Voici tout d'abord quelques explications préliminaires
permettant une meilleure approche du texte de Mehr Licht ! Acte
II (V) : Les prophéties de Nostradamus furent publiées en deux
fois, sous la forme de quatrains regroupés en centuries (suites
de cent quatrains). Pour les sept premières centuries, ce fut à
Lyon, dans une édition datée du 1er Mars 1555. La seconde édition
est de 1558, elle comprend les centuries VII à X, le quatrain nous
intéressant se trouvant en X, 72. Il dit :
"
L'an mil neuf cens nonante neuf sept mois
Du ciel, viendra un grand
Roy d'effrayeur :
Resusciter le grand Roy d'Angolmois,
Avant apres
Mars regner par bon heur. "
Cela
pose une première question par rapport à notre sujet : qui est le "grand Roy d'Angolmois" ressuscité ? Peut-il être le Grand
Monarque descendant de Louis XVI, annoncé par les prophéties, alors que
Louis XVI n'était pas d'Angoumois ? (*) Mais auparavant, il faut savoir
que ces trois dernières centuries sont introduites par une Lettre à
Henry roy de France second, ce qui pose une autre question : Qui est
"Henry roy de France second" ?
La première
idée est de voir en lui Henri II, qui mourut en 1559. Toutefois, le
contenu de la lettre montre que ce n'est pas possible, puisque le
prophète précise qu'il est "perpétuellement esblouy" par ce roi,
alors qu'il lui présente sa face après qu'elle ait été "longtemps
obnubilée" (littéralement : couverte de nuages), et que sa "tant
longue obténébration et obscurité ait été subitement esclaircie et
transportee au devant de la face du souverain oeil", ce qui est
assez dire qu'il voit par avance ce roi, qui arrivera longtemps après sa
mort.
C'est un descendant des rois de France ("tous vos
antiquissimes progeniteurs Rois de France ont guery des
escrouelles"), à qui il s'adresse très exactement ainsi
:
" A L'INVICTISSIME, TRES PUISSANT,
et Tres
Chrestien Henry roy de France second,
Michel Nostradamus son
tres-humble,
et tres-Obeissant serviteur et subject, victoire et
felicité.
"Le prophète se reconnaît donc, à travers les siècles, le
sujet de ce roi, qui est tout d'abord "invictissime", c'est à
dire suprêmement invaincu ou invincible. C'est donc le vainqueur
confirmé par le victoire et felicité qui suit, ce titre de vainqueur
étant très intéressant, car il se retrouve dans l'Apocalypse de
Jean.
"Henry roy de France second" est ensuite "tres puissant
et tres Chrestien", termes que confirmera la suite de cette lettre,
dont le début date du 14 Mars 1557, alors que la fin, au terme de ses
treize pages imprimées, mentionne le 27 Juin 1558.
Ce monarque
est très puissant par la "déité de sa majesté immesurée" le
faisant toucher à l'infini de Dieu, ainsi que par sa "splendeur
Royalle (...) solaire" et "sa plus qu'imperialle Majesté". Il
est le plus puissant de tous les Rois et le premier Monarque de
l'Univers, frappant Nostradamus par son incomparable humanité, qui le
fait lui écrire en ces termes :
" Ô tres humanissime Roy (...) ô
sérénissime Roy (...) ô Roy tres clement (...) à la
singuliere et prudente humanité (...) Votre sérénissime et
prudente Majesté (...) votre humanité à l'égard de tous.
"
L'universalité de son humanité à l'égard de tous se retrouve dans
son caractère tres chrestien, puisque le prophète ne craint pas de
parler de sa
" si grande piété envers les Dieux " (et
non pas envers Dieu !) qu'il est le seul " digne de porter le nom
de Roi très chrestien, à qui doit être déférée l'autorité souveraine
de toute la religion. " (Traduit du latin par Charles
Reynaud-Plense.)
Nostradamus fait donc de ce roi le supérieur de tous les chefs
religieux, pape compris, un supérieur joignant par là-même les pouvoirs
temporel et spirituel que Jésus a refusés. Il y a deux mille ans, le
royaume de Jésus (affichant curieusement dans le V victorieux de ses
bras crucifiés, INRI : Jesu Natus Rex Judaeorum bien proche de
Henri, de Heim Rijk - le logis du roi -), ce royaume n'était pas
de ce monde, celui de Henri sera de ce monde et de l'autre. Pourquoi ?
Serait-ce parce qu'il préfigurera, ici-bas, le royaume à venir du Christ
sur terre, dans la Jérusalem messianique, son christianisme ne le
fermant pas aux autres dieux, et donc, par voie de conséquence, pas non
plus aux autres religions ? Et là, on ne peut que penser au pouvoir
d'annonce de l'entrée symbolique de Jean-Paul II dans la mosquée des
Omeyades.
L'étendue exceptionnelle dans toute l'histoire de
la chrétienté du pouvoir de Henri roy de France second, fait donc que ce
roi a tout pour être le Grand Monarque, descendant de Louis XVI, annoncé
par les prophéties. Il reste à savoir maintenant, en quoi ce souverain
peut être le "grand Roy d'Angolmois" du quatrain X, 72
précité.Louis XVI, duc de Berry, n'était pas roi d'Angoumois. Par contre,
Henri II, Valois-Angoulême, l'était, avec son père, François Ier, et ses
trois fils. Henri II était-il pour autant "grand Roy
d'Angolmois", premier Grand Monarque, en somme ? La réponse est oui
: c'est le Larousse d'Histoire de France, publié sous la direction de
Marcel Reinhardt en 1954 qui le dit, en intitulant la première partie de
son chapître sur la formation de l'Etat moderne (1515-1598) :
"
La Grande Monarchie de France
le Royaume de François Ier et Henri II "
Ainsi
donc, Henri II fut, avec son père François Ier, un grand monarque.
Il mourut dans son corps physique en 1559, mais seulement en 1792
dans son corps royal, le corps de la grande monarchie française
dont il fut l'un des deux fondateurs. Et voilà, précisément, qu'au
cœur de la Lettre à Henry roy de France second est citée,
en clair, la date de l'abolition monarchique :" Mil sept
cens nonante deux que l'on cuidera estre une renovation de siecle.
"A partir de là, l'interprétation faisant de Henri roy de France
second, le roi ressuscitant la grande monarchie
française, et donc ressuscitant le "grand Roy d'Angolmois" Henri II, l'un de ses deux fondateurs, et, qui plus est, le roi
de Nostradamus au moment où il écrivit, est tout à fait cohérente.
Elle établit une relation directe entre la lettre introductrice
et le plus célèbre des quatrains introduits. Ces précisions données,
voici maintenant le texte de Mehr Licht ! Acte II (V) : lire en http://abouhey1.free.fr/interpretation.htm.
(*)La
question de la mort de Louis XVII au Temple est, en effet, loin d'être
règlée, malgré la récente analyse concluant en ce sens, le cœur analysé
n'étant très probablement pas celui de l'enfant du Temple, mais du frère
aîné de Louis XVII, effectivement mort de tuberculose osseuse à huit ans
et demi, en 1789, cf. les livres très documentés sur ce sujet de
Philippe-A. Boiry : On tue encore Louis XVII aux Presses de
Valmy, et Le dossier Louis XVII, une affaire de coeurs aux
Editions François-Xavier Guibert.