Avant le script de la partition,
dans la
nuit duquel descend le musicien,
pour, boule de cristal,
à toutes
les lumineuses nuances de la vie le rendre transparent,
il y a, moyen
de cette transparence, celui de la technique instrumentale,
avec sa
logique qui n'engendre la musique que pleinement ressentie.
Elle
s'inscrit ici en un triangle,
une pyramide à sa base, et à son sommet,
le chef de l'artiste.
Y aboutit à partir du sol, et tenant le tube
central près de l'embouchure,
une pince symbole de cette
"pince" de la bouche et des
doigts "tenailles de velours",
constant équilibre de précision
et de souplesse en ces terminaisons ultimes
où le corps, par rapport à
l'outil, se centre et organise,
ne laissant passer l'esprit qu'avec la
totale décontraction
ramenant à un point,
les verticale, horizontale
et diagonales sensations des trois dimensions,
qui rendent la sonorité
colorée, juste, et, plus que ronde : sphérique... un monde !
si bien
que l'on ne sait plus véritablement qui tient l'autre du joueur et du joué
:
Ici, le peintre lui-même et l'un de ses trablas,
dont, afin
d'emplir en son entier l'espace sonore,
s'échappent, par devant et par
les côtés, quatre pavillons,
échos des romantiques créations d'Adolphe
Sax,
témoignant d'un sens dionysiaque
de la prolifération, du
foisonnement...
de la démesure !
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Saxophoniste,
pianiste, clarinettiste, chanteur, trablaïste...
ce n'est pas
pour rien qu'en cette peinture, Yochk'o Seffer choisit
de se
représenter relativement grossièrement de cette dernière
manière,
jouant l'un des artisanaux instruments de sa
fabrication,
aux émissions et à la justesse souvent difficiles et
approximatives.
Improvisateur,
il a pour lui le bénéfice de la
multiplicité des possibles
de cette expression touffue, emmêlée,
jaillissant de la terre, que va élaguer l'interprète.
Tous deux
sont sur la même voie, mais l'un cherche à en être l'alpha et
l'autre l'oméga.
Car le second ne prend au contraire qu'une seule
des possibilités,
pour la mener à son point extrême de
développement,
grâce à la partition (ici absente),
moyen pour
lui de se surpasser,
de se raffiner, en raffinant son jeu,
à
travers la solution de difficultés que seule permet leur répétition.
Voilà pourquoi, en dehors
de la pétillante et rouge ébullition sanguine,
les couleurs dont la musique pare le studio :
bleu-vert, jaune-vert, vert
sont mélangées et impures...
Avec un dessin net et précis, rouge, jaune, bleu,
les trois teintes primaires, origine de toutes
les autres,
n'exprimeraient-elles pas l'idéal de l'interprète
?...
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