Il existe du Concerto KV
314 de Mozart, deux versions, l'une, en ut, est pour hautbois, l'autre,
en ré, est pour flûte , et présente des variantes
de détail, presque toutes dans la partie soliste. Les manuscrits
originaux des deux concerti ont disparu, les copies des parties séparées
pour hautbois n'ayant été retrouvées qu'en 1920
par Bernhard Paumgartner, qui réalisa la première publication
de l'oeuvre (éd. Boosey and Hawkes). Ceci pose deux questions
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A Salzbourg, entre le 1er
Avril et le 22 Septembre 1777, Mozart compose un concerto de hautbois
pour Giuseppe Ferlendis, hautboïste à l'orchestre du prince-archevêque
Colloredo.
A Mannheim (après
son départ de Salzbourg, le 23 Septembre 1777), Mozart rencontre
le hautboïste Friedrich Ramm. Il offre à ce musicien,
qui l'aura joué cinq fois le 14 Février 1778, son concerto
pour hautbois : "(Ramm),
écrit-il à son père le 4 Novembre 1777, joue
fort bien et a un son très pur (...) Cet homme est fou de joie
(de cette offre)".
A Mannheim, également,
le compositeur rencontre Ferdinand Dejean, riche hollandais, qui lui
commande "trois petits concerti faciles et une paire de quatuors
avec flûte" (lettre du 10 Décembre 1777). Le 14
février 1778, Mozart, qui, écrit-il, "répugne
à écrire pour un instrument (la flûte) qu'il ne
peut pas souffrir", n'a terminé que trois quatuors et
deux concerti, le concerto en sol Kv. 313, et un autre, sans doute
la transcription en ré du concerto pour hautbois en ut, que,
note Bernhard Paumgartner, Dejean refusera comme n'étant pas
une oeuvre nouvelle. Le Hollandais ne paiera que 96 des 200 florins
promis (1 florin = environ 95 francs de 1990, cf. "Mozart, Correspondance",
Ed. Flammarion).
A Vienne, le 15 Février
1783. Mozart demande à son père la partition originale
du concerto pour hautbois, dont il veut copier les parties pour le
hautboïste Anton Meyer. Il reçoit le manuscrit le 29 Mars,
fait copier à Vienne les parties séparées, après
quoi toute trace est perdue de l'original.
A Salzbourg, en 1920, Bernhard
Paumgartner retrouve au Mozarteum, dans les partitions laissées
par le fils de Mozart, des parties séparées d'un concerto
pour hautbois, qui selon lui ont été copiées
à Vienne au XVIIIème siècle.
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La correspondance de Mozart et plusieurs éléments de
la composition prouvent que le concerto en ut pour hautbois est bien
l'original du concerto en ré pour flûte. Toutefois, le
texte des copies présente selon Franz Giegling (éd.
Bärenreiter) de nombreuses fautes et inconséquences dans
les articulations, et des signes dynamiques contraires au style du
compositeur, ce qui laisse à penser que le texte original a
été remanié par des mains étrangères.
Certaines variantes flûtistiques sont même plus mozartiennes
que l'original hautboïstique, pour des hautboïstes comme
Sarah Francis, qui les adopte (CD Hypérion A 66411). C'est
pourquoi nous donnons ici, en ut, la quasi totalité des variantes
flûtistiques à l'exception de celles, signalées,
qui nécessitent une modification de l'accompagnement. Les interprètes
ont donc le choix.
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