SOMMAIRE MUSIQUE LETTRES OUVERTES
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LETTRE OUVERTE A SA SAINTETE
PAPE FRAN
çOIS

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Objet : Résurrection de Jésus-Christ : réalité et symbole

I.- CREATION (*) HUMAINE

II.- ECRITURE SERVANTE OU MAITRESSE
ET REPENTIR

III.- CREATION (*) DIVINE

IV.- RESURRECTION

V.- CONCLUSION

(*) Sur le plan humain, le terme de création s'applique à la production d'oeuvres, qui organisent des éléments préexistants donnés par l'inspiration et la tradition.
Sur le plan divin, il peut avoir ce sens, appliqué à Brahma, par exemple, qui veille à la bonne mise en place des éléments préexistants de l'univers à chaque changement d'ère
. Sinon, il signifie la création, à partir de rien.

(Résolution optimale : 1920 x 1080, photo d'arrière- plan:
le Christ de la mosquée-cathédrale de Cordoue en Espagne)






I.- CREATION HUMAINE






Dimanche de Pentecôte, 8 juin 2014,


Très Saint-Père,

Musicien-vidéaste, écrivain à mes heures, repensant à votre homélie du jour de Pâques, où vous disiez :

"Jésus, le Crucifié, est ressuscité ! Cet événement est à la base de notre foi et de notre espérance : si le Christ n’était pas ressuscité, le Christianisme perdrait sa valeur ; toute la mission de l’Église serait vidée de son élan."

à la lumière de votre homélie du 10.04.2014 sur la pensée unique :

"La pensée unique, disiez-vous, tue la liberté des peuples, la liberté des gens, la liberté des consciences"

je me permets de vous adresser cette lettre ouverte, pour vous exposer le point de vue, que je nomme « scriptoral » ("Scriptoral" signifia, tout d'abord la simple relation entre l'oral et l'écrit, puis, rapidement, il exprima la relation entre le "Script" (entendu comme toute forme ou formulation de 1'"oral" qu'il fixe) et "l'Oral" (entendu comme énergie-lumière originelle de l'inspiration, telle que tout mot formulé oralement est déjà un "script" qui lui donne forme).

Avec ce point de vue "scriptoral" donc, fruit de la liberté pleine et entière de ma conscience, je me sens totalement chrétien, sans être sûr de la réalité de la Résurrection de Jésus-Christ, mais en étant absolument certain de sa valeur symbolique, car elle est vécue, plus ou moins profondément, quotidiennement, sur la planète, par la totalité de l’humanité de tradition écrite, qu’elle soit croyante, en quelque religion que ce soit, athée ou agnostique. C’est pourquoi, je crois que laisser une place à un christianisme fondé sur la Résurrection au moins symbolique de Jésus, le Crucifié, loin de lui faire perdre sa valeur, lui donnerait, au contraire, tout son sens et l’« universaliserait ».

De quoi s’agit-il ?

Le point de vue « scriptoral » s’intéresse, à partir de la tradition orale, à la relation des trois formes d’esprit de composition, d'interprétation et d'improvisation radicale, une relation qui s'effectue en quatre temps s’opposant deux à deux :

composition-interprétation / destruction-transformation respectueuse,

qui font passer du pouvoir pyramidal dominateur fermé de la pensée unique, à un pouvoir pyramidal inversé, où je trouve la forme de la Jérusalem céleste, épanouissement du cube de la Jérusalem terrestre, de la façon suivante :

- la tradition orale,
se situe avant l'écriture,
elle en est le degré 0 :

- la composition,
qui crée, au moyen de l'écriture et du "script"
en filtrant le premier jet de l'inspiration
et en organisant les éléments qu'elle apporte,
avec dépassement des incohérences et des contradictions :



La composition fonctionne en élévation,
première direction de la Croix.
Elle est conservatrice évolutionnaire.

- l'interprétation,
qui fait revivre, qui ressuscite, ce que l'écriture a fixé :


L'interprétation fonctionne aussi en élévation,
première direction de la Croix.

Elle est conservatrice évolutionnaire.

- l'improvisation :
elle peut, soit aller dans le sens de l'écriture (on peut improviser du Mozart),
soit aller à contresens, et être destructrice-transformatrice respectueuse, c'est alors qu'elle est le plus novatrice
(cette destruction est respectueuse, car intérieure. Elle ne détruit qu'une copie, l'idée qu'on se fait du thème de départ, soi-même à la limite,
thème qui ne disparaît aucunement, et qui peut au contraire être mis en valeur, dépoussiéré, vu d'un regard neuf, en étant confronté à sa transformation.)

- destruction :
l'improvisateur destructeur
se nourrit, contre, déchire, déchiquète son thème de départ,
passe par un trou noir et descend au centre de la lumière, à la source de sa création :

- transformation :
l'improvisateur transformateur
se projette dans une autre direction,
où son carnage devient beau :

L'improvisation fonctionne en ouverture,
seconde direction de la Croix,
à travers la descente-remontée de destruction-transformation (toujours respectueuse).

Elle est progressiste révolutionnaire.

Je vis dans ces quatre premiers temps, un cycle créateur, que j'assimilai aux quatre saisons de l'année :
tradition orale - composition-interprétation / destruction-transformation respectueuse
correspondant à
printemps 0 - été-automne / hiver-printemps

A partir de là, je me contentai de répéter quatre fois ce cycle créateur, ce qui me donna :



le quatrième cycle y était incomplet,
il lui manquait la place de la quatrième transformation,
occupée par le temps 0 (0 de l'écriture) de la tradition orale.
Il restait une seule place équilibrant l'ensemble :
celle qui situait ce seizième temps en pyramide chutante, à l'endroit, tout en inversant le mouvement général.
Et je remarquai que, curieusement, le pivot de notre histoire était la chute de la tête d'un pouvoir pyramidal au nombre XVI :


Cette projection, en opposition totale, d’une pyramide à l’endroit parfaitement centrée,
va permettre de faire apparaître SCRIPTORAL,
pyramide inversée de synthèse
s’ouvrant en s’élevant et
s'élevant en s'ouvrant
 :

1, V, 9, 4, 8, 3, 7, 2, 6 est l'ordre initié par les pyramides de la composition,
et aboutissant à Scriptoral : I, V, IX, XIII, XVII
(13 = 4 par 1 + 3 et 17 : 8 par 1 + 7)


 




II.- ECRITURE SERVANTE OU MAITRESSE
ET REPENTIR



Petite précision, avant d'aller plus loin, sur le double rôle de l'écriture et du "script" :

  • l'écriture et le "script" peuvent servir à fixer l'oralité ou l'improvisation, notamment quand cette dernière est enregistrée. Dans ce cas, elle est servante, et n'apporte rien de nouveau.
  • l'écriture et le "script" peuvent servir à composer, comparer les propositions, filtrer les incohérences, tendre vers une perfection. Dans ce cas, ils emmènent celui qui l'utilise, là où il ne savait pas qu'il irait, l'élèvent, lui permettent de dépasser ses contradictions, ses limites, c'est-à-dire les limites que lui imposent ses contradictions. Ce sont alors de précieux assistants, grâce à la possibilité qu'ils offrent de "repentir", ainsi que le dit le saxophoniste Jean-Marie Londeix :
"L’avantage essentiel que je vois dans l’écriture, c’est la possibilité offerte au compositeur du « repentir », au sens où l’entendent les peintres, en tant que choix raisonné réversible au moment où l’œuvre se conçoit… « repentir » qui échappe à l’improvisateur." (Jean-Marie Londeix, Trilogue, mail à moi-même du 21.10.2011.)

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III.- CREATION DIVINE

 


Etant donc arrivé à la pyramide inversée scriptorale, à partir du cycle créateur artistique humain de

composition-interprétation / destruction-transformation,

j'eus la surprise de découvrir que, sur le plan divin, la Trimurti hindoue était composée de

Brahma
le Créateur
-
-
Vishnou
le Parfait Interprète
/
/
Shiva
le Destructeur-Transformateur
.

Voyant cette correspondance étonnante entre les trois formes d'esprit de la création artistique humaine et la Trimurti ("triple forme") de l'hindouisme, ma première idée fut de regarder, si, non pas la Trinité chrétienne, mais, bel et bien, notre triple monothéisme :

Judaïsme - Christianisme / Islam

ne correspondait pas, à la fois, au cycle créateur humain :

Composition - Interprétation / Improvisation

dans sa forme absolue :

Composition - Interprétation / Destruction - Transformation
(la destruction - transformation devant toujours être entendue comme respectueuse de l'original)

la forme relative étant :

Composition - Interprétation / Transformation
(sans destruction, car allant dans le sens de l'écriture, improviser, par exemple, du Mozart)

et à la Trimurti hindoue :

Brahma - Vishnou / Shiva.

JE DECOUVRIS ALORS QUE :

DANS LE JUDAÏSME,
la Bible est un livre composé, qui met en question, filtre le verbe, l’oralité, des prophètes, comme le compositeur organise le premier jet de son inspiration.

DANS LE CHRISTIANISME,
Jésus, qui n'est pas venu "abolir la Loi, mais l'accomplir", s'inscrit dans la continuité du judaïsme, comme l'interprète dans celle du compositeur qu'il joue. On a appelé Vishnou "le Parfait Interprète". N'est-ce pas exactement ce qu'est Jésus, sous la plume de Luc ?

"Esprits sans intelligence, lents à croire tout ce qu'ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? Et commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait." (...)
"Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous : il faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Ecritures, et il leur dit : "Ainsi était-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait des morts le troisième jour, et qu'en son Nom, le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem."
(Evangile de Luc, 24; 25-27 ; 44-47, Bible de Jérusalem, Ed. du Cerf.)

DANS L'ISLAM,
Muhammad se définit, lui-même, comme le dernier prophète, or les prophètes sont au Verbe divin, ce que les improvisateurs sont à la musique et au verbe humains. Ce qu'ils expriment, qui jaillit de leur bouche n'est pas retouchable, pour eux :

"Les musulmans disent que le Coran est "descendu" (sous-entendu : du ciel), que Mohamed n'en est pas l'auteur mais qu'il est seulement le transmetteur de la parole d'Allah. De ce fait, ils considèrent que ce Livre est intouchable." (Coran, V, 72, Éditions Flammarion)

La forme d'esprit de l'improvisateur destructeur-transformateur respectueux est comme l'image, l'écho, de celle d'Allah transmise par Muhammad. Ainsi, Allah demande le respect des Livres juif et chrétien :

"Dis aux hommes des Écritures : "Vous ne vous appuierez sur rien de solide tant que vous n'observerez pas le Pentateuque, l'Évangile et ce que Dieu a fait descendre d'en haut. Le Livre que tu as reçu du ciel, ô Muhammad !" (Coran, V, 72, Éditions Flammarion)

ou encore :

"Dites : Nous croyons en Dieu et à ce qui a été envoyé d'en haut à nous, à Abraham et à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux douze tribus, aux livres qui ont été donnés à Moïse et à Jésus, aux livres accordés aux prophètes par le Seigneur, nous ne mettons point de différence entre eux et nous sommes résignés à la volonté de Dieu." (Coran, II, 130, Éditions Flammarion)

tout en en détruisant et transformant l'essentiel, que sont les deux Pâques :

  • pour le Coran, Moïse n'a pas amené les hébreux en Terre Promise, il les a renvoyés en Egypte :
« Lorsque vous avez dit : "O Moïse ! nous ne pouvons supporter une seule et même nourriture ; prie ton Seigneur qu'il fasse pousser pour nous ces produits de la terre, des légumes, des concombres, des lentilles, de l'ail et des oignons; " Moïse vous répondit : "Voulez-vous échanger ce qui est bon contre ce qui est mauvais ? Eh bien rentrez en Égypte, vous y trouverez ce que vous demandez." Et l'avilissement et la pauvreté s'étendirent sur eux, et ils s'attirèrent la colère de Dieu, parce qu'ils ne croyaient pas à ses signes et tuaient injustement leurs prophètes. Voilà quelle fut la rétribution de leur révolte et de leurs méchancetés. » (Coran, II, 58, Éditions Flammarion)
  • Quant à Jésus, toujours pour le Coran, il n'a pas pu ressusciter, pour la bonne raison qu'il n'a jamais été crucifié :
« Ils disent : "Nous avons mis à mort le Messie, Jésus fils de Marie, l'apôtre de Dieu." Non, ils ne l'ont point tué, ils ne l'ont point crucifié, un autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué, et ceux qui disputaient à son sujet ont été eux-mêmes dans le doute (...) » (Coran, IV, 156, Éditions Flammarion).

De même que l'improvisateur refuse tout "repentir" par rapport à son improvisation, comme une atteinte à son "feeling", le Coran refuse la filtration biblique de la parole prophétique :

« Nous avons accepté le pacte des enfants d'Israël et leur avons envoyé des prophètes ; toutes les fois que les prophètes leur annonçaient les vérités que rejetaient leurs penchants, ils accusaient les uns d'imposture et assassinaient les autres. » (Coran, V, 74, Éditions Flammarion)

L'aspect moral de ce terme de "repentir" montre bien, que pour la forme d'esprit biblique et évangélique de composition-interprétation, le verbe prophétique et l'improvisation sont pleins de fautes, ce qui signifie, pour prophètes et improvisateurs : pleins de vérité et de vie. C'est sur ce plan, à mon sens, qu'Allah s'oppose, complémentairement (comme nous le verrons) à YHWH et au Dieu trinitaire. Autre temps, autre forme d'esprit dominante, voilà qui pourrait bien expliquer que, si, chez les juifs, les prophètes finissaient souvent mal, Muhammad, chez les arabes, ait fini au mieux. (Notre époque, d'ailleurs, est friande d'improvisation, et, comme par hasard, l'Islam y progresse.)

Mohammed Arkoun confirme, dans sa préface du Coran publié par Flammarion, que ce sont la spontanéité et le premier jet qui priment dans ce Livre :

« Le langage coranique (...) est spontané : c'est un jaillissement continu de certitudes qui ne s'appuient pas sur une démonstration, mais sur une profonde adéquation aux éléments permanents de la sensibilité humaine. » (Mohammed Arkoun, Coran, 4ème trimestre 1970, Éditions Flammarion)

Liée à cette spontanéité, il y a, tout naturellement, la volonté de ne se servir de l’écriture que comme d’un moyen de fixation asservi aux exigences de l’improvisateur, de lui dénier cette capacité qu’elle a de propulser les compositeurs - interprètes vers le haut, de les faire dépasser leurs limites :

« O vous qui avez reçu les Ecritures, ne dépassez pas les limites dans votre religion, ne dites de Dieu que ce qui est vrai. Le Messie, Jésus fils de Marie, est l'apôtre de Dieu et son Verbe qu'il jeta en Marie : il est un esprit venant de Dieu. Croyez donc en Dieu et en ses apôtres, et ne dites point : il y a Trinité. Cessez de le faire. Ceci vous sera plus avantageux. Car Dieu est unique. Loin de sa gloire qu'il ait eu un fils. A lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Son patronage suffit, il n'a pas besoin d'un agent. » (Coran, IV, 169, Éditions Flammarion)

Remarquons que, dans cette traduction, Jésus est le Verbe de Dieu qu'Il "jeta" en Marie, et non un "souffle" qu'il "introduisit", traduction adoptée par Frédéric Lenoir, dans son livre "Dieu", publié aux Editions Robert Laffont, p. 150. Quelle est la bonne traduction ? Il est sûr que "jeta" correspond beaucoup plus à la forme d'esprit destructrice - transformatrice de l'improvisateur instinctif.

L’improvisation destructrice - transformatrice fonctionne en ouverture du champ des contradictions, la composition – interprétation en élévation par résolution de ces contradictions, et il est très intéressant de voir que Mohammed Arkoun tend à cacher sa tête dans le sable, par rapport à tout ce champ contradictoire ouvert par le Coran, cette mémoire détruite et transformée :

« On voit par cette version sur le retour des Israélites en Egypte que Muhammad refait à son gré l'histoire du Peuple de Dieu. Nous nous dispenserons, à l'avenir, de relever les discordances du Coran avec les livres de l'Ecriture. » (Mohammed Arkoun, Coran, p.45, 4ème trimestre 1970, Éditions Flammarion).

Mohammed Arkoun ne se révèle-t-il pas là comme un adepte du "repentir" compositionnel, quand il vaudrait mieux, relever toutes les contradictions du Coran, les mettre en lumière, comme autant de preuves de leur nécessité, dans l'évolution créatrice ? l'Economie du Salut ?... pour aboutir à la pyramide inversée - Jérusalem Céleste ?

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IV.- RESURRECTION

 

Nous voici à l'évènement fondateur du christianisme : la Résurrection de Jésus, le Crucifié, dont, Très Saint Père, vous dites :

"Jésus, le Crucifié, est ressuscité ! Cet événement est à la base de notre foi et de notre espérance : si le Christ n’était pas ressuscité, le Christianisme perdrait sa valeur ; toute la mission de l’Église serait vidée de son élan."

C'est ce dont, Très Saint-Père, je me permets de douter, car je crois que laisser une place à un christianisme fondé sur la Résurrection au moins symbolique de Jésus, le Crucifié, loin de lui faire perdre sa valeur, lui donnerait, au contraire, tout son sens et l’« universaliserait ». En effet, être chrétien, c’est croire d’abord que le Christ est le Verbe de Dieu incarné ressuscité dans un corps glorieux, après avoir été fixé sur la croix. Eh bien ! je me reconnais chrétien, tout en doutant de la vérité de cette résurrection comme réalité, sans en douter comme symbole. Pourquoi ? parce que je suis, d’abord, interprète, et qu'à ce titre, je vois, à longueur de temps, le verbe ou la musique de l’homme, après parfois plusieurs millénaires, ressusciter, se réveiller, de l’écriture dans un corps glorieux (quand les interprètes sont au sommet de leur art) au théâtre, au concert, dans nos têtes…

A partir de là, on peut voir un lien à double sens entre Dieu et l’homme : d’un côté, comme le dit le christianisme, l’homme est à l’image de Dieu, de l’autre, Dieu est notre Image-Source, où nous nous reconnaissons, et la crucifixion est la forme de fixation, d’écriture, adaptée au phénomène symbolique de l’incarnation. En d’autres termes : si notre verbe s’incarnait, on serait obligé de le fixer avec des clous, sur du bois, au lieu de le fixer avec de l’encre sur du papier, et il ressusciterait dans un corps glorieux, comme le Christ.

A partir de là encore, en même temps que s’équilibre la relation homme – Dieu, s’équilibre, aussi, la relation athée – croyant, puisque tous deux croient en la même réalité (le verbe fixé revit glorieusement), avec une différence de degré (Jésus a réalisé cela dans sa chair pour le croyant, ou la résurrection de Jésus est le symbole de cette réalité courante du verbe ou de la musique fixé par l’écriture, pour l’athée - et, éventuellement, le croyant non dogmatique -).

J'eus la surprise, un certain temps après en être arrivé là, de découvrir dans L'Evangile de Vérité, issu de la gnose valentinienne du IIème siècle, et appartenant aux évangiles apaocryphes, une conception très proche de la mienne :

« C'est pourquoi est apparu Jésus, il a revêtu ce Livre-là. Il fut cloué à un bois ; il inscrivit la disposition du Père sur la Croix. O le grand enseignement ! Jusqu'à la mort il s'est humilié, et la vie éternelle le revêt. Après s'être dépouillé des haillons périssables, il se revêtit de l'Incorruptibilité, ce que personne ne peut lui enlever... » (Evangile de Vérité, p. 172, Les Evangiles Apocryphes, Editions Retz, 1983),

Elle fut très sévèrement critiquée par Irénée, vers 180. Par contre, voici ce qu'en dit Pierre Crépon, qui présente le texte :

« Il est vrai qu'un écrit de cette sorte n'a que peu de choses à voir avec la littérature chrétienne habituelle. Il est cependant intéressant à connaître pour son aspect documentaire et pour son contenu qui, maigré un vocabulaire difficile, ne manque pas de grandeur.» (Pierre Crépon, Evangile de Vérité, p. 169, Les Evangiles Apocryphes, Editions Retz, 1983),

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V.- CONCLUSION

 

 

En chacun de nous, Très Saint-Père, sont présentes les trois formes d'esprit de composition, d'interprétation et d'improvisation radicale, qui se trouvent dans les trois religions monothéistes, mais cela, de façons très inégales, en ce qui concerne nos individualités, où l'une d'entre elles prédomine au détriment des deux autres et c'est l'origine de très violentes oppositions qu'il faut apprendre à dépasser. Pour ce faire, l'exemple doit venir d'en haut, c'est à dire des trois monothéismes, dont chacune des spiritualités doit apprendre à aimer les deux autres à l'instar d'elle-même, à s'équilibrer avec elles en toute égalité, pour conjuguer élévation et ouverture, les deux directions données par les poutres de la Croix.

Je crois, que, si nos trois monothéismes parviennent à trouver cet équilibre évolutif, à l'enseigner à l'humanité, alors cette dernière s'appréciera dans ses contraires et trouvera son propre équilibre.

C'est pourquoi, il me parait nécessaire, pour chacune de ces trois spiritualités (ou formes d'esprit), de voir si elle peut concilier ce qu'elle croit avec ce que croient les deux autres, pour trouver un terrain d'entente, qui ne lui fasse ni "perdre sa valeur", ni "se vider de son élan". Or, si judaïsme et islam n'accepteront jamais de croire en la réalité de la Résurrection du Christ, ils peuvent très bien comprendre, que Jésus, présenté comme le Verbe incarné de Dieu ressuscité de sa fixation sur la Croix, soit, au moins, le symbole de la résurrection de la parole humaine, fixée par l'écriture sur un support, ce qui n'empêche pas le croyant chrétien de croire au plus, s'il le ressent : c'est-à-dire, de croire que cette Résurrection est réelle, parce que, non seulement symboliquement, mais aussi réellement, Jésus est le Verbe incarné de Dieu. Alors, le christianisme, entre Composition et Destruction-Transformation respectueuse, est la religion de l'Interprétation, dont le Dieu trinitaire annonce la Trinité monothéiste.






Ainsi donc, Très Saint-Père, à côté de la pensée unique, qui, comme la grenouille de la fable, cherche vainement à se faire aussi grosse que le boeuf et à s'imposer, d'en haut, à une humanité de moutons de Panurge, à côté de cette pensée unique-là, je vous en donne une autre, qui n'est que le fait d'un seul, et qui cherche, d'en bas, à proposer sa toute petite voix à une humanité à l'esprit ouvert, parce qu'elle croit que cette toute petite voix n'est pas tout à fait nulle. C'est pourquoi elle s'adresse à vous, Très Saint-Père, en vous priant de croire, en l'assurance de sa plus respectueuse considération.

Alain BOUHEY

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