VI.-

ANNE SINCLAIR,
ABDENNOUR BIDARD
"LETTRE OUVERTE AU MONDE MUSULMAN"

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Abouhey - le 25/04/2015 à 16h45

Une excellente question d’Anne Sinclair : qu’est-ce que l’islam a apporté au monde que le judaïsme et le christianisme n’avaient pas apporté avant ? Une réponse peu satisfaisante d’Abdennour Bidar : l’islam apporte, d’une part, une culture verticale du face à face avec le mystère transcendant de l’existence humaine et, d’autre part, une culture de la grandeur d’âme, sur le plan horizontal du rapport à l’autre, sur le modèle de la figure du prophète. En effet, le judaïsme partage la première et le christianisme la seconde, avec le modèle de Jésus. La nouveauté ne se situe donc pas vraiment là. Par contre, les notions de choc de deux civilisations destinées à s’opposer, qui se renvoient en miroir l’image de leur propre désarroi, est plus intéressante, à condition de ne pas considérer ce choc comme irrémédiable et de ne pas prendre ces deux civilisations pour plus malades qu’elles ne sont. Ce choc a été dépassé dans le monde laïque, en musique, et il suffit d’envisager le rapport des religions sous l’angle du rapport des formes d’esprit du monde laïque. La composition-interprétation correspond au judéo-christianisme et l’improvisation jazzistique destructrice-transformatrice respectueuse à l’islam (destruction-transformation des Pâques juive et chrétienne – Moïse a renvoyé les hébreux en Egypte, et Jésus n’a pas pu ressusciter puisqu’il a été remplacé sur la croix et donc non crucifié, selon le Coran -), mais destruction-transformation RESPECTUEUSE, puisque Muhammad demande de respecter les livres sacrés juif et chrétien autant que le Coran (qui dit le contraire) et de ne pas faire de différence entre eux. C’est là que se situe véritablement la difficulté, car, apparemment, on serait dans l’impasse la plus totale, si le monde laïque n’offrait pas une magistrale voie de solution, montrant comment l’improvisation sur une composition-interprétation donnée, permet de détruire et transformer respectueusement cette dernière, sans l’empêcher d’exister pleinement, mais en CO-EXISTANT avec elle. Pour cela, il ne faut pas s’attaquer à l’original, mais à une copie de celui-ci, à l’idée que l’on s’en fait, à la limite, à soi-même. C’est une lutte contre soi-même, qui, transposée sur le plan islamique, devient le bon Djihad. Ce bon Djihad permet, à terme, d’ouvrir l’énergie-lumière et d’inverser la pyramide du pouvoir créateur, dans une forme tenant de la Jérusalem céleste de Jean, en reliant laïcité et religions.

Abouhey - le 26/04/2015 à 14h39

Commentaire 2 revu : Muhammad est le Contradicteur du judaïsme, du christianisme et de lui-même, qui connaît et respecte à l’égal de lui-même ce qu’il contredit, comme, dans notre monde laïque, l’improvisateur connaît et respecte la composition qu’il peut contredire en la détruisant  et transformant. Muhammad est le modèle des musulmans. Toutefois, ceux-ci  s’inspirent de sa grandeur d’âme, mais pas de sa liberté d’expression, puisqu’ils récitent fidèlement les versets du Coran, ainsi qu’un musicien rejouant une improvisation fixée par l’écriture ou l’enregistrement. Si, au contraire, les musulmans, chacun selon leur propre sensibilité, contredisaient les livres sacrés juifs et chrétiens, en les connaissant et respectant autant que le Coran, ils s’inspireraient de l’essentiel : la forme d’esprit d’Allah transmise par Muhammad, et pourraient véritablement faire preuve de la grandeur d’âme et de l’ouverture du Prophète, en sachant comment le livre sacré qui leur a été donné, peut co-exister avec ceux qui l’ont précédé, bien qu’étant fondamentalement opposé à eux. Ils pourraient alors contempler Dieu, face à face, dans la plénitude trinitaire de ses formes d’esprit : celle de YHWH, le Père Compositeur, en perpétuelle attente d’un Interprète-Messie, celle de Jésus-Christ, le Fils Interprète-Messie lui-même Dieu Fils de Dieu, et celle d’Allah, l’Esprit d’ouverture, qui apporte un nouveau pré-carré contradictoire, source possible d’une nouvelle composition-interprétation / destruction-transformation, se répétant jusqu’à inverser la pyramide du pouvoir créateur en une forme où l’énergie-lumière s’ouvre en s’élevant, au lieu de se fermer comme dans l’actuelle pyramide à l’endroit, tombeau des égyptiens. Quant à la formation des imams, dont on parle tant actuellement, elle ne doit pas les enfermer dans une lettre édulcorée du Coran, mais, là aussi, les ouvrir à son esprit : leur faire connaître et respecter les livres sacrés juif et chrétien, leur montrer comment leur Coran s’y oppose, pourquoi cette opposition est bonne, comment ils peuvent eux-mêmes s'y opposer et comment ils doivent dépasser leur opposition pour que les trois Vérités n’en fassent plus qu’une : Celle de DIEU pleinement UN. En fait, la composition-interprétation judéo-chrétienne apporte l’élévation  et l’opposition islamique l’ouverture. Le bon djihad consiste à lutter intérieurement contre la tentation de faire de leur opposition la seule Vérité, pour reconnaître, à l’égal de la leur, les Vérités juive et chrétienne, en comprenant qu’il n’y a pas de salut ou d’évolution créatrice sans la conjugaison d’élévation et d’ouverture.