Compositeur, pianiste et ethnomusicologue français, d’origine hongroise, né à Budapest, le 22 X 1905, mort à Paris, le 28 XI 1987. Travailla avec B. Bartok. Etabli en France depuis 1933.
« Mes longues recherches m’ont conduit au « mobile » musical non aléatoire, où la juxtaposition des plans et des espaces sonores est déterminée par le compositeur seul : alors la liberté naît, justement, comme toujours de la grande rigueur. J’ai écrit 62 « transparences »… Je n’ai pas le moins du monde la prétention d’avoir en cela fondé un « genre ». J’ai eu l’ambition, simplement, d’avoir créé des objets transparents, ce qui est une approche, tout de même, de la pureté. » (P. ARMA)
« As a composer, he is known chiefly for his experimental work, though he has also published didactic pieces and folksong arrangements. » (V. Lampert)
“A composer of empiric music exploring the ultimate in complexity, he has developed a compromise method evocative folksongs in an advanced rhythmic style.” (BAKER’S)(*) (*) In « Répertoire Universel de Musique pour Saxophone 1844-2003 », Jean-Marie Londeix (Ed. Roncorp).
"On reçoit une œuvre nouvelle suivant les seules modalités de perception que les œuvres antérieures connues ont façonnées (ainsi, autant qu’à leur substance propre, le caractère des musiques atonales tient-il encore au refus de la musique tonale). Grâce à la plasticité sémantique des formes, des œuvres anciennes restent inépuisables mais sont ressenties, quelque soit notre culture historique, d’une manière inévitablement anachronique, à travers l’évolution qui nous en sépare. De même les emprunts européens à des musiques exotiques (rythmes africains, modes asiatiques…) perdent leur fonction originelle (tels les chants grégoriens issus de danses lascives d’Asie Mineure).
"Paul Arma propose ses « Deux convergences » comme le premier essai d’une véritable « coopération » musicale, en ce qu’elles ne visent pas à nourrir une ethnie avec une autre, mais à faire confluer les traditions respectives de l’Europe et du Sénégal. Elles sont réalisées pour saxophone alto et bande magnétique.
"La bande de la première pièce magnifie l’ampleur des sons graves du piano dans une annonce inexorable et confère à une partie de saxophone alto, en l’abaissant d’une octave, une couleur et une souplesse auxquelles un saxophone baryton n’aurait pu atteindre. Dans le duo du saxophone enregistré et du saxophone vivant plus fébrile, les instruments équivalent à des voix africaines. Celles-ci cependant se superposent, sans balises ni subordination des mouvements de l’un aux tenues de l’autre, en un contrepoint d’une densité insolite.
"La deuxième pièce a enregistré une percussion variée, obsédante et un balafong non tempéré, au diatonisme marqué de l’influence de l’Islam, encore que les formules animées, fluctuantes et inlassables de son jeu laissent dominer un sentiment pentatonique quasi universel, où vient s’adoucir le tour d’adresse du saxophone qui s’y engrène.
"Finalement, en ne cessant de revenir sur le dessin immobile du lit déjà creusé, ces flux sonores rappellent Héraclite : la loi du devenir est la conciliation des différences, loi stable, si bien que « changer, c’est être encore le même ».
Les griots sénégalais de tradition orale pouvant très bien jouer une autre partie sur leur propre musique enregistrée, et l’interprète de tradition écrite que je suis, pouvant très bien jouer une partition écrite sur le même enregistrement que les griots, la recherche scriptorale chercha tout d’abord à unir musiciens de traditions orale et écrite avec un enregistrement conducteur. C’est pourquoi, en accord avec le compositeur Paul Arma, une version des Deux Convergences fut donnée en 1976, à l’hôtel Téranga de Dakar, avec Mamadou Kouyaté à la cora, Bala Doumbouya, au balafong, et Doudou N’Diaye Rose au tam-tam, jouant sur l’œuvre de Paul Arma, ainsi que moi-même, au saxophone alto, Paul Arma étant resté en France.
Ce dernier trouva que cette intégration musicale de la tradition orale dans son œuvre, la déséquilibrait. Il me paraît toutefois très intéressant de voir comment les griots sénégalais ont ressenti ces Deux Convergences. On peut également penser que si cette version avait pu être montée en présence du compositeur, elle aurait pu être équilibrée d’une manière qui lui convenait.
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