Le vibrato naturel aéro-glottal de colonne d'air est donc
un vibrato d'intensité (cf. "Le
Vibrato naturel aux instruments à vent", il s'oppose
au vibrato de hauteur réalisé avec la mâchoire
sur les saxophone : le son est plus bas quand la mâchoire
desserre le bec, plus haut quand elle le serre. Ce mouvement de
serrage - desserrage du bec est une adaptation du mouvement avant
- arrière des doigts sur les cordes des instruments de la
famille du violon. Cette adaptation fut réalisée par
Marcel Mule, qui joua également du violon.
Père de l'école française de saxophone, il
n'utilisa d'abord son vibrato de hauteur que dans la musique de
variété. C'est Maurice Ravel, qui lui demanda de vibrer
dans le solo de saxophone de son Boléro, lors de sa création,
Marcel Mule ne le fit d'abord que timidement, Mais Ravel insista
pour qu'il vibre comme dans la variété.
Le saxophoniste avait fixé une vitesse idéale des
ondulations : quatre par temps à 72 à la noire, soient
trois à 96. Son successeur au CNSM, Daniel Deffayet, également
violoniste professionnel, accélèrera cette vitesse,
lui donnant plus de souplesse, car la conception de Marcel Mule
était particulièrement mécanique et rigide,
une rigidité qui se remarque dans son adaptation pour saxophone
des études pour hautbois de Franz-Wilhelm Ferling (1796-1874).
Dans la version originale de ces études, il n'y avait pas
d'indications de mouvements métronomiques. Ces indications
apparaissent dans les éditions pour hautbois de L. Bleuzet
(Editions Costallat, 1926), et la version des Editions Billaudot.
On s'y aperçoit que, dans les études lentes, les hautboïstes
explorent de nombreus tempi (tous les mouvements situés entre
69 et 92, dans la version Billaudot, par exemple), alors que Marcel
Mule ramène inéluctablement les 24 études lentes
au tempo de 72 (pour 20 d'entre elles) ou de 96 (pour 2), une est
à 144, ce qui est deux fois 72. Une exception : l'étude
21, Maestoso, est à 108 à la noire comme dans la version
Bleuzet, ce qui est un tempo d'étude rapide, alors que cela
devrait une étude lente, puisque Ferling alterne lentes et
rapides. La version Billaudot, garde la logique du compositeur,
en lui donnant un tempo de 108 aussi, mais à la croche.