SOMMAIRE MUSIQUE COMMENTAIRES
Résolution optimale : 1920 pixels x 1080 pixels


XVII.
L'actualité française et internationale par la rédaction d'Europe 1 - Politique, culture, faits divers, économie, médias.

L'INTERVIEW DE GERARD CARREYROU ET ARLETTE CHABOT >
ABDENNOUR BIDAR :
PARTAGE DES VALEURS SANS FRONTIERES
& FRATERNITE GENERALE


Début du passage commenté à 00:18:18

Voir la page Europe 1

#

Abouhey - le 10/10/2016 à 15h39

Très intéressante, cette interview d’Abdennour BIDAR, qui met l’accent sur la nécessité d’un partage, sans frontières, ni profanes, ni religieuses, des grandes valeurs du patrimoine éthique et moral de l’humanité, que l’on soit croyants, athées ou agnostiques. En effet, ce lien entre le profane philosophique et le religieux révélé, entre les croyants et les incroyants est ce qui manque fondamentalement à l’actuel principe de laïcité français, qui refoule les valeurs du religieux dans l’espace privé. Il se prive, par là-même, de les connaître et donc divise notre humanité, la séparation venant de l’ignorance de ce que l’on a en commun, comme Abdennour BIDAR le dit à Arlette CHABOT. Ainsi, le principe de laïcité, bouclier semeur de zizanie de notre république, est la Ligne MAGINOT spirituelle de ce début de 3ème millénaire, une Ligne MAGINOT qu’il faut recouvrir de passerelles, jusqu’à en faire un seul et unique pont entre le laïc et le religieux, si on veut éviter que ne se renouvelle la catastrophe de mai-juin 1940, sous la forme de ce que le philosophe appelle « des sécessions sociales gravissimes, des divorces dans notre société ».

Tout à fait d’accord avec vous, Abdennour BIDAR, lorsque vous dites qu’il faut d’abord insister sur ce qui nous rassemble, qu’après, seulement, il y a des différences, parmi lesquelles vous mettez en évidence le sens oriental du collectif et l’individualisme occidental, qui ne sont pas, dites-vous, en contradiction, mais dont la complémentarité est à trouver…

Une remarque : quand bien même sens du collectif et individualisme seraient en contradiction, cela ne donnerait-il pas que plus de valeur à leur complémentarité, la contradiction étant l’un des éléments fondamentaux de l’évolution créatrice, qu’il faut apprendre à gérer, au lieu de l’éviter ? Une des grandeurs du Coran ne réside-t-elle pas dans la destruction-transformation de moments essentiels des livres qui l’ont précédé, comme les Pâques juive et chrétienne, parce que cette destruction-transformation est respectueuse (elle respecte ces livres à l’égal du Coran, tout en en contredisant l’essentiel) ? Et c’est bien ainsi, car cela apporte l’ouverture, face à l’élévation. La musique permet de le comprendre, pour peu qu’on la pratique comme un terrain d’expérimentation du rapport des formes d’esprit de composition, d’interprétation et de destruction-transformation improvisatrice respectueuse.

Dans l’improvisation musicale se retrouve, en effet, le sens du collectif que vous privilégiez. Car, tout y repose sur l’écoute intelligente de l’autre. Que l’on perde moindrement cette écoute et on perd le fil de l’improvisation comme celui du jeu de tradition orale, alors que, dans la composition-interprétation, qui est pensée individuellement, où l’écriture assure un minimum de jeu et où le soliste s’affirme en face du groupe (concerti), l’accent est porté sur l’individu, et cela, en toute complémentarité, la tradition orale engendrant la composition-interprétation, à laquelle s’oppose l’improvisation radicale, elle-même source d’une nouvelle composition-interprétation, etc… sans que la contradiction improvisatrice gêne en quoi que ce soit la complémentarité du « je » et du « nous », le premier fonctionnant en élévation et le second en ouverture, dans une conjugaison, qui, à terme, inverse la pyramide du pouvoir créateur, pyramide inversée où la lumière de cette confrontation s’ouvre en s’élevant et s’élève en s’ouvrant.

En fait, n’a-t-on pas là, la complémentarité de deux valeurs fondamentales du vivre ensemble : l’amour et l’intelligence altruiste, en remarquant que la valeur amour a bien des caractéristiques différentes, selon qu’il s’agit d’amour paternel, maternel, filial (resté avec le père ou s’en étant séparé), d’amour du fils ou de la fille pour le père, de la fille ou du fils pour la mère et vice-versa… ?

Notons qu’en chacun de nous, il y a ces trois formes d’esprit de composition, d’interprétation et d’improvisation, mais l’une seulement d’entre elles y est, en général, prépondérante Elles se retrouvent grâce à leurs valeurs communes, bien que leurs caractéristiques en soient différentes. Ainsi, l’amour des compositeurs pour leur œuvre et pour les interprètes qui la servent est un amour paternel : ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et attendent de ces interprètes qu’ils le mettent en lumière, sans le défigurer moindrement, s’ils sont exclusifs, ou en ajoutant le filtre de leurs sensibilités propres, s’ils sont ouverts. L’amour des interprètes pour les œuvres des compositeurs qu’ils jouent est un amour filial, de fils resté avec le père, avec une totale abnégation de soi, ou en cherchant à marier, au contraire sa personnalité avec celle du père-compositeur qu’il joue, ce qui implique de le perdre (« Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » [?]) pour se trouver et le retrouver (la Résurrection ?). L’amour de l’improvisateur pour l’œuvre du compositeur qu’il va transformer en pouvant aller jusqu’à détruire l’image qu’il en a, est aussi un amour filial, mais un amour filial d’enfant qui a quitté le père, pour se trouver à l’opposé de celui-ci, tout en le respectant comme il se respecte lui-même, ce qui n’a rien à voir avec l’enfant prodigue, qui a dilapidé son patrimoine et rentre tout penaud dans la lumière du père, qui serait la seule possible (paternalisme ?).

Voici, Abdennour BIDAR, ma façon d’échanger sur nos différences, au regard de votre approche particulièrement intéressante de la fraternité. J’ajoute à ce qui précède, que, sortant de ces considérations sur les formes d’esprit artistiques laïques fondamentales, qu’on retrouve dans les autres domaines de la société (entrepreneuriaux, politiques, etc…) je m’aperçus que, dans le domaine religieux, il y a l’hindouisme avec sa trimurti composée de Brahma, le Compositeur, Vishnu, le Parfait Interprète, Shiva, le Destructeur-Transformateur, et que, chez nous, il y a le judaïsme, où la Bible est un livre composé, il y a le christianisme, qui s’en présente comme la Parfaite Interprétation et l’islam, Destructeur - Transformateur Respectueux des Pâques juive et chrétiennes. Un triple monothéisme, où, si l’on cherche, comme vous le demandez, l’unité du multiple :

YHWH - Jésus-Christ / Allah,
Dieu le Père - Dieu le Fils / Dieu l’Esprit d'ouverture,

sont les trois formes d’esprit différentes et égales d’un même Dieu, qui se retrouvent, toujours différentes, mais inégales, en chacun de nous, chacun de nous relié ou non à Dieu, croyant, athée ou agnostique.

Je publie cette page, comme ma première contribution à vos journées sur la "fraternité générale", auxquelles je souhaite tout le succès possible, en attendant de pouvoir faire mieux, si Dieu le veut.

 

^
Tracker 59