SHEK, côté israélien,
de la Déléguée Leïla SHAID, côté
palestinien :
trop de provocation de la part d'Israël, ce qui l'empêchera
de trouver la paix, qu'il souhaite ;
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Bernard
KOUCHNER :
Trop c'est trop ! (...) Ces provocations ont produit,
à mon avis, le contraire de ce qu'Israël
espérait,
c'est à dire que, un jour, enfin, il y ait une paix qui
s'installe, y compris avec le territoire de Gaza.
(...)
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trop de perturbation de la vie dans le sud d'Israël, pour Tzipi
LIVNI et Daniel SHEK, où, depuis 8 ans, les tirs de roquettes
du Hamas, obligent,
3 à 5 fois par nuit, hommes, femmes et enfants à se lever
en 15 minutes pour courir aux abris ;
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Daniel
SHEK : J'ai presque dû sourire,
parce que le ministre a dit : "trop c'est trop",
et ce sont les propos exacts de la ministre des affaires étrangères,
Tzipi LIVNI,
à la veille de l'opération israélienne,
qui disait : "trop
c'est trop". Et, pourquoi disait-elle
ça ? parce que, pour vous, ce conflit a commencé
fin décembre, pour Tzipi
LIVNI, et surtout pour les habitants du sud d'Israël
, il a commencé il y a 8 ans, 8
ans, que la vie est devenue
totalement perturbée dans le sud
d'Israël
, où des hommes, des femmes, des
civils vivent au rythme des alertes, qui des fois se réalisent,
des fois ne se réalisent pas, 3, 4, 5 fois par nuit,
par jour, avec des enfants qui doivent se lever en 15 secondes,
parce que, sinon, ça peut vous tomber sur la tête.
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trop de disproportion dans la répression, et trop d'impunité
pour Israël,
de la part de la communauté
internationale, pour Leïla SHAID :
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au
terrorisme
d'un mouvement politique - le Hamas
- s'attaquant à des civils, répond un terrorisme d'état
israélien, touchant un milllions et demi de civils à
Gaza. Aux 11 morts de tirs de roquettes en 8 ans, répondent
900 morts Palestiniens
en 2 semaines (il y en aura 1330, dont 400 enfants, quelques jours
après l'émission) ;
|
Yves
CALVI :
Leïla
SHAHID, est-ce que vous reconnaissez à Israël
le droit de défendre ses citoyens, face aux tirs de roquettes
quotidiens venus de Gaza ?
Leïla SHAHID : Totalement,
mais pas en commettant des crimes de guerre, et en prenant comme
cible un million et demi de citoyens, à Gaza,
qui maintenant, pour la troisième semaine, sont bombardés
par air, par terre et par mer. Dire que cette opération
de guerre unilatérale, parce qu'il n'y a pas d'armée
face à l'armée israélienne, qui est la
quatrième puissance du monde, il y a une population entière,
et les tirs du Hamas,
qui ciblent des civils, et qui sont d'ordre terroriste,
puisqu'ils tuent des civils, ne justifient pas du terrorisme
d'état.
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depuis 42 ans, le Conseil
de Sécurité de la communauté
internationale a voté une résolution déclarant
illégale l'occupation des territoires par la force militaire,
et depuis 42 ans, il laisse Israël
refuser ses résolutions, infliger des châtiments collectifs
aux populations des territoires qu'elle occupe, et commettre militairement
des "crimes
de guerre".
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Leïla
SHAHID : Prétendre que tout a commencé avec
les tirs de roquettes du Hamas,
et oublier que Gaza
est un territoire, comme la Cisjordanie,
comme Jérusalem-Est,
occupé depuis 42 ans, maintenant, et qu'Israël
n'a pas seulement refusé le cessez-le-feu d'il y a quelques
jours, mais elle a refusé toutes les résolutions
des Nations-Unies
: la 242, la 338, qui lui demandent d'évacuer les territoires,
d'arrêter la colonisation, d'arrêter les assassinats
ciblés des personnes. Je trouve que "trop c'est
trop", (...) c'est trop d'impunité de la part
d'une communauté internationale, qui ne peut pas faire
preuve, maintenant, de surprise (...), y compris de la France
(qui) fait partie des membres permanents du Conseil de Sécurité,
qui ont voté, depuis 42 ans une résolution, qui
dit : "c'est illégal d'occuper des territoires par
la force militaire", et qui, depuis 42 ans ne le met pas
en oeuvre, elle et tous ses partenaires du Conseil
de Sécurité.
L'origine du problème : c'est l'occupation militaire
d'une population à qui on inflige des châtiments
collectifs. Ces actions militaires sont
des crimes
de guerre...
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Aparté
: "121 yeux pour un oeil, 121 dents pour 1 dent..." :
Non signalé dans l'émission d'Yves Calvi, nous pouvons
remarquer que 1330 morts en moins de 3 semaines, pour 11 en 8 ans, fait
plus que centupler la terrible loi
du talion remontant au Code babylonien
d'Hammourabi (1730 av. J.-C.) et reprise par les
Hébreux dans la Bible, entre autres, dans le livre de l'Exode
(XXI, 22). En effet cela correspond à "121
yeux pour un oeil, 121 dents pour 1 dent...", sans tenir compte
du rapport de durée (8 ans - moins de 3 semaines).
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"Politique
de l'autruche" vis à vis de l'occupation :
Côté palestinien,
la raison profonde du conflit est donc l'occupation militaire d'un peuple
qui a besoin d'être "libre", "souverain",
de "créer", de "bouger", de "vivre"...
|
Daniel
SHEK : Et
pourquoi vous pensez que ma frustration est plus petite que
la vôtre ?
Leïla SHAHID : Mais parce que vous n'êtes
pas sous occupation. C'est nous qui avons besoin d'être
libres, d'être souverains, de profiter de l'aide de
l'Union
Européenne pour créer une économie,
d'avoir des industries, de bouger, de vivre.
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Comment résoudre ce conflit ?
Pour Israël,
il y a 2 méthodes :
la mauvaise, celle du Hamas
: la lutte armée ;
la bonne, celle de l'autorité
palestinienne : la négociation.
Pour l'autorité
palestinienne, représentée par Leïla
SHAID :
la méthode de la négociation, en laquelle elle croit,
serait bonne, si elle aboutissait à des résultats concrets,
or elle n'en a donné aucun.
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Daniel
SHEK : Il
y a la méthode de la lutte armée. C'est ce qu'ils
(le Hamas,
N.D.L.R.) revendiquent eux-mêmes...
Yves CALVI : C'est
un peu plus compliqué que cela : au Hamas,
on fait de la politique et on fait du terrorisme.
On fait les deux.
Daniel SHEK : Oui,
mais on ne fait pas de politique dans le conflit
israélo-palestinien. Eux ne le souhaitent pas.
(...)
Alors, vous avez cette méthode là, avec les
résultats qu'on voit.
A moins de 100 km de là, vous avez l'autorité
palestinienne de Mahmoud ABBAS et Salam FAYAD et Leïla
SHAHID et de leurs représentants, qui ont opté
pour une autre méthode, la méthode diplomatique,
la méthode de négociation, qui, je vous l'assure,
est la seule, qui, à terme, nous amènera à
la solution des deux états.
Leïla SHAHID : Mais, Monsieur l'Ambassadeur, sans
résultat... Moi, je suis la représentante de
ce courant et j'y crois, mais, après 15 ans de travail
et aucun résultat, je n'ai plus aucune crédibilité
aux yeux de mon peuple et je comprends...
|
|
Jean-Paul CHAGNOLLAUD le confirme : 18 mois de négociations
n'ont abouti à aucune véritable concession, et la colonisation
ronge depuis 30 ans la Cisjordanie, où il y a 500.000 colons
israéliens, alors que l'arrêt de la colonisation à
Gaza n'en supprime que 8.000, dont une partie, est, de plus, allée
en Cisjordanie.
Par ailleurs, cet arrêt, résultant d'une décision
unilatérale n'a pas été négocié
et n'a pas pu "penser l'avenir" ;
|
Jean-Paul
CHAGNOLLAUD : Ca
fait (...) 18 mois qu'il y a un processus, entre guillemets,
de négociation avec l'autorité palestinienne.
(...) Pourquoi est-ce que ça n'a pas abouti ? (...) Pourquoi
est-ce qu'il n'y a pas eu de véritables concessions ?
(...) Pourquoi, depuis 15 ans, et je pourrais remonter à
il y a 30 ans, la colonisation vient ronger systématiquement
la Cisjordanie
? Ca, c'est une décision israélienne.
Daniel
SHEK : Il
y a décision
israélienne aussi d'arrêter la colonisation
à Gaza,
et vous voyez à quoi ça a abouti : ils sont partis
et ça n'a pas amené la paix.
Jean-Paul CHAGNOLLAUD : Vous êtes en train de mettre
sur le même plan 8 000 colons et 500 000 colons. (...)
Une partie (des colons de Gaza,
N.D.L.R.) sont allés en Cisjordanie,
et ça ne pouvait pas amener la paix, pour deux raisons
: la première, c'est que ce désengagement était
purement unilatéral,
et en aucune manière négocié, donc, on
n'avait pas pu penser l'avenir, et ensuite, la colonisation
en Cisjordanie
a considérablement augmenté : on est à
500 000 colons aujourd'hui, en comptant Jérusalem-Est.
(...) C'est ça, qui est un facteur profond de déstabilisation
de la région.
|
|
cette impuissance de la méthode de négociation décrédibilise,
aux yeux du peuple palestinien, l'autorité
palestinienne, au profit
du Hamas qui, sous
une occupation militaire, résiste militairement, dans un système,
où une bonne partie de ses membres est complètement imbriquée
dans la population, d'où leur présence au milieu d'enfants
palestiniens, qui met en péril ces derniers, sans qu'on puisse
nécessairement accuser
le Hamas d'avoir le
cynisme de vouloir les faire tuer, pour émouvoir la communauté
internationale :
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Jean-Paul
CHAGNOLLAUD : (Le Hamas)
est un mouvement politique, qui a eu, à des moments de
sa trajectoire, des modes d'action qu'on peut qualifier de terroristes
au sens très précis où il a attaqué
des civils.
Yves CALVI : Est-ce qu'il kidnappe femmes et enfants
palestiniens, en ce moment, en en faisant des otages, eux aussi
?
Jean-Paul CHAGNOLLAUD : Je pense que nous sommes dans
un système, où une bonne partie du Hamas
est, effectivement, complètement imbriquée dans
la population, et qu'il doit y avoir aussi des cyniques dans
le Hamas, qui n'hésiteront devant rien. C'est possible.
|
|
Or, c'est par la méthode de négociation qu'Israël
veut aboutir à la paix, en donnant, pour le moins, l'impression
de vouloir maîtriser la création de l'état
palestinien :
|
Leïla
SHAHID : Mais, vous n'avez pas encore reconnu l'existence
de l'état
palestinien, Monsieur l'Ambassadeur.
Daniel
SHEK : Il
n'y a pas d'état
palestinien. Je travaille pour sa création,
Madame SHAID, comme vous le savez très bien.
Leïla SHAHID : L'état
d'Israël n'a pas encore reconnu l'état
palestinien.
Daniel SHEK : Mais
il n'y a pas encore d'état
palestinien. Je vous assure que, quand il se créera,
à la suite d'une négociation de paix, je serai
le premier à le reconnaître.
Leïla SHAHID : Oui, mais vous entendez le ton que
vous employez : vous avez un ton colonial : "Lorsqu'ils
auront changé, on leur parlera."
|
|
"je travaille pour sa création", "ton colonial"...
Cette volonté d'Israël
d'être maître du jeu, se retrouve dans l'arrêt
de la colonisation à Gaza, "unilatéral", "non
négocié" et donc, source de conflit, parce que
ne tenant pas compte des besoins du peuple palestinien, déjà
cités plus haut : être
"libre", "souverain", "créer",
"bouger", "vivre"...
Il y a, là, un point important sur lequel Israël
pratique cette "politique l'autruche" dont parle Leïla
SHAHID, une source de guerre, pour lui qui dit vouloir la paix.
Tant qu'il
agira ainsi, Israël
ne pourra pas reconnaître l'état
palestinien, pour la bonne raison que les Palestiniens
ne le laisseront pas être maître de la création de
cet état, et qu'il ne sera, en conséquence, pas créé.
La méthode de négociation est donc enfermée dans
un cercle vicieux.
Israël
fait la sourde oreille et justifie son "ton colonial" par
le fait que le Hamas
veut sa perte :
|
Leïla
SHAHID : Oui, mais vous entendez le ton que vous employez
: vous avez un ton colonial :
"Lorsqu'ils auront changé, on leur parlera."
Daniel SHEK :
Parce qu'ils
veulent ma perte, Madame.
Leïla SHAHID : Oui, mais moi j'ai 900 morts.
Daniel SHEK :
Et moi,
je n'accepte pas qu'on veuille ma perte et celle de mes enfants.
Leïla SHAHID : Oui, mais nous, nous sommes en train
de mourir tous les jours, vous n'êtes pas en train de
mourir tous les jours.
Daniel SHEK :
Je n'accepterai
pas qu'une organisation, en face de moi, menace de mort mes
enfants.
Leïla SHAHID : Et parce que les Palestiniens
doivent accepter ? Et alors, nos enfants ne sont pas
menacés de mort, Monsieur l'Ambassadeur ? C'est eux qui
meurent tous les jours.
|
|
Et, il n'est pas étonnant que le Hamas
refuse de reconnaître la réalité de l'existence
d'Israël,
comme le déplore Daniel SHEK, tant que celui-ci est enfermé
dans une voie, qui l'empêche de reconnaître l'état
palestinien :
|
Daniel
SHEK : Le
Hamas n'est
même pas prêt à reconnaître mon existence.
Pourtant je suis bien là, en chair et en os. Mes enfants
vivent en Israël.
Leïla SHAHID : Mais, vous n'avez pas encore reconnu
l'existence de l'état
palestinien, Monsieur l'Ambassadeur.
|
|
d'autant plus que le "retour à la vie normale" proposé
par Israël,
en échange de la cessation des tirs de roquettes, n'est qu'une
vie misérable d'occupé :
|
Daniel
SHEK : Dès
que les tirs de roquettes cesseront, la vie normale reviendra
à Gaza.
Leïla SHAHID : Et pourquoi il n'y a pas de vie normale
en Cisjordanie
? (...) Ca fait 42 ans qu'en Cisjordanie,
on bombarde, on envahit, on construit un mur... (...)
Daniel
SHEK : Vous
voulez que je vous ressorte les attentats suicides d'il y a
5 ans ? (...) Je parle d'aujourd'hui. (...) De quel côté
vous êtes ?
Leïla SHAHID : Je suis du côté de la
fin de l'occupation partout.
Daniel SHEK : Très
bien, alors, venons négocier la fin de l'occupation,
moi aussi, je suis pour la fin de l'occupation.
Leïla SHAHID : Alors, retirez-vous !
|
|
|
Israël
bénéficie du sentiment de culpabilité de la communauté
internationale dû à la Shoah
:
Leïla SHAID souligne le fait qu'Israël
est le seul pays qui viole la résolution du Conseil
de Sécurité, sans être sanctionné :
|
Leïla
SHAHID : Pourquoi,
comme dans toutes les guerres et toutes les occupations, les
décisions du Conseil
de Sécurité ne sont pas contraignantes pour
Israël
? Pourquoi il n'ya pas des résolutions sur les bases
de l'article VII ?
Bernard KOUCHNER : La résolution, chapitre VII, c'est
contraignant. Simplement, qu'est-ce que vous faites ? Vous envoyez
le "Charles de Gaulle" ?(...)
Leïla SHAHID
: Je
n'ai pas vu de sanctions en 42 ans, je n'ai vu que des appels
à convaincre Israël
d'être assez gentil pour se retirer des territoires, pour
arrêter la colonisation, pour arrêter le mur, maintenant,
pour arrêter les bombardements de Gaza.
Pourquoi est-ce que Israël
est le seul pays qui viole le droit international et à
qui le monde entier demande très gentiment, presque de
manière apologétique, de se retirer, de respecter
le droit ? (...)
|
|
La
déléguée palestinienne l'explique par le fait
qu'Israël
bénéficie de l'immense culpabilité de la communauté
internationale, liée au génocide
juif et à la Shoah,
et que c'est ce que payent les Palestiniens
:
|
Yves
Calvi : Comment
l'expliquez-vous ?
Leïla SHAHID
: Moi,
je pense, que c'est parce que, pendant 42 ans, les Américains
ont toujours opposé un droit de véto. C'est pour
cela que le vote de cette résolution 1860
est presque un miracle, parce que les Américains ne se
sont pas opposés, comme ils l'ont fait plus de 35 fois,
en faveur de l'agression israélienne, et parce que je
pense que l'Europe continue à penser qu'Israël
est uniquement victime, victime de son histoire d'un génocide,
qui est un crime contre l'humanité, qui est une catastrophe.
C'est pour cela que ce qui recommence dans les rues d'Europe
est terrible. (...)
Yves Calvi : Vous venez de nous dire, que les Palestiniens
continuent de payer l'immense culpabilité, qui est liée
au génocide
juif et à la Shoah.
Leïla SHAHID : Bien sûr, et qui fait qu'avec
Israël,
on fait un cas d'exception.
|
|
Mais, comme le monde
arabe n'est pas responsable de la Shoah,
il y a donc injustice, une injustice, qui condamne Israël
à la guerre :
|
Bernard
KOUCHNER :
C'est vrai que cette histoire a 60 ans, et c'est vrai que le
monde arabe
n'était pas responsable.
|
Yves
Calvi : Vous
venez de nous dire, que les Palestiniens
continuent de payer l'immense culpabilité, qui est liée
au génocide
juif et à la Shoah.
Leïla SHAHID : Bien sûr, et qui fait qu'avec
Israël,
on fait un cas d'exception. Et je pense que c'est condamner
Israël
à la guerre, parce que je pense qu'Israël
ne vivra pas en paix avec 22
pays arabes qui l'entourent, si elle continue à refuser
ce que les 3/4 du peuple israélien reconnaissent : il
faut un état
palestinien
pour assurer la sécurité de tout le peuple israélien.
|
|
retour à "propos..."
|
Le
Hamas :
Qu'est-ce donc que le Hamas,
ce mouvement, qui s'oppose à Israël
?
C'est, à la fois, un mouvement politique en évolution,
nous dit Jean-Paul CHAGNOLLAUD :
|
Yves
CALVI :
C'est
quoi le Hamas
?
Jean-Paul CHAGNOLLAUD : C'est un mouvement politique, qui
(...) a beaucoup évolué d'un point de vue idéologico-politique,
et, pour prendre un exemple, il a refusé les élections
de 1996, qui étaient les premières élections
dans le cadre du processus
d'Oslo, et, 10 ans plus tard, en 2006, il a accepté
et les élections législatives et les élections
municipales, et donc, il a évolué sur le plan
politique (...)
Yves CALVI : C'est quoi le Hamas
?
Jean-Paul CHAGNOLLAUD : C'est un mouvement politique, qui
a eu, à des moments de sa trajectoire, des modes d'action
qu'on peut qualifier de terroristes
au sens très précis où il a attaqué
des civils.
|
|
et religieux, fondamentaliste
extrêmement haineux et violent, nous disent Frédéric
Encel et Charles ENDERLIN :
|
Frédéric
ENCEL : On
parle à juste titre d'un mouvement politique.
Ce n'est pas seulement un mouvement politique, et c'est bien
là tout le problème. C'est un mouvement fondamentaliste,
un mouvement religieux (qu'il soit musulman ou non, peu m'importe),
dont l'objectif est parfaitement annoncé en juillet 88,
lors de la première
Intifada : Ce qui est annoncé dans sa charte traduit
une haine extraordinaire et pas seulement avec Israël
- ça, on peut le comprendre (...) -. Mais c'est un mouvement
qui est très violemment antisémite,
anti franc-maçon,
anti Lions
Club, anti Rotary
Club.
(...)
Charles ENDERLIN
: C'est un
mouvement religieux, Frédéric Encel a parfaitement
raison.
L'origine du Hamas,
c'est la branche la plus dure des "frères
musulmans" de Saïd KOUTOUK, qui, d'ailleurs, a
été pendu par Gamal Abdel Nasser, en 1966. Le
Cheikh Yacine, le fondateur du Hamas,
a publié les écrits de Saïd KOUTOUK, en 1968,
qui sont violemment anti-juifs, anti Rotary,
anti Freud.
Je crois que l'objectif principal du Hamas,
et, pour cela, il peut être très pragmatique sur
le terrain, c'est d'islamiser la société
palestinienne. (...)
Est-ce que, au fil des ans, il va devenir moins religieux et
plus politique, comme le dit l'Ambasssadeur d'Israël ?
Je crois qu'il faut l'espérer, parce que, effectivement,
sur le terrain, c'est également un
mouvement très important au sein de la société
palestinienne.
|
|
Son discours est double, selon qu'il parle aux étrangers occidentaux
et aux palestiniens
:
|
Charles
ENDERLIN : Il y a deux discours dans
le Hamas :
- discours extérieurs, quand on reçoit les étrangers,
des occidentaux : On est prêts à accepter un état
palestinien dans les frontières de 1967.
- Et puis, ce qui se passe : J'ai des heures et des heures d'interviews
de dirigeants du Hamas,
à différentes époques. C'est un mouvement
religieux, Frédéric Encel a parfaitement raison.
|
|
C'est un perturbateur, qui joue la politique du pire, outrepassant les
droits que lui donne son élection, comme Israël
outrepasse les siens, par la colonisation :
|
Frédéric
ENCEL : Le Hamas
joue, depuis au moins 94, de manière absolument systématique,
la politique du pire. En 94, nous sommes au meilleur moment
du processus
de paix d'Oslo.
(...) C'est à ce moment-là, que le Hamas
choisit de frapper pour la première fois les villes israéliennes,
à base d'attentats de type kamikaze.
|
Frédéric
ENCEL : Attention ! Ils gagnent des élections de
manière totalement démocratiques, il y a 2 ans
presque jour pour jour, oui ! des élections législatives
et non pas présidentielles :
1.- ce n'est pas pour disposer des prérogatives en matière
de défense,
2.- ce n'est pas pour disposer des prérogatives en matière
d'affaires étrangères,
3.- ce n'est pas pour perpétrer un putsch sur une partie
du territoire, à savoir sur la bande
de Gaza.
|
|
Son objectif n'est pas de détruire Israël,
mais d'islamiser la société palestinienne et de s'y emparer
du pouvoir :
|
Charles
ENDERLIN : Je
crois que l'objectif principal du Hamas,
et, pour cela, il peut être très pragmatique sur
le terrain, c'est d'islamiser la société
palestinienne.
|
Frédéric
ENCEL : L'objectif fondamental du
Hamas, qui
est composé de fanatiques, mais pas du tout de gens stupides,
ce n'est pas de détruire Israël.
Le Hamas ne
le peut pas, et il le sait très bien, le Hamas
ne peut même pas détruire des grandes villes en
Israël.
En revanche, s'emparer du pouvoir sur l'ensemble de l'autorité
palestinienne, c'est là son véritable objectif.
|
|
retour
à "propos..."
|
Le
Hamas - l'autorité
palestinienne - Israël
:
Contrairement à ce que voudraient Israël
et ses partisans, le Hamas,
bien qu'ayant réalisé un putsch en Palestine
et tué ses frères, n'est ni criminalisé, ni rejeté
par l'autorité
palestinienne, et pour cause... si l'autorité
palestinienne n'approuve pas sa méthode de
lutte armée, elle ne peut lui montrer
aucun résultat probant, acquis avec la sienne de négociation
:
|
Frédéric
ENCEL :
D'autre part, depuis le putsch que le Hamas
a perpétré, non pas contre Israël,
mais contre l'autorité
palestinienne elle-même, un Hamas
qui est aussi criminalisé tous les jours par le président
palestinien, et à mon sens, à juste titre.
(...)
Leïla SHAHID : Le
président palestinien a invité le Hamas
à un dialogue, il y a une semaine et il le réinvite
aujourd'hui. Alors, s'il vous plait, le président
palestinien ne les criminalise pas, il les invite, parce
qu'il considère qu'ils font partie du corps
palestinien et qu'il essaie de les amener à des positions
politiques,
mais pas en les bombardant.
|
Charles
ENDERLIN : (...) effectivement, sur le terrain, c'est également
un mouvement très important au sein de la société
palestinienne.
|
Daniel
SHEK : (...)
Vous avez la méthode Hamas,
Hamas qui est
l'occupant de Gaza...
Leïla SHAHID : Il est chez lui à Gaza,
il n'est pas "occupant de Gaza".
Daniel SHEK :
Ce n'était
pas l'opinion des représentants de l'autorité
palestinienne, quand ils ont été tués,
enlevés par un coup d'état.
Leïla SHAHID : Je représente la Palestine
jusqu'à nouvel ordre et je vous dis qu'ils sont chez
eux, même s'ils ne sont pas du même bord politique
que l'autorité
palestinienne.
Daniel SHEK :
Très
bien. Ca va un peu plus loin que le bord politique, mais je
vous laisse naturellement le loisir de soutenir ce que vous
voulez.
|
|
Par contre, Israël
et la communauté
internationale le criminalisent et rejettent ses membres, comme
des gens non "fréquentables", avec qui il n'y a encore
pas de sujet de conversation possible :
|
Daniel
SHEK : (A
Gaza), vous
avez en face de vous, non pas un gouvernement légitime,
mais une organisation
terroriste qui se trouve sur toutes les listes des organisations
terroristes du monde, et pour cause, parce que c'est une
organisation
terroriste, et donc, c'est sur cette liste qu'elle doit
être, et non pas sur la liste des organisations fréquentables,
que la communauté
internationale tout entière, comme l'a dit si bien
le ministre Bernard KOUCHNER, ne peut pas dialoguer avec ces
gens-là tant qu'ils n'ont pas rempli un minimum de conditions
pour avoir un dialogue. (...) Moi, je dis aussi : "il faut
négocier avec ses ennemis", mais encore, faut-il
avoir un sujet de conversation, et le sujet de conversation
avec le Hamas,
il n'existe pas encore. Je ne dirai pas qu'il n'existera jamais
(...) Quand Bernard KOUCHNER pourra dialoguer avec le Hamas,
en toute probabilité, mon gouvernement pourra le faire
aussi.
|
|
Une façon de l'exclure du jeu politique, ce qui est une erreur
à terme, comme le dit Jean-Paul CHAGNOLLAUD :
|
Jean-Paul
CHAGNOLLAUD : Quand Monsieur l'Ambassadeur dit : "C'est
une organisation
terroriste", c'est simplement une qualification politique,
qui a pour objectif...
Daniel
SHEK : Ce
n'est pas la mienne. C'est celle de votre gouvernement aussi...
Jean-Paul CHAGNOLLAUD : Ce n'est pas la vôtre,
mais que vous reprenez, Monsieur l'Ambassadeur... mais qui a
pour fonction de disqualifier l'adversaire, et, à partir
du moment où on a disqualifié l'adversaire, on
l'exclut, on l'expulse du champ politique et, par conséquent,
tout est possible. Et d'abord on le criminalise, et ça,
c'est une erreur à terme, je crois que, de toutes façons,
et Bernard KOUCHNER le disait tout à l'heure, a un moment
ou à un autre, il faudra bien qu'il revienne dans le
jeu - sous conditions, on est d'accord - mais il faudra qu'il
revienne dans le jeu.
|
|
Erreur, permettant, en attendant, à Israël
de rejeter sur le Hamas
toute la responsabilité de l'insécurité des palestiniens
:
|
Daniel
SHEK :
Et c'est le Hamas
qui est notre ennemi, aujourd'hui, parce que c'est le Hamas
qui tire les roquettes et c'est le Hamas
qui prend la responsabilité de l'insécurité
des Palestiniens
;
|
|
d'abord, sous le prétexte, qu'il est imbriqué dans la
population, alors qu'il est dans un système, où il ne
peut pas en être autrement :
|
Daniel
SHEK : (Sortant
une photo avec des membres du Hamas
au milieu d'enfants) C'est la responsabilité de ces gens-là.
C'est des civils, ça, ou c'est des combattants ?
Leïla SHAHID : Non, ils n'ont jamais dit qu'ils
étaient civils, ils sont combattants.
Daniel SHEK :
Qu'est-ce
qu'ils font parmi les enfants, pour vous qui dites qu'il y a
des débordements ?
Leïla SHAHID : Parce qu'ils sont sous occupation
et, sous occupation militaire, on résiste aussi militairement.
|
|
retour
à "propos..."
|
Etats-Unis,
Israël,
communauté
internationale et Hamas
: erreurs, incohérence, hypocrisie :
Il y a plus : "Erreur", "incohérence",
"hypocrisie" ?... Israël
rejette sur le Hamas
toute la responsabilité de l'insécurité des Palestiniens,
alors que c'est sous la pression du président américain
George BUSH,
qu'il a accepté la participation du Hamas aux élections
législatives de 2006, avec l'accord de l'Union Européenne
:
|
Charles
ENDERLIN : Il faut rappeler un certain
nombre d'erreurs commises par les politiques américains
et israéliens envers le Hamas
, le Hamas
qui a été chouchouté
par les autorités israéliennes jusqu'à
la première
Intifada, en 1998, jusqu'à la création de
sa branche armée. Et puis, plus récemment, les
élections législatives palestiniennes : C'est
sous la pression du président américain, George
BUSH, que Ehud
Holmert et Ariel
Sharon ont été obligés d'accepter la
participation du Hamas,
alors que le Fatah
n'en voulait pas. C'était faire entrer le Hamas
qui s'oppose au processus
d'Oslo et qui veut le détruire, à l'intérieur-même
de cet organisme parlementaire qui devait faire avancer le processus
d'Oslo.
|
|
Leïla SHAHID explique,
que c'est une fois qu'il a gagné ces élections, que le
Hamas fut déclaré
terroriste par la communauté
internationale. Pourquoi plus le lendemain que la veille ?
|
Leïla
SHAHID : Comment
se fait-il que l'Union
Européenne, les américains ont accepté,
de manière totalement ouverte, que le Hamas
participe à la campagne
électorale de 2006, participe aux élections,
et n'ont décidé qu'ils ont découvert la
nature terroriste,
que lorsqu'ils ont eu la majorité des voix au Parlement
? Je trouve qu'il y a quelque part une hypocrisie, une incohérence,
non seulement de la part des Israéliens, mais aussi de
la communauté
internationale.
Yves CALVI : Ce n'est pas faux ce que vous venez de dire.
|
|
Et ce n'est pas
tout : Lorsque, à Gaza,
le Hamas a triomphé
dans les mosquées, au lendemain du retrait
unilatéral des colons, Israël
a refusé à l'autorité
palestinienne le bataillon supplémentaire de police palestinienne,
nécessaire pour le maintien de l'ordre. Jusqu'au putsch du Hamas,
il a aussi refusé le transfert d'armes et de munitions à
la police palestinienne, si bien que les correspondants de presse comme
les politiques savaient que Gaza
allait tomber aux mains du Hamas
:
|
Charles
ENDERLIN : Et puis il y a eu le retrait
unilatéral de Gaza (...) Je suis témoin du
fait qu'au lendemain du retrait, toutes les mosquées
du Hamas
annonçaient une victoire des islamistes. Ariel
Sharon a refusé a Mahmoud
ABBAS l'autorisation de déployer à l'intérieur
de Gaza
un bataillon supplémentaire de police palestinienne,
qui était entraînée en Jordanie. Pratiquement
jusqu'au putsch du Hamas,
les Israéliens refusaient le transfert d'armes et de
munitions à la police palestinienne de Gaza
et nous savions tous (les correspondants qui allaient sur place)
que Gaza allait
tomber aux mains du Hamas.
Donc, si, nous, les journalistes, nous le savions, il est évident
que les politiques le savaient également.
|
|
Israël
a donc livré sciemment Gaza
au pouvoir du Hamas,
qu'il rend responsable de l'insécurité des palestiniens.
Il est donc, en fait,
quoiqu'il en dise, le premier responsable de cette insécurité
après George
BUSH :
parce qu'il a tout fait pour que Gaza
tombe aux mains du Hamas
;
parce que la méthode de négociation qu'il prône,
ne donne aucun résultat depuis... 15 ans ! et ne laisse comme
seule alternative aux Palestiniens, que celle de la lutte armée
pour faire évoluer les choses.
|
|
Conflit
politique ou culturello-civilisationnello-religieux
? ou politico-culturello-civilisationnello-religieux
?
Nous arrivons, là, au point le plus délicat de l'émission,
Dominique SOPO et Frédéric ENCEL y soutiennent que ce
conflit doit être placé sur un terrain uniquement politique
et non culturello-civilisationnello-religieux.
Le problème, c'est que les raisons qu'ils donnent sont des plus
discutables :
Dominique SOPO donne une
raison politique,
qui n'a rien d'essentiel :
|
Dominique
SOPO : Dans
ce qui est en train de se passer, il faut bien rappeler qu'on
est en face d'un conflit politique
et non pas face à un conflit religieux
ou à un conflit ethnique,
parce que, si l'on dit - ce qui est souvent sous-jacent
-, que c'est un problème entre juifs et musulmans, eh
bien, dans tous les pays où il y a des juifs et des musulmans,
il peut y avoir tension.
|
|
En effet, pour lui, ce conflit, est politique,
pour éviter qu'il soit dit "religieux",
car cela amènerait des tensions. Il y a là un tour de
passe-passe qui ne dit pas ce qu'il est réellement. Or, c'est
seulement quand on est dans la réalité, qu'on ne bâtit
pas sur du sable, tout le reste n'est que langue de bois, verbiage
et mensonge.
L'argumentation de Frédéric ENCEL, quant à elle,
consiste à dire, que le conflit n'est pas religieux
ou culturello-civilisationnel,
parce que, chez les Palestiniens,
il y a des minorités non musulmanes, et chez les Israéliens,
plus de 20 % de minorités non juives, et qu'il faut "absolument
politiser ou repolitiser" l'analyse du conflit.
S'il faut politiser ou repolitiser cette analyse, cela signifie bien,
qu'elle n'est pas située dans le domaine politique,
ou qu'elle en est sortie :
|
Frédéric
ENCEL : Aujourd'hui, parmi la population
de la Bande
de Gaza, il n'y a pas que des musulmans, il y a aussi des
chrétiens, une petite minorité chrétienne,
et il y a des chrétiens chez les Palestiniens,
et parmi les soldats israéliens qui ont été
tués pendant l'offensive, il y a 2 musulmans... Enfin
! il y a un druzze et un bédouin, qui fait l'armée
en Israël. il y a plus de 20% de la population israélienne
qui n'est pas juive. Donc, ce n'est évidemment pas un
conflit de type religieux, même s'il y a instrumentalisation,
soit de la part de gouvernants, soit de la part de militants
politiques, comme il y en a, aussi ici, mais je serai tout à
fait d'accord avec ce que vient de dire Dominique SOPO, il
faut absolument repolitiser, ou politiser l'analyse du conflit,
parce que c'est un conflit politique,
et surtout ne pas cèder à la fièvre de
la guerre des cultures
ou des civilisations.
|
|
Par ailleurs, quand on a fait partie de la minorité d'un pays,
on sait que la première recommandatioin qui lui est faite, c'est
de ne pas faire de vagues et d'accepter les us et coutumes du pays d'accueil.
Bien plus, nous verrons que Scriptoral montre, qu'il y a dans l'humanité
deux grandes formes d'esprit opposées nées de la tradition
orale, dont il nous incombe de découvrir la complémentarité,
et que, ce qui diffère, suivant les civilisations,
ce n'est pas tant les personnes dotées de ces formes d'esprit,
que la façon dont elles sont traitées. Ainsi, il y a chez
les juifs et les musulmans, et donc en Israël
et dans la société
palestinienne, ces deux formes d'esprit, Celle qui est à
l'honneur chez les musulmans est mise en question chez les juifs, et
celle qui est à l'honneur chez les juifs est regardée
avec méfiance par les musulmans. Et pour comprendre cela, qui
est, sans doute, le B-A - BA de tout le conflit, il faut surtout ne
pas craindre de s'engager sur le terrain culturello-civilisationnello-religieux,
à condition de ne pas le faire, évidemment, à la
manière caricaturale de George
BUSH.
L'analyse de Leïla SHAHID est beaucoup plus fine : Le président
américain George
BUSH, qui est le premier responsable de la montée en puissance
du Hamas, est celui
qui a amené le discours de guerre de civilisations. Et sa guerre
anti-terroriste a été perçue comme une guerre anti-musulmane
par les musulmans. Par ailleurs, l'armée israélienne a
bombardé, à Gaza,
pour des raisons politiques,
12 mosquées :
|
Leïla
SHAHID : Cela vient après la
guerre des civilisations
de Monsieur
BUSH. Celui qui a amené ce discours de classes de
civilisations,
ce n'est pas Israël
et la Palestine,
c'est beaucoup plus large, c'est toute la guerre que le président
américain a vendue comme une guerre anti-terroriste,
et que la plupart des citoyens musulmans du monde ont perçue
comme une guerre contre les musulmans, même si, malheureusement,
Ben Laden est musulman.
Et je crois qu'il y a, aujourd'hui, dans les cibles que l'armée
israélienne prend, un très grand danger. Même
si vous dites qu'il y a des armes et des combattants qui se
cachent, lorsque vous bombardez 12 mosquées à
Gaza, on remet de l'essence sur tout ce discours des classes
de civilisations
et on risque de mettre le feu, (...) parce que, tant qu'il n'y
aura pas une protection par la loi de la situation d'occupation
militaire et de la misère des Palestiniens,
des jeunes penseront qu'ils prennent la loi dans leurs mains,
en montrant leur rage.
|
|
Ainsi, d'un côté,
George BUSH,
le premier responsable du conflit, d'après l'analyse de Charles
ENDERLIN, est celui qui a amené le discours de guerre de civilisation,
de l'autre côté, le Hamas,
désigné par Israël
comme le responsable de tous les maux des Palestiniens
est un mouvement fondamentaliste
religieux,
plus religieux
que politique,
puisque son objectif est d'islamiser la société palestinienne,
si bien qu'il oblige Israël à bombarder 12 mosquées,
et il faut que tout cela ne soit que politique
et n'ait rien de culturello-civilisationnello-religieux
! N'est-ce pas, là, un nouvel et magnifique exemple de cette
"politique de l'autruche" dont parle Leïla SHAHID ?
En fait, le problème vient de ce que la relation des religions,
des cultures et des
civilisations
peut être conçue négativement comme une opposition
stérile, un choc, source de "fièvre" et de mort,
auquel cas, on fait la politique
de l'autruche en évitant ce terrain de confrontation miné
sous-jacent, pourtant bien réel.
A l'inverse, cette relation peut être conçue comme une
opposition dynamisante à complémentariser, comme le moteur
de l'évolution créatrice, source de vie et de régénération,
auquel cas, loin de la fuir, il faut la rechercher pour ouvrir la lumière
: c'est ce que nous allons faire avec Scriptoral.
|
|
|
En résumé
:
D'un côté, Israël,
en pleine contradiction avec le monde arabe très hostile qui
l'entoure, est dominateur, aveugle et d'une incohérence qu'il
partage avec l'Amérique de George
BUSH et la communauté internationale. De l'autre, les Palestiniens
sont en pleine contradiction avec eux-mêmes.
Israël
est dominateur :
|
avec la communauté internationale dont
il refuse les résolutions déclarant illégales
son occupation des territoires par la force militaire, car il bénéficie
de l'immense culpabilité collective liée à
la Shoah.
avec les Palestiniens
dont il occupe
militairement les territoires :
|
leur faisant ainsi injustement payer une faute dont ils ne
sont pas responsables,
cherchant à fonder,
avec une "main de fer", sa sécurité sur
l'insécurité de ses voisins, en croyant uniquement
à la force militaire, utilisée de manière
excessivement disproportionnée,
retirant
ses colons de Gaza unilatéralement, sans négocier
et penser l'avenir,
ne pouvant pas aboutir,
après 15 ans de négociation à la création
d'un état palestinien, parce que voulant négocier
colonialement cette création, sans tenir compte du besoin
de libre-arbître des Palestiniens
;
|
Israël
est aveugle : il n'a pas de vision politique ;
Israël
partage son incohérence avec les Américains et la communauté
internationale, relativement :
|
à la méthode qu'il prône
(la négociation), puisqu'elle ne lui permet pas d'aboutir,
au Hamas,
qu'il criminalise pour l'exclure du jeu politique, le déclarant
terroriste
infréquentable, responsable de l'insécurité
des Palestiniens,
après qu'il ait gagné des élections
législatives, où Israël
a accepté qu'il se présente sous la pression de George
BUSH ; remarquons, que, si le Hamas
a outrepassé les droits que lui donnaient son élection
(putsch), Israël
outrepasse les siens depuis 42 ans (occupation) ;
à Gaza,
qu'il bombarde, alors qu'il l'a livrée au pouvoir du Hamas,
en empêchant l'autorité palestinienne de faire règner
l'ordre, au lendemain du succès électoral du Hamas.
|
Les Palestiniens
sont en contradiction avec eux-mêmes :
|
contradiction entre l'autorité
palestinienne, qui reconnaît l'existence d'Israël,
et qui est partisane de la négociation de paix, et le Hamas,
qui ne reconnaît pas l'existence d'Israël,
et qui est partisan de la lutte armée et de la "politique
du pire". Le Hamas
est un mouvement fondamentaliste religieux, dont l'objectif est
d'islamiser la société palestinienne et dont la montée
en puissance est liée à l'absence de résultat
de 15 ans de négociations de paix.
|
Des raisons politiques
font que l'on veut placer ce conflit sur un terrain uniquement politique,
quand d'importants éléments culturello-civilisationnello-religieux
y sont évidents. Cela tient au fait que la relation des civilisations
est uniquement conçue comme un choc, source de fièvre
et de mort, alors qu'elle peut être tout le contraire, apporter
espoir, confiance et lumière, au milieu de désolation,
mort et ténèbres. C'est ce que nous allons montrer ci-après,
avec Scriptoral.
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|
Qu'est-ce que Scriptoral
? C'est la pyramide inversée résultant de la relation
des formes d'esprit opposées de composition-interprétation
et de destruction-transformation improvisatrice. Son principe d'élaboration
est visible, en plusieurs endroits de ce site (pyramide.htm
; une_interpretation.htm#les
; vous pouvez aussi le construire vous-même à partir
de l_o_france.htm#construisez).
Pourquoi nous intéresse-t-il ? Parce que, découvert
à partir d'une création poético-picturo-musicale,
"Chromophonie Scriptorale",
réalisée avec l'improvisateur-compositeur-peintre, Yochk'o
Seffer, il montre que les formes d'esprit artistiques de composition-interprétation
/ destruction-transformation improvisatrice plus ou moins respectueuse
- il est souhaitable qu'elle le soit plus que moins - se retrouvent
à tous les niveaux de la société, à commencer
par les niveaux spirituels :
ainsi,
la trimourti indoue est composée de Brahma,
le Créateur, Vishnu,
le Parfait Interprète, et Shiva,
le destructeur-transformateur ;
et,
chez nous, la Bible
hébraïque est un livre composé, qui met en question
le verbe des prophètes
; le christianisme,
qui en est issu, s'en présente comme la parfaite interprétation,
le parachèvement :
|
|
composition-interprétation,
donc, pour le judéo-christianisme,
religions de libération et d'élévation
;
|
|
la Pâque
juive célèbre la sortie d'Egypte et la libération
de l'esclavage (élévation : l'homme libre se redresse)
; la fête de Pâques
chrétienne célèbre la libération
de la mort à partir de l'élévation du Christ
sur la croix. Par ailleurs, la composition, qui met en question la source
orale, résout ses contradictions (la libère de)
et s'élève au-dessus d'elle grâce à
l'écriture, ou un autre moyen de fixation.
|
|
Ce qu'apporte Mahomet,
avec l'Islam, par
rapport au judaïsme
et au christianisme,
c'est à la fois :
le respect de leurs livres sacrés :
|
|
«
Dis aux hommes des Écritures : "Vous ne vous appuierez sur rien
de solide tant que vous n'observerez pas le Pentateuque,
l'Évangile
et ce que Dieu a fait descendre d'en haut. Le Livre que tu as
reçu du ciel, ô Muhammad
!" (...) » (Coran, V, 72, Éditions Flammarion) ;
|
«
"Dites : Nous croyons en Dieu et à ce qui a été
envoyé d'en haut à nous, à Abraham
et à Ismaël,
à Isaac,
à Jacob,
aux douze
tribus, aux livres qui ont été donnés
à Moïse
et à Jésus,
aux livres accordés aux prophètes par le Seigneur,
nous ne mettons point de différence entre eux et nous
sommes résignés à la volonté de
Dieu." » (Coran, II, 130, Éditions Flammarion) ;
|
|
|
et la destruction-transformation
de ce qu'ils ont d'essentiel, leurs deux Pâques :
|
|
pour le Coran,
Moïse
n'a pas amené les hébreux en Terre Promise, il les
a renvoyés en Egypte
:
|
|
« Lorsque vous
avez dit : "O Moïse
! nous ne pouvons supporter une seule et même nourriture ; prie
ton Seigneur qu'il fasse pousser pour nous ces produits de la
terre, des légumes, des concombres, des lentilles, de l'ail
et des oignons; " Moïse
vous répondit : "Voulez-vous échanger ce qui est bon contre
ce qui est mauvais ? Eh bien rentrez en Égypte,
vous y trouverez ce que vous demandez." Et l'avilissement et
la pauvreté s'étendirent sur eux, et ils s'attirèrent la colère
de Dieu, parce qu'ils ne croyaient pas à ses signes et tuaient
injustement leurs prophètes. Voilà quelle fut la rétribution
de leur révolte et de leurs méchancetés. » (Coran, II, 58, Éditions
Flammarion) ;
|
|
|
quant à Jésus,
toujours pour le Coran,
il n'a pas pu ressusciter, pour la bonne raison qu'il n'a jamais
été crucifié :
|
|
«
Ils disent : "Nous avons mis à mort le Messie,
Jésus
fils de Marie,
l'apôtre de Dieu." Non, ils ne l'ont point tué, ils ne l'ont
point crucifié, un autre individu qui lui ressemblait lui fut
substitué, et ceux qui disputaient à son sujet ont été eux-mêmes
dans le doute (...) » (Coran, IV, 156, Éditions Flammarion).
|
|
|
Il a été remplacé par un autre, car Dieu ne
peut pas accepter que le Verbe
qu'Il jeta en Marie
soit crucifié, c'est à dire suprêmement mis
en question, comme le disent les Evangiles
chrétiens :
|
|
«
Le peuple restait là et regardait. Les chefs, eux, se
moquaient : "Il (Jésus en croix, N.D.L.R.) en a
sauvé d'autres, disaient-ils ; qu'il se sauve lui-même,
s'il est le Christ
de Dieu, l'Elu !" Les soldats aussi se gaussèrent
de lui : s'approchant pour lui présenter du vinaigre,
ils disaient : "Si tu es le roi des Juifs,
sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi une inscription
au-dessus de lui : "Celui-ci est le roi des Juifs."
»
(Evangile
selon Saint Luc, La Sainte Bible, Ediions du Cerf.)
|
|
|
Le Coran
regroupe les paroles récitées par le prophète Mahomet
à son auditoire, afin d'être utilisées lors des prières musulmanes.
Elles lui ont été transmises par révélation par l'archange
Gabriel. Du vivant du Prophète,
ces paroles étaient inscrites sur divers supports d’écriture
: feuilles de palmiers, pierres plates, os et autres feuillets. Elles
furent rassemblées dans le Coran
après la mort de Mahomet,
à partir de ce qui était inscrit dans la mémoire
des meilleurs récitateurs.
Destiné à être récité, le Coran
fixe donc les paroles révélées au Prophète
dans leur intégralité, sans moindrement les mettre en
question. Mohammed Arkoun confirme, dans sa préface du Coran
publié par Flammarion, que ce sont la spontanéité
et le premier jet qui priment dans ce Livre :
|
|
«
Le langage coranique (...) est spontané : c'est un jaillissement
continu de certitudes qui ne s'appuient pas sur une démonstration,
mais sur une profonde adéquation aux éléments
permanents de la sensibilité humaine. » (Coran,
Préface de Mohammed ARKOUN, 4ème trimestre 1970,
Éditions Flammarion) ;
|
|
|
L'Islam refuse,
comme une atteinte à Dieu lui-même, toute filtration du
Verbe transmis
par les prophètes,
il refuse aussi l'élévation par l'écriture qui
"dépasse les limites", en filtrant ce Verbe
:
|
|
« Nous avons accepté le pacte des enfants d'Israël et leur avons
envoyé des prophètes
; toutes les fois que les prophètes leur annonçaient les vérités
que rejetaient leurs penchants, ils accusaient les uns d'imposture
et assassinaient les autres. » (Coran, V, 74, Éditions
Flammarion) ;
|
«
O vous qui avez reçu les Ecritures, ne dépassez
pas les limites dans votre religion, ne dites de Dieu que ce
qui est vrai. Le Messie,
Jésus
fils de Marie,
est l'apôtre de Dieu et son Verbe
qu'il jeta en Marie
: il est un esprit venant de
Dieu. Croyez donc en Dieu et en ses apôtres, et ne dites
point : il y a Trinité.
Cessez de le faire. Ceci vous sera plus avantageux. Car Dieu
est unique. Loin de sa gloire qu'il ait eu un fils. A lui appartient
tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Son patronage
suffit, il n'a pas besoin d'un agent. » (Coran, IV, 169, Éditions
Flammarion) ;
|
|
|
au contraire, il revient à la terre, qu'il touche du front dans
la prière, pour ouvrir la contradiction dans toute son étendue,
contradiction du judaïsme,
contradiction du christianisme
(cf. ci-dessus),
contradiction de soi-même, enfin, lorsque, par exemple, il demande
le respect des Ecritures qui l'ont précédé et en
détruit et transforme l'essentiel. Voici ce qu'en dit Mohammed
ARKOUN :
|
|
« On voit par cette version sur
le retour des Israélites
en Egypte
que Muhammad
refait à son gré l'histoire du Peuple
de Dieu. Nous nous dispenserons, à l'avenir, de relever
les discordances du Coran
avec les livres de l'Ecriture. » (Coran, Préface
de Mohammed ARKOUN, p.45,
4ème
trimestre 1970, Éditions Flammarion).
|
|
|
Et nous constatons, que comme Dominique SOPO, comme Frédéric
ENCEL, Mohammed ARKOUN, lui aussi, pratique sur ce point, la politique
de l'autruche. Et préfère ne pas trop s'interroger sur
la signification et la valeur de cet état fondamentalement contradictoire,
qu'il ne faut surtout pas cacher, car il représente une spécificité
de la spiritualité islamique, mettant en lumière, dans
toute son étendue, le pré-carré contradictoire
régénérateur du Coran,
par rapport au judaïsme
et au christianisme.
Pour avoir une première petite idée de la valeur de cette
contradiction, écoutons ce qu'en dit l'improvisateur-compositeur
Yochk'o SEFFER. Comme il est improvisateur-compositeur, Yochk'o SEFFER
présente l'intérêt de connaître les deux formes
d'esprit de composition et d'improvisation, l'improvisateur étant
à son verbe, ou son art, d'homme, ce que le prophète
est au Verbe
de Dieu :
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« L'improvisation peut-être
structurée, mais en prenant le terme le plus large possible,
elle devient une sorte de désordre. Plus on veut être
libre, plus on est ordonné. De l'ordre part l'extrême
liberté. Ainsi, j'ai besoin d'une structure pour la démolir,
la contredire, pour exprimer le non qui est dans le oui (...).
L'écriture me permet d'établir l'ordre, la structure,
le noyau, le rail... que je vais démolir, dont je vais
me libérer par l'improvisation, en commençant
par créer une sorte de trou noir (...)
«
La contradiction, c'est le moyen
d'avancer, la seule possibilité pour l'homme (...)
«
L'improvisateur fuit tout court. Quand je me surprends à
réimproviser sur des schémas que je connais par
coeur, je dois m'arrêter et me créer le trou noir
dont j'ai déjà parlé. A partir du moment
où je le ressens profondément, je tâtoinne
dans les noms des sons. Et ces sons m'indiquent de nouveau une
image (...)
«
Je fuis le redit, le script établi, pour trouver d'autres
sources d'imagination. Ainsi, les musiciens classiques doivent
observer leurs rêves, car ces rêves les amèneront
à improviser (...) tout musicien responsable doit improviser.
»
(As.Sa.Fra, bulletin n° 34, SEFFER, BOUHEY, JULIAC.)
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Importance des rêves
! C'est aussi par le biais de rêves, comme pour Abraham,
et par inspiration divine, que la révélation de l'archange
Gabriel se poursuivit pour
Mahomet, durant 23 années.
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